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Le FN, Wallerand de Saint-Just et le mur des cons
©DR

Effet boomerang

L'affaire avait terni l'image de la justice. Maintenant, voici l'heure des dégâts collatéraux.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Me Wallerand de Saint-Just est un bon avocat. Il est aussi un des cadres dirigeants du Front national. C’est donc à ce titre qu’il a demandé la récusation d’un certain Matthieu Bonduelle, juge à Créteil. Ce dernier doit en effet s’occuper de la plainte en diffamation déposée contre un obscur élu FN par un non moins obscur élu UMP. Or, il se trouve que M. Bonduelle est membre du Syndicat de la Magistrature.

Donc Me Wallerand de Saint-Just argue du fait que le magistrat est, dans cette affaire, juge et partie. En effet, la flamme du FN figurait en bonne place sur le "Mur des cons", un défouloir très politique affiché dans les locaux du syndicat dont M. Bonduelle est membre. A l’époque, ce scandale, révélé par Atlantico, fit grand bruit. Mais pas suffisamment pour qu’il parvienne aux oreilles de la Garde des Sceaux. Il est vrai que Mme Taubira avait, pour ne rien entendre, fait une abondante provision de boules Quies…

Depuis – car le scandale était grand – le "Mur des cons" a disparu des locaux du Syndicat de la Magistrature. Mais les adhérents du ce syndicat ont eu toute la liberté nécessaire pour coller sur les murs de leurs appartements l’image d’une petite vache relookée façon Superman. Les jours où ils sont tristes, déprimés car ils ont appris que leur épouse les trompait avec un collègue adhérent de l’Union Syndicale des Magistrats, abattus parce qu’ils n’ont pas obtenu la promotion désirée, c’est sur elle, sur cette petite vache, qu’ils passent leurs nerfs en lui envoyant des fléchettes.

Il est possible, en tout cas souhaitable, que Me Wallerand de Saint-Just obtienne satisfaction. Le bon sens plaide en sa faveur. Un Arabe poursuivi pour un quelconque délit ne serait-il pas fondé à récuser un juge qui appartiendrait à un groupe connu pour considérer tous les gens de son origine comme des "voleurs" ? Et un Noir qui aurait à faire avec un magistrat prompt à considérer que lui et les siens sont des "paresseux" ? Et un Juif affublé par un juge, comme tous les autres Juifs, de l’étiquette "escroc" ?

La récusation du juge Bonduelle créerait en tout cas une heureuse et bienfaisante jurisprudence en faveur des têtes dirigeantes d’Atlantico. Supposons que le directeur de la publication soit poursuivi pour un dépassement de vitesse en voiture… Imaginons que la rédactrice en chef du site soit traînée en justice pour avoir harcelé sexuellement ses stagiaires masculins… Supposons encore que les éditorialistes d’Atlantico (heureusement je n’en fais pas partie) soient convoqués au Tribunal d’Instance pour tapage nocturne car, bourrés, ils se seraient rendus en scooter rue du Cirque en hurlant "Julie avec nous"… Comment pourraient-ils être jugés par un membre du Syndicat de la Magistrature ?

Il est nécessaire maintenant de revenir à l’essentiel, c’est-à-dire à Mme Taubira. La Garde des Sceaux a refait sa provision de boules Quies. Elle a dans son cabinet une chargée de mission nommée Sihem Souid. Celle-ci a, il y a quelques jours, envoyé des tweets hystériques et infâmes concernant le juge Bilger, dont Mme Taubira n’est pas la tasse de thé. C’était assez gracieux. "Réac !" "Facho !" "Fils de collabo !" A notre connaissance, Melle Souid fait toujours partie du cabinet de la Garde des Sceaux.

A lire du même auteur : Le gauchisme, maladie sénile du communisme, Benoît Rayski, (Atlantico éditions), 2013. Vous pouvez acheter ce livre sur Atlantico Editions.

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