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Les Californiens vont bientôt boire leur propre urine, voilà comment (et pourquoi)
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La Californie craint une pénurie d'eau douce. Pour y remédier, une méthode moins chère que la désalinisation a été trouvée... elle consiste à boire de l'eau qui proviendrait tout simplement de l'urine humaine.

Eric Landot

Eric Landot

Eric Landot est avocat pour le cabinet Landot & Associés. Il est également co-auteur de Code pratique de l'eau et de l'assainissement et de La qualité de l'eau potable : techniques et responsabilités.

 

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Pour faire face à la pénurie d'eau douce, la Californie proposera à ses habitants de boire leur urine après l'avoir nettoyée. Comment compte t-elle s'y prendre ?  Comment en est-elle arrivée là ?

La Californie subit un stress hydrique depuis toujours, elle est en pénurie d'eau douce. Elle tente donc de trouver des moyens de s'en procurer. Le plus répandu d'entre eux est la désalinisation de l'eau de mer. Mais cette méthode, si elle convient aux Emirats Arabes, coûte très cher et est, en termes d'émissions de carbone, catastrophique. Une autre méthode est envisagée, faire de l'eau douce avec l'air et plus précisément avec de l'hydrogène et de l'oxygène, c'est chimiquement possible mais l'opération est très coûteuse et consomme beaucoup d'énergies. C'est pourquoi les Californiens  évoquent l'idée de boire leur urine.  Celle-ci serait nettoyée pour ensuite être transformée en eau potable. L'Etat a investi 1 milliard de dollars dans le recyclage de l'eau. L'eau des égouts, où va l'urine, serait alors assainie pour ensuite pouvoir être bue.

Boire son urine, est-ce une méthode totalement novatrice ?

Non, nous buvons déjà notre urine. En effet, une molécule d'eau a déjà plusieurs millions d'années. Elle est passée à travers plusieurs organismes. Lorsque nous tirons la chasse d'eau, l'eau va dans une fosse septique ou dans une station d'épuration où elle est nettoyée. Certes, elle n'alimente pas directement l'eau potable mais elle est rejetée dans le milieu naturel, un fleuve par exemple, dont l'eau sera pompée quelques kilomètres plus loin à destination de notre consommation. L'eau nettoyée peut aussi se retrouver dans une nappe phréatique où l'on puise de l'eau dite brute que l'on rend potable.

Si nous le faisons déjà, quelle est l'innovation ? Pourquoi cela pose t-il problème ? 

L'innovation californienne est le fait de raccourcir les intermédiaires.  Si l'on passe de l'urine à l'eau potable, on raccourcit les intermédiaires mais techniquement c'est la même chose. Le problème est que ce système est cher et risque de dégoûter les consommateurs. Le côté psychologique est très important. Cependant  la majorité de la planète n'en est pas encore là.

Cette situation pourrait-elle avoir lieu ailleurs, en France notamment ?

Tout dépend des pays. Globalement, en Europe occidentale, nous ne subissons pas un immense stress hydrique, il n'y a pas d'immense déficit d'eau, nous sommes peu concernés par ce phénomène. Le réchauffement climatique pourrait changer les choses mais ce n'est pas le cas actuellement. Très peu de zones en Europe occidentale sont concernées par ce problème.  Les solutions comme boire son urine après un circuit raccourci ou la désalinisation de l'eau de mer ne s'imposent donc pas.

Comment éviter d'en arriver là ?

Tout est dans la qualité de l'utilisation de l'eau. On peut faire beaucoup d'économies d'eau. Il y a d'une part la qualité des réseaux à surveiller : éviter les fuites, bien distribuer l'eau des zones qui en regorgent aux zones qui en manquent. Nous pouvons également surveiller notre propre consommation, de nombreux efforts ont été fait par exemple dans la quantité d'eau utilisée par les machines à laver, les lave-vaisselles…  Il faut rappeler que l'essentiel de l'eau est utilisée dans le domaine agricole. On peut faire d'immenses économies d'eau dans ce domaine. On peut limiter l'irrigation, développer l'arrosage au goutte à goutte…

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