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Les agences de notations 
à la botte des lobbyistes ?
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Accusées, levez-vous !

Après la dégradation de la note américaine, beaucoup s'interrogent sur l'avenir de la France. Malgré beaucoup de signes de faiblesse, Standard & Poor's s'est voulue rassurante. Et si les Français s'étaient montrés meilleurs lobbyistes que les Américains ?

Marc Touati

Marc Touati

Marc Touati est économiste et président fondateur du cabinet ACDEFI (aux commandes de l'économie et de la finance). Il s'agit du premier cabinet de conseil économique et financier indépendant au service des entreprises et des professionnels.

Il a lancé en avril 2013 la pétition en ligne Sauvez La France.com pour diminuer "les impôts", les "dépenses publiques superflues" et "retrouver le chemin de la croissance" afin de "sortir par le haut de cette crise".

Il est également l'auteur de Quand la zone euro explosera, paru en mars 2012 aux Editions du Moment. Son dernier livre est Le dictionnaire terrifiant de la dette (Editions du moment, mars 2013).
 

 

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Atlantico : Que pensez-vous de la dégradation des Etats-Unis par l’agence de notation Standard & Poor’s ?

Marc Touati : La dégradation de la dette publique américaine par Standard & Poor’s n’a aucun sens. Cela a mis de l’huile sur le feu. On sait maintenant pourquoi les marchés ont baissé la semaine dernière, la rumeur d’une dégradation des Etats-Unis courait déjà. Les Etats-Unis, malgré ce que l’on a beau dire, ont toujours une croissance économique en valeur qui est supérieure à la charge d’intérêt de la dette publique qu’ils payent chaque année.  Je pense que cette décision est une grave erreur. Si un pays a suffisamment de croissance pour couvrir les intérêts de la dette publique il ne se trouve pas dans la bulle de la dette. Sinon cela veut dire que pour payer les intérêts de la dette ce pays doit encore s’endetter un peu plus. Si on dégrade les Etats-Unis, qui pourtant remplisse cette condition, à ce moment il faudrait dégrader la France et l’ensemble des pays développés, à part peut-être l’Allemagne.

Comment, dans ce cas-là, expliquer une telle décision ?

C’est un problème de communication et de lobbying. Je pense clairement que les lobbyistes français, auprès de Standard & Poor’s, sont beaucoup plus forts que les lobbyistes américains. Les Français, on ne sait trop pourquoi, ont réussi à convaincre les dirigeants de Standard & Poor’s. Il y a une zone d’ombre que je n’explique pas. C’est une véritable erreur humaine. Quelques personnes ont pris cette décision. Quand on leur demande de se justifier, Standard & Poor’s reste évasif. La France, depuis maintenant une dizaine d’année, mérite d’être dégrader.  Le poids des dépenses publiques en France est de 57% du PIB. Aux Etats-Unis, il est seulement de 50%. Cela renforce l’absence de crédibilité de cette décision.

Quelles seraient les conséquences d’une dégradation de la France ?

Même dégradés, les Etats-Unis restent les Etats-Unis. Ils demeurent la première puissance économique mondiale, ils ont le dollar et un nombre d’actifs considérable. La France n’a pas tous ces avantages. A mon avis, on ne dégradera pas la France avant les élections de 2012. Si la nouvelle équipe dirigeante établit une règle crédible de réductions des dépenses publiques "à l’allemande" (Les Allemands ont aujourd’hui un poids des dépenses publiques équivalent à 46% du PIB), il n'y aura pas de risque de dégradation. Mais aucun dirigeant politique ne dit pour l’instant vouloir baisser les dépenses publiques. Cela pourrait nous acheminer vers un véritable scenario catastrophe. Si on est dégradé en 2012, les taux d’intérêts vont fortement augmenter et le couple Franco-Allemand va voler en éclat. Sans le couple Franco-Allemand, que deviendrait la zone euro ?

Selon Standard & Poor’s, la réforme des retraites a permis à la France de conserver sa note « AAA ». Qu’en pensez-vous ?

Je vois cela comme un coup marketing. La réforme des retraites table sur un taux de chômage, pour boucler son modèle financier, compris entre 4,5 et 7%. On est aujourd’hui à 9%... Ce n’est pas crédible. Il y a un vrai problème, une vraie zone d’ombre. La vision de quelques hommes a des impacts économiques dramatiques au niveau mondial. Ce n’est pas sérieux, il faut faire une vraie enquête sur les agences de notation. On ne peut pas être, comme cela, dépendant de l’humeur de quelques personnes.

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