Manuel Valls est le seul à pouvoir sauver le soldat Hollande... enfin presque <!-- --> | Atlantico.fr
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François Hollande et Manuel Valls.
François Hollande et Manuel Valls.
©Reuters

En quête du salut

L’été sera meurtrier pour le président de la République. "Quand tout va mal, on ne peut compter que sur sa famille", dit le proverbe. Pour François Hollande, ça n’est même plus le cas. Il a découragé tout le monde. Le seul à pouvoir le sauver, c’est son adversaire de l’intérieur, le Premier ministre.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Depuis la nuit des temps, l’été marque le temps des moissons, la saison des moissons et des fruits qu’il faudra engranger pour affronter la saison d’hiver. C’est aussi le temps des vacances et pour beaucoup celui des projets.

L’été sera français, sera meurtrier parce que tout va mal. La crise financière qui s’est estompée dans tous les pays de la zone euro continue de faire des ravages dans le tissu économique français.

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La crise financière est écartée partout sauf en France. C’est d’ailleurs assez incroyable comme situation, on avait objectivement aucune raison de se retrouver dans une telle situation financière. Comme le dit  le président de la cour des comptes, rien n’a été fait pour éviter l’état de surendettement, et ce qui se prépare n’est pas suffisant. La France a sauvé sa crédibilité, c’est-à-dire sa capacité à trouver du crédit sur le marché grâce à la garantie du contribuable qui a toujours payé l’impôt et tolèré les augmentations. Maintenant "c’est fini de chez fini" comme disent les jeun’s.

La capacité de lever l’impôt est épuisée. Trop d’impôt à tué l’impôt. L’assiette fiscale s'est rétrécie. Plus grave, le gouvernement ne pouvant plus distribuer des fonds publics, multiplie et distribue des crédits d’impôts. Par conséquent, il n’augmente pas les dépenses publiques mais il siphonne les recettes.

La crise économique marque de ses stigmates un appareil industriel qui a perdu  ses marges de compétitivité. Là encore la situation est surréaliste. L’ argent n’a jamais été aussi bon marché et abondant, l’argent ne vaut rien (1%). A priori l’investissement n’a jamais été moins risqué, parce qu’on trouvera toujours un projet qui rapportera plus que le coût de l’argent. Eh bien en dépit de cette énorme facilité ça ne redémarre pas. Pourquoi ? Tout simplement parce que personne n’a plus confiance en personne. Les conditions sont trop compliquées, trop incertaines, trop lourdes à manier. La caricature de cette ankylose, c’est le logement. Les besoins existent, les marchés sont solvables et on ne construit plus. Merci Cécile Duflot ! Il faut être fou et inconscient pour se lancer dans les affaires aujourd’hui.

Le drame, c’est que la situation politique ne permet pas aujourd hui d’imaginer une alternative crédible et responsable capable de mettre en œuvre des forces de progrès.

Des forces de progrès, c’est quoi ? Ce sont des forces qui seraient capables de réunir des talents et des idées de production, des conditions favorables à leur développement, du travail et du bon sens. Il n y a plus de majorité en France pour faire accepter une telle équation. La gauche s’est vidée et le conservatisme de gauche a tout paralysé. On voit bien ce qui va se passer à la rentrée. Le conflit à la SNCF ou chez les intermittents du spectacle nous en donne un avant-goût. Les fausses promesses, la démagogie syndicale, l’incompétence technique, et l’utopie ont permis à l’appareil de la gauche de protéger les avantages acquis plutôt que de préparer l’avenir.

La droite n’est pas mieux. La droite parlementaire s’est auto-détruite dans les querelles d’intérêts personnels sordides et vulgaires.

Quant aux partis extrémistes, ils vont, tels des Samu ou les Restos du cœur, récupérer tous les déçus et les frustrés de la démocratie. Il leur faudra encore du temps pour se convertir à la culture de gouvernement.

Le pays n’a pas de solutions politiques évidentes. Pas de corpus idéologique qui permettrait de répondre aux grandes inquiétudes de l’opinion : la mondialisation incontournable, la concurrence internationale régulées et porteuse de progrès, mais personne ne le sait, et la prise à bras le corps de la révolution technologique.

Pas de personnage charismatique qui puisse nous convaincre d’investir la moisson dans les seules aventures modernes qui méritent de s’investir. Il n y a pas d’hommes ou de femmes qui expliquent aux petits Français que l’horizon ne passe pas forcement et définitivement par le Canada, l’Australie ou l’Asie. Le Canada, l’Australie et l’Asie, ce sont des pays formidables à condition de pouvoir en revenir.

La France ne peut pas se transformer en camp de vacances et de tourisme pour les étrangers enrichis par la mondialisation. L’industrie du tourisme devient la premier industrie française et Laurent Fabius a mille fois raison d’en faire une priorité, mais cette industrie a aussi besoin de recherche, de technologie et d’entreprises exportatrices. Le génie français ne s’arrête pas à notre talent d’accueillir des Chinois et des Russes dans les palaces de la Côte d’azur. Et accessoirement à construire des maisons de retraite pour les anciens chômeurs… Pas nous. Pas maintenant !  

L’été sera donc meurtrier parce qu'on ne voit pas les leviers du redressement. Tout va mal, l’activité, le chômage, les déficits, etc. etc. Et quand tout va mal, "on ne peut compter que sur la famille", dit-on !

Dans le cas de François Hollande ce n’est même plus vrai. Le parti socialiste l’a lâché. Il lui restera quelques amis complaisants mais au-delà, et c’est un paradoxe, il ne peut guère compter que sur trois personnalités.

La première, c’est Didier Migaud, le président de la Cour des comptes. C’est le seul à dire la vérité et à être écoute. Il joue un rôle très important dans le maintien du crédit international de la France. Il est socialiste et conscient que le monde a changé. Il est loyal et compètent.

La deuxième c’est Ségolène Royal. Quoi qu' on dise, c’est l’une des seuls actrices de la scène politique encore capable de rassembler autour de ce qu' elle représente : un mélange habile  entre la modernité nécessaire, inévitable, et le sens des valeurs traditionnelles, la famille, l’ordre, l’école, l’effort et l’équité.

Le troisième personnage, c'est Manuel Valls, c’est dans la dernière génération, l’un des seuls qui sache avec conviction qu'il faudra inscrire la France dans la mondialisation, l’économie de marché et la technologie. C’est celui qui serait le plus près de cette révolution digitale que nous devons assumer si on ne veut pas qu’elle nous emporte. C’est sans doute le seul responsable politique capable de s’attacher la sympathie des milieux patronaux sans donner l’impression aux classes populaires de les trahir.

Manuel Valls, c’est un peu un Dominique Strauss khan qui n’aurait pas été perverti, ni par Keynes au niveau idéologique, ni par le pouvoir, ni par l’argent facile. Pour l’instant !

Ces trois-là peuvent agglomérer autour d’eux des acteurs du système qui ont l’ambition de le sauver. On peut rêver, non ?

Normalement, la gouvernance française va s’installer dans une forme particulière de double cohabitation. Avec d’un côté, un président élu qui gouvernera de moins en moins parce qu’élu sur un programme gauchiste irréalisable, et de l’autre un premier ministre de gauche capable de faire une politique acceptable par la droite. Curieux attelage.

Au parlement, le pays peut découvrir qu'il existera des majorités faites de progressistes de droite et de gauche dont le seul ciment pourrait être le sens de la performance et du résultat. Le respect des faits et des chiffres. Ca nous changerait. Manuel Valls peut être ce pilote d’un nouveau genre. De toute façon François Hollande n’a pas le choix.

Ou bien ce tandem improbable délivre des résultats et ils gagneront tous les deux. Il sera temps de les départager le moment venu, mais si la France politique n’a plus que ce problème, elle sera sortie de beaucoup de ses difficultés.

Ou bien les résultats ne sont pas au rendez-vous et c’est l’ensemble de la classe politique qui sera balayée.

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