Joyeux anniversaire à Curiosity : déjà une longue année martienne pour le Rover sur la planète rouge<!-- --> | Atlantico.fr
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L'atterrissage sur Mars du robot Curiosity
L'atterrissage sur Mars du robot Curiosity
©Capture d'écran

Un an déjà...

Si en une année martienne, le rover, arrivé sur la planète rouge le 6 août 2012, n’a trouvé aucune trace de matière organique dans le sol de Mars, il a toutefois démontré de manière incontestable que Mars a été habitable. Mais le travail est loin d'être fini...

Joyeux anniversaire ! Ce 24 juin, cela fait exactement une année martienne que Curiosity est arrivé sur Mars. Soit 669 "sols" que le rover de la Nasa hume l'air et scrute chaque pouce de terrain de la planète rouge à la recherche de traces d'une ère géologique "aqueuse", au cours de laquelle des Martiens auraient pu prospérer. Cela fait donc 687 journées terrestres que les équipes du Mars Science Laboratory de la NASA (MSL) travaillent d'arrache-pied à dépouiller des donnés instrumentales et scientifiques, à participer à des conférences téléphoniques consacrées aux opérations du lendemain, à programmer et à analyser chaque action de l’engin et à vérifier, en aval, les résultats obtenus sur des répliques de laboratoire des instruments de bord.

Aujourd'hui donc, jour de fête pour la NASA, Curiosity a fonctionné une année martienne entière ! Car si, quand il a atterri sur Mars, le 6 août 2012 quatre autres astromobiles avaient déjà tenté l'aventure, Curiosity est de loin le plus gros. Pesant 899kg, il est cinq fois plus lourd que tous les rovers à avoir jamais séjourné sur Mars. Par ailleurs, il a été conçu comme un laboratoire sur roue : il transporte 74 kg de matériel scientifique très fragile.


Atterrissage de Curiosity sur Mars le 6 août 2012par CNES

Comment Curiosity a-t-il pu être envoyé sur Mars, à 127 kilomètres de la Terre ? Les ingénieurs de la NASA ont inventé un nouveau système : le sky crane. Grâce à cette sorte de grue, accrochée à une plate-forme volante et maintenue dans les airs par des rétrofusées, Curiosity a pu freiner sa course. Cela lui a permis d'atterrir en douceur, à moins d'un mètre par seconde. Par ailleurs, les scientifiques ont réussi à envoyer le rover à moins de deux kilomètres du centre de la zone elliptique visée, dont le plus grand axe ne faisait que 10 km. Depuis cet atterrissage parfaitement maîtrisé, presque aucun problème n'est à signaler. Alimenté par son générateur électrique nucléaire, Curiosity (qui avait, le 17 juin, parcouru 7 903 mètres au total) a cependant poussé quelques pointes sur des terrains caillouteux, abimant alors un peu ses roues.

Du point de vue scientifique, le travail est loin d'être fini. Les mesures de Curiosity ont confirmé que la température au sol sur Mars varie entre 0 °C le jour et – 90 °C la nuit, et que son atmosphère, faite à 96 % de gaz carbonique, d’un peu d’argon et d’autres gaz (mais pas de méthane), est trop ténue pour permettre à de l’eau liquide de se maintenir en surface. Mais si la vie ne s'y manifeste pas, on ne peut exclure qu'elle y soit cachée quelque part, peut-être à l'intérieur d'un réservoir souterrain, par exemple.

En effet, dans les années 2000, des observations réalisées par la sonde spatiale Mars Express de l’Agence spatiale européenne, ont montré l’existence de zones riches en argiles sur des terrains vieux de plus de quatre milliards d’années, parmi les plus anciens de Mars. Or, selon les astrophysiciens qui ont participé à cette découverte, ces quelques milliers de "spots" de minéraux, issus du lessivage des basaltes à l’échelle de temps géologiques, "n’ont pu être formés que par une action prolongée de l’eau liquide". C'est de là qu'est venue la première hypothèse, selon laquelle Mars a connu un jour, une ère climatique "aqueuse", où l'eau était abondante et pouvait se maintenir à l'état liquide en surface. La seconde hypothèse va plus loin : elle avance qu'une chimie de carbone, assez élaborée pour fabriquer les ingrédients du vivant, voire le vivant lui-même, existait alors...

C'est donc pour vérifier ces théories que le MSL a envoyé un rover explorer le fond d'un ancien cratère de météorite de 150 kilomètres de diamètre. Au centre de celui-ci se trouve une "colline" haute de 5 000 mètres, appelée le mont Sharp. Ce dernier est constitué de strates sédimentaires et argileuses empilées les unes sur les autres. Curiosty devait donc analyser ces minéraux afin de vérifier qu’ils avaient bien été formés dans des conditions compatibles avec l’existence du vivant. Le MSL voulait ensuite établir, par l'étude des couches d'argiles superposées du mont Sharp, une "chronologie" des périodes où Mars avait pu être habitable. Enfin, Curiosity devait détecter dans ces roches, dont les structures en feuillets seraient favorables à l’activation d’une chimie du vivant, des molécules carbonées ou organiques. La première mission est déjà accomplie, la deuxième est en cours. Quant à la troisième, son succès dépend du bon vouloir de la nature…

Officiellement, et pour l’instant, Curiosity n’a trouvé aucune trace de matière organique dans le sol de Mars, toutefois, le résultat d’un forage permet aux scientifiques de ne pas perdre espoir. Car, au cours de son épopée, le rover a démontré de manière incontestable que Mars a été habitable. En effet, après avoir quitté Rocknest, il a poursuivi son périple vers le site de Yellowknife Bay, qu’il a atteint en janvier 2013. Cette petite dépression contient des roches traversées par des craquelures remplies de cristaux blancs. D'après les analyses et le forage de Curiosity, il s’agit d’un mélange de boues et d’argiles mélangées avec des veines de sulfate de calcium, soit une sorte de gypse : un minéral formé sur de longues durées, par l’apport régulier, dans des fissures, d’une eau tiède, riche en sels minéraux, d’acidité nulle ou faiblement basique. Donc...une eau potable ! 

Reste à savoir sur quel labs de temps. Curiosty commencera cette enquête quand il commencera l'ascension du mont Sharp, vers lequel il se déplace depuis l'été 2012.  Il devrait arriver en bas du mont vers Noël prochain…

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