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Un sponsor nommé Central Intelligency Agency
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quête et vacuité

Les bouddhistes de France reçoivent le Dalaï-Lama à Toulouse du 13 au 15 août qui serait supporté, depuis sa fuite de la Chine communiste, par les USA, à des fins d'agitation politique. Extraits de "Dalaï Lama, pas si zen", de Maxime Vivas, Max Milo (Juillet 2011)

Maxime Vivas

Maxime Vivas

Maxime Vivas est journaliste, coadministrateur du site d'information alternative legrandsoir.info.

Il anime également une émission culturelle sur Radio Mon Païs et fut référent littéraire pour ATTAC-France.

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L e   Dalaï-Lama est également subventionné depuis des décennies par la CIA et par la NED, laquelle sponsorise des kyrielles d’organisations chargées d’ébranler la Chine, via le Tibet. Mais qu’est-ce que la NED ?

La centrale de renseignements et de subversion américaine ne peut subventionner directement des organisations ou programmes qui doivent paraître nationaux  et libres sous peine d’être discrédités. Elle doit donc, autant que possible, avoir recours à des relais comme la NED, qui n’est pas une agence privée, mais gouvernementale. Son argent provient du Département d’État, lequel est une branche de la présidence chargée de la politique étrangère, tout comme la CIA. Au Congrès, républicains et démocrates sont en phase pour ce qui concerne les activités de la CIA. Le gouvernement décide, les sénateurs (toutes tendances confondues) votent, des sociétés paravents encaissent et redistribuent : « La NED a été créée il y a quinze ans pour réaliser publiquement ce que la CIA a fait subrepticement durant des décennies. »

Le premier président de la NED, Carl Gershman, avouait en 1986 : « Il serait terrible pour les groupes démocratiques du monde entier d’être vus comme subventionnés par la CIA […] C’est parce que nousn’avons pas pu continuer à le faire que la fondation [la NED] a été créée. »  De son côté, Allen Weinstein, qui a travaillé à la rédaction des statuts de la NED en 1983, confiait au Washington Post, le 22 septembre 1991 : « Beaucoup de ce que nous faisons maintenant a été fait en secret par la CIA il y a vingt-cinq ans. » Au Nicaragua, pour intervenir sur les élections qui virent la défaite des sandinistes en février 1990, la CIA et la NED avaient mis en place un front dit civique (Via Civica). Au Venezuela, le budget de la NED a été multiplié par quatre dans les mois qui ont précédé le coup d’État d’avril 2002 contre le président Hugo Chavez. Après l’effondrement de l’Union soviétique, on a vu la NED s’agiter dans nombre de pays de l’Est où pouvait être mis en place un gouvernement hostile à la Russie et favorable à l’OTAN.

La plupart des figures historiques de la CIA ont siégé un jour ou l’autre au conseil d’administration ou à la direction de la NED, dont John Negroponte, nommé ensuite ambassadeur en Irak occupé, puis, de retour aux USA, big chief de tous les services de renseignements américains (à ce titre, c’est lui qui avait la charge de nommer le directeur de la CIA).  Le site Internet de la NED propose trois dossiers sur  son action en direction de la Chine : « China (Hong Kong) », « China (Tibet) », « China (Xinjiang) ». Sans parler de ses opérations secrètes (dont, par définition, nous ne savons rien), la CIA intervient au Tibet, via la NED, à travers pas moins de seize programmes multiples qu’elle subventionne ouvertement [...]

En de multiples occasions, la propagande états-unienne a démontré sa capacité à parler par antiphrase, à nommer « démocraties » les pires dictatures sanguinaires et à prôner la liberté en multipliant les prisons à travers le monde, de Bagram (Afghanistan) à Abou Ghraib (Irak), en passant par Guantanamo (Cuba) auxquelles il faut ajouter le nombre impressionnant de prisons aux États-Unis mêmes, et des « prisons flottantes » secrètes. Notons au passage que, selon une étude réalisée par le Centre international des études carcérales de l’université londonienne King’s College, « avec deux millions de détenus, soit sept cent quatorze prisonniers pour cent mille habitants, les États-Unis ont le taux d’incarcération le plus élevé du monde, devant la Russie et le Belarus ».

Mais revenons aux dollars. Depuis sa fuite de Chine, le dalaï-lama a bénéficié, en évitant de s’en vanter, de subventions de la CIA. De 1959 à 1972, cent quatre-vingt mille dollars lui ont été personnellement versés chaque année. Il a longtemps nié cette vérité. Mais les USA, auxquels l’on peut trouver bien des défauts, ont la qualité enviable de disposer de lois sur les déclassifications des documents comptables après un temps qui varie avec la nature de ces documents. En 1998, les documents ayant parlé, le « gouvernement » du dalaï-lama devait admettre ce qui était rendu public, se bornant à démentir que Sa Sainteté aurait profité « personnellement » de cet argent, tandis que son représentant à Washington déclarait n’être au courant ni de cette subvention, ni de son utilisation. Sur les liens entre la CIA et le dalaï-lama, il concéda cependant : « C’est un secret dévoilé, nous ne le contestons pas. » 

Ah ! qu’en termes admirables ces choses-là sont dites : nous avouons puisque tout le monde le sait ! Le dalaï-lama a également reçu un million sept cent mille dollars pour mener à bien ses activités politiques internationales. Par la suite, le même montant a été versé via la NED. Dans Le Monde diplomatique, Martine Bulard écrit : « […] le financement de l’organisation tibétaine par la CIA ne relève pas du fantasme des communistes chinois : dans les années soixante, l’agence américaine aurait versé un million sept cent mille dollars, et l’enquête du New York Times (“Dalai-lama group says it got money from CIA”, 2 octobre 1998) parle d’une subvention annuelle – modique, néanmoins significative – de cent  quatre-vingt mille dollars versée directement au leader religieux, qui a démenti. »

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Extraits de "Dalaï Lama, pas si zen", de Maxime Vivas, Max Milo (Juillet 2011)

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