UMP : passé le sauvetage-réflexe du parti, la tentation de l’explosion revient<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
L'ump risque d'exploser.
L'ump risque d'exploser.
©Flickr / Mark and Allegra

Et boom !

Dans les conversations avec différents gradés de l'UMP, la volonté farouche de sauver le parti se fissure et on envisage un passage par la case "éclatement" qui pourrait s'avérer lourd de conséquences.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

Voir la bio »

"Il faut sauver l'UMP"! "L'UMP est en danger; elle peut mourir "! Quand on interroge les responsables du parti de droite, de François Fillon à Jean-Pierre Raffarin, d'Alain Juppé à Luc Chatel, la mine contrite, ils clament leur effroi de voir le parti éclater et revendiquent leur attachement indéfectible à l'unité de la formation politique issue de la fusion du RPR, de Démocratie Libérale et d'une partie de l'UDF.

Dans une tribune publiée ce jeudi, le député des Yvelines Henri Guaino enfonce le clou : "la situation que nous vivons à l'UMP ne doit pas être l'occasion d'une désastreuse séquence de règlements de comptes. Tous ceux qui voudraient en profiter pour se revancher, travailler à leur petite ambition personnelle ou vider leur rancœur et leur haine nous entraîneraient dans un gouffre... nous ( c'est-à dire lui-même et ses co-auteurs Rachida Dati, Laurent Wauquiez et Guillaume Peltier ) sommes décidés à nous opposer à cela". Fermez le ban !

En fait, cette volonté d'unité est revendiquée avec d'autant plus de force qu'il s'agirait le cas échéant de faire porter aux autres la responsabilité d'un éclatement. Car dans les conversations avec différents "gradés" de l'UMP, le discours se fait moins catégorique : cette volonté farouche de sauver le parti se fissure et on envisage mezzo voce un passage par la case "éclatement" qui pourrait s'avérer lourd de conséquences mais peut-être aussi salvateur. C'est pourquoi la "lutte" pour la survie de l'UMP est devenue formidable partie de poker menteur.

Ceux qui tablent sans le dire sur la fin de l'UMP pensent qu'un éclatement assainirait la situation du parti plombé par le scandale Bygmalion. Parmi eux, on trouve tout d'abord une partie des députés, de plus en plus mal à l'aise, car le scandale qui touchait jusqu'à présent le parti en tant que tel atteint maintenant le groupe parlementaire et ternit la réputation des élus, surtout depuis les dernières révélations sur la "générosité" de la direction du groupe envers cette société de communication pompe à fric. La plupart ignorait tout, et ceux-là se demandent avec inquiétude s'il faut s'attendre à de nouvelles révélations, car depuis quelques semaines Bygmalion est devenu une pelote qui n'en finit pas de se dérouler. Et si l'on en croit les rumeurs qui circulent, la liste des scandales pourrait encore s'allonger.

La perspective d'un retour de Nicolas Sarkozy risque également de pousser un certain nombre d'élus qui ne veulent pas en entendre parler à prendre leurs distances. Et ils lancent tout à trac :"Si Sarkozy revient, on s'en va"; "on" étant un mélange d'amis de François Fillon et d'élus moins marqués qui rejettent la théorie de "l'homme providentiel", et considèrent que l'ancien président, ayant perdu en 2012, n'aurait aucune chance d'être réélu en 2017. Quant à Nicolas Sarkozy, même s'il affirme être encore "dans le temps de la réflexion", il laisse de moins en  moins planer le doute sur ses intentions et, s'il n'est pas encore redescendu dans l'arène, il attend le moment propice pour se jeter à l'eau, "certainement pas pendant la coupe du monde". Pour entretenir la flamme de ses partisans, il envoie ce que l'on appelle des cartes postales, des entretiens informels à des journalistes autorisés à les évoquer, mais pas sous forme d'interviews. Hier, il a franchi une étape supplémentaire, "postant" un message en deux parties à ses rivaux potentiels ; dans la journée il a reçu une délégation de "Génération Sarkozy" dans ses bureaux de la rue de Miromesnil ( rencontre officialisée par une photo ),  et dans la soirée il s'est déplacé à la Questure de l'Assemblée Nationale pour recevoir le "Prix de l'Appel du 18 juin" des mains du président de l'UJP, (Union des Jeunes pour le Progrès). L'UJP, à l'origine formation de jeunes gaullistes, a connu son heure de gloire sous de Gaulle et Pompidou, tente de renaître avec un statut de parti associé à L'UMP. A cette occasion, il a prononcé son premier discours devant une assistance où les journalistes ( privés de micros et de caméras ) se mêlaient aux invités. L'occasion pour Nicolas Sarkozy de montrer qu'il est soutenu par la Jeunesse et de revendiquer sa fidélité à sa famille politique tout en rappelant que "le Gaullisme, c'est une pensée qui s'inscrit dans une succession de ruptures". Tout cela le jour où Alain Juppé déclarait "qu'il vaut mieux être un sexa en forme qu'un quinqua amorti". Le jour également où François Fillon prenait une longueur d'avance en présentant son programme  de rupture totale pour la compétitivité française, à lui, et saisissait l'occasion pour déclarer qu'il entendait "utiliser son expérience pour corriger les erreurs commises".

Aujourd'hui, des mondes séparent François Fillon et Nicolas Sarkozy, voire Alain Juppé, et les quadras du parti ( Xavier Bertrand et Bruno Le Maire) qui veulent "tout changer". A ceux qui brandissent le spectre d'un 21 avril à l'envers, autrement dit la perspective de la droite républicaine éliminée par le front national au premier tour de la présidentielle, ils répondent "unité", mais devraient dire "primaire". En réalité, tous sont conscients de la faiblesse actuelle de l'UMP et nombreux sont ceux qui pensent qu'elle ne se relèvera pas du scandale des comptes cachés. Mais ils sont convaincus que les futures primaires auxquelles participeront également les centristes vont permettre de résoudre le problème et que, le jour venu, tout le monde se rangera derrière la bannière de celui ou celle que les Français auront désigné, comme ils ont désigné François Hollande en 2011 . Parce que l'enjeu est si important que l'on mettra un mouchoir sur les divisions qui reprendront après la bataille électorale... Comme cela a toujours été le cas, à droite comme à gauche.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !