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Alain Juppé gagnant du match des finalistes pour une présidentielle face à Marine Le Pen
©Reuters

Bataille à venir

SONDAGE EXCLUSIF IFOP/ATLANTICO : Si les Français avaient le choix entre Marine Le Pen et François Hollande au poste de président de la République, 29% choisiraient la leader frontiste, contre seulement 33% pour l'actuel chef de l'Etat. Certaines catégories de l'électorat placent même Marine Le Pen loin devant François Hollande dans leurs préférences.

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Atlantico : Selon un sondage Ifop Atlantico, si les Français avaient le choix entre Marine Le Pen et Alain Juppé au poste de président, 49% choisiraient Alain Juppé contre 21% Marine Le Pen. Nicolas Sarkozy, François Fillon, François Hollande et Manuel Valls figurent également parmi les personnalités testées. Que nous apprend ce sondage quant à l'espace électoral potentiel dont dispose Marine Le Pen ? 

Jérôme Fourquet : L'intérêt de ce sondage est qu'il nous permet de mesurer l'espace électoral potentiel de Marine Le Pen. Car les points de repère dont on dispose sont les scores qu'elle a réalisé à la dernière élection présidentielle, soit 18% des suffrages exprimés. Le parti frontiste a par ailleurs réalisé de bons résultats aux municipales, aux élections législatives partielles et a enregistré 25% des voix aux Européennes. Néanmoins, ces dernières sont marquées par un fort taux d'absentassions, elles ont un côté défouloir. Il est donc difficile d'établir une mesure exacte de l'état du rapport de force dans le pays à partir des élections européennes. Nous étions donc restés sur les 18% de la dernière élection présidentielle et sur l'idée qu'une dynamique était enclenchée. 

On constate qu'en fonction des personnes avec qui Marine Le Pen est en concurrence, son score varie entre 19% et 29%. Entre 20 et 30% de Français préféreraient donc Marine Le Pen à un autre candidat. Et on se situe bien dans le cadre de la présidence de la République et non pas dans l'absolue. La fourchette se situe légèrement au-dessus de son score lors de la dernière élection présidentielle

Cela montre que le résultat des élections européennes n'est pas un hasard. Il y a une vraie dynamique et une adhésion aux idées du parti de Marine Le Pen qui est très importante. Et ce malgré la polémique entre Marine Le Pen et Jean-Marie Le Pen. 

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Au vu des résultats enregistrés par les personnalités de droite dans ce sondage, que peut-on en conclure sur les débats qui animent actuellement l'UMP au sujet de sa gouvernance et sur les primaires à venir ? 

L'argument d'un certain nombre de grands candidats est qu'il faut d'ores et déjà intégrer la menace frontiste et choisir un candidat qui sera le plus à même de qualifier le parti pour le second tour de l'élection présidentielle de 2017. L'objectif étant d'éviter un "21 avril à l'envers", c'est-à-dire que l'UMP ne parvienne pas à se qualifier pour le second tour. 

Sur cette base, les sarkozystes,  encore récemment Brice Hortefeux indiquait, en prenant l'exemple de 2007, que Nicolas Sarkozy, et lui seul, était capable de contrer la menace frontiste. Entre-temps, en 2012, Marine Le Pen a quand récolté 18% des suffrages exprimés. A écouter les sarkozystes les plus fervents, Nicolas Sarkozy représente le recours dans la tempête, car la droite estime que gauche nous a mené à la ruine et que le FN est en embuscade. Pour les sarkozystes, il est le seul à pouvoir redresser le pays et conjurer la menace frontiste. Mais Nicolas Sarkozy relativement à Juppé et Fillon n'est pas forcément celui qui ferait le meilleur score face à Le Pen. 

Si on regarde le score absolu, Nicolas Sarkozy enregistre le score le plus faible: 41% contre 49% pour Juppé et 44% pour Fillon. Mais c'est aussi face à lui que Marine Le Pen est au niveau le plus bas (19%). Si on prend l'écart entre le candidat de droite et la candidate du Front national, il y a 22 points de différence entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen, 22 points également entre F. Fillon et M. Le Pen. Celui qui assure la plus confortable avance est Alain Juppé qui enregistre 28 points d'écart avec la candidate frontiste. La prime à Nicolas Sarkozy n'est pas totalement évidente. 

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Faut-il pour autant en conclure que Nicolas Sarkozy ne serait pas le plus à même de rassembler l'électorat de droite ? 

Nicolas Sarkozy est celui qui serait bien le plus à même de rassembler l'électorat de droite derrière lui et de mordre sur l'électorat frontiste. En se penchant sur les ventilations, Sarkozy rassemblerait face à Marine Le Pen 91% de l'électorat UMP et 17 de celui du FN, contre 80% de l'électorat de l'UMP pour Juppé mais A. Juppé ne ferait que 5% de l'électorat du FN. Et François Fillon ferait 68% de l'électorat UMP et 7% de l'électorat du FN. 

Dans le cas de François Fillon, il ne rassemble de loin pas tout son électorat et 10% des électeurs UMP choisiraient Marine Le Pen. 

De ce point de vue, dans l'électorat de droite, Nicolas Sarkozy est bien le plus à-même de rassembler l'électorat de droite. Le problème est que ce qu'il gagne à droite, il le perd à l'autre bout du spectre. Car en en regardant l'électorat de gauche, seule 26% de l'électorat de gauche voterait Nicolas Sarkozy face à Marine Le Pen. Cette proportion monte à 57% dans le cas d'Alain Juppé et à 52% dans le cas de François Fillon. 

Nicolas Sarkozy est le plus capable de rassembler à droite mais il continue d'être très décrié à gauche. Si la droite était représentée par Nicolas Sarkozy, le front républicain fonctionnerait moins bien que s'il s'agissait d'Alain Juppé ou de François Fillon. Ce qu'il gagne en capacité de containment à droite ou l'extrême droite, il le perd en renfort à gauche. Et Alain Juppé apparait comme un meilleur rempart. 

Qu'en est-il de la préférence des Français entre Marine Le Pen et un candidat de gauche ? 

Cette situation de 21 avril à l'envers, avec une droite disqualifiée dès le premier tous, est moins envisageable. Mais l'avenir politique est fait de surprises, notamment si d'autres affaires judiciaires et/ou des distensions très graves se manifestaient au moment des primaires et du vote du Congrès venaient encore portées un coup à l'image du parti. 

Dans le cadre d'un duel Le Pen vs. Hollande, il n'y a que quatre points d'écart. Cela montre le très fort affaiblissement de François Hollande. Et dans une certaine mesure, il fait moins bien que Marine Le Pen car une part non négligeable de l'électorat de droite préférerait Marine Le Pen à François  Hollande. 34% des sympathisants UMP préfèrent Le Pen à Hollande, soit 1/3. 52% disent aucun des deux et 14% optent pour François Hollande. Ce que l'on mesure c'est aussi le désaveu très profond et la fracture irréconciliable entre les électeurs de droite et François Hollande. 

Cela souligne également l'absence de soutien total à droite dont il peut bénéficier à droite et la porosité réelle entre l'électorat de droite et l'extrême droite. 

Dans le cas de Manuel Valls, on constate qu'il est bien plus populaire que le président. Il enregistre plus de 20 points d'écart avec Marine Le Pen et on se trouve dans des situations similaires à celle de Nicolas Sarkozy et de François Hollande. Nicolas Sarkozy, François Fillon et Manuel Valls auraient la même efficacité face à Marine Le Pen. Avec Hollande la situation serait tangente et la situation dans laquelle il y aurait le plus d'écart serait face à Alain Juppé. 

Si la question était posée en termes d'intentions de vote, les personnes ne s'exprimant pas n'étant pas comptabilisées, Nicolas Sarkozy serait à 68,3%, Alain Juppé à 70%, François Fillon à 66,7% François Hollande à 53,2% et Manuel Valls à 65%. Néanmoins, en quoi les réponses seraient-elles différentes ? 

On ne peut en effet pas en tirer ces conclusions-là. Ce sondage n'est pas un sondage d'intentions de vote pour un second tour de présidentielle mais une question de préférence. On pose pas la question d'un premier tour et les interviewés ne sont pas sommés de choisir, d'où l'importance des personnes qui ne se prononcent pour aucune des deux personnalités. 

Méthodologie :

L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1009 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération.

Les interviews ont été réalisées par questionnaire administré en ligne (CAWI – Computer Assisted Web Interviewing) du 11 au 13 juin 2014.

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