Petite dissertation politique sur l’interdiction de la vente de poissons rouges<!-- --> | Atlantico.fr
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Des associations s'insurgent contre la vente de poisson-rouges dans les fêtes foraines.
Des associations s'insurgent contre la vente de poisson-rouges dans les fêtes foraines.
©Reuters

À vos pinceaux !

Des associations s'insurgent contre la vente de poisson-rouges dans les fêtes foraines. Pour l’instant, ça ne concerne que le milieu aquatique. Mais plus tard, qui sait…

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Qui d’entre vous n’a pas amené un de ses gamins dans une fête foraine ? Qui d’entre vous n’a pas vu son visage s’illuminer quand, après avoir pêché quelques petits canards en plastique, il recevait en récompense un poisson rouge ? Eh bien, c’est fini ! Interdit ! Des associations de défense des animaux ont obtenu que cette pratique soit prohibée, car "cruelle".

Il se murmurait en effet que des parents, en nombre croissant, manifestaient de la façon la plus barbare leur allergie grandissante à la couleur rouge. On a rapporté des cas où des poissons rouges ont fini dans la gamelle du chat. D’autres auraient été jetés, encore frétillants, dans la poubelle. Et quelques-uns – horreur ! – auraient été mis à sécher dans le micro-ondes. Et – comble de l’abomination – ces poissons ainsi torturés ont été baptisés par ceux qui n’aiment pas le rouge Hollande, Cambadélis, Mélenchon.

On comprend dès lors qu’il fallait impérativement mettre fin à cette barbarie. D’un autre côté, il convient également de prendre en compte le désespoir des enfants, qui se verront offrir à la place des petits poissons on ne sait quelle sucrerie dégueulasse. Mais il y a une parade possible à cet éventuel cataclysme psychologique. Peindre les poissons rouges en bleu ou en bleu marine (selon les goûts de certains) !!

D’une part, cela créerait des emplois qualifiés, car il faudra pour cela une main-d’œuvre abondante sachant manier de bons petits pinceaux. D’autre part, sur le plan esthétique, ce serait une révolution semblable à celle des impressionistes en peinture. Du jamais-vu, les reflets bleus d’un petit poisson dans l’eau ! Mais l’avancée la plus importante se situe sur le plan de la préservation de la vie animale.

En effet, depuis deux ans, les amoureux du bleu et du bleu marine occupent une place prépondérante dans la population française. Une garantie qu’ils ne feront aucun mal aux petits poissons ainsi repeints. Resteront quelques irréductibles attachés au rouge et qui n’hésiteront certainement pas à faire souffrir les petites bestioles bleues. Qu’ils baptiseront Sarkozy, Juppé, Fillon. Mais si la mort de quelques milliers de poissons permet d’en sauver des millions, aucune hésitation n’est possible.

Quittons maintenant le domaine de l’ichtyologie pour passer à celui de l’Histoire. Dans les années 40, le bleu faillit connaître un succès phénoménal. Un raciologue savant et distingué – Vacher de Lapouge ou Alphonse de Châteaubriant – proposa qu’on peigne les Juifs en bleu (et ce n’était pas, contrairement à ce qui est suggéré pour les poissons, dans le but de leur faire du bien). Ledit raciologue s’était en effet avisé que beaucoup de Juifs ne portaient pas l’étoile jaune, que d’autres la dissimulaient, sans parler des Schwarzenberg qui se faisaient appeler Rochenoire. Comment les reconnaître ? Et comment se protéger d’un éventuel contact avec la race maudite ? Le bleu, le bleu !

Ce projet néanmoins ne fut pas retenu. Peut-être à cause des restrictions, qui concernaient aussi la peinture, dues à l’Occupation. Vous pensez que cette histoire n’a rien à voir avec les poissons bleus ? Vous pensez juste. Mais pourquoi se priverait-on d’une occasion de dénoncer la connerie humaine ?

A lire du même auteur : Le gauchisme, maladie sénile du communisme, Benoît Rayski, (Atlantico éditions), 2013. Vous pouvez acheter ce livre sur Atlantico Editions.

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