Mondial 2014 : l'autre compétition, "Platoche" contre "pépère Blatter"<!-- --> | Atlantico.fr
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Michel Platini brigue la présidence de la FIFA
Michel Platini brigue la présidence de la FIFA
©Reuters

Foot toujours

Les deux hommes briguent la présidence de la FIFA. S'il existe une entente de façade entre eux, en coulisses, chacun aiguisent ses armes.

Vincent Roger

Vincent Roger

Né en 1969, élu de Paris de 2008 à 2020, conseiller de plusieurs ministres, Vincent Roger a été délégué spécial de la région Île-de-France aux Jeux olympiques et paralympiques de 2017 à 2021.

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A l’occasion de cette 20e Coupe du monde, se déroule en tribune officielle un duel sans merci : c’est celui du contrôle de la Fifa. Pour ce match, pas d’arbitre mais des votants, les membres du congrès de l’institution. Pour les séduire, tout sera permis ! A ma droite, Sepp Blatter, 78 ans, dirigeant de la FIFA depuis 33 ans, 17 ans comme Secrétaire général, 16 ans comme Président. A ma gauche, Michel Platini, 59 ans, Président de l’UEFA depuis 2007. Leur relation pourrait avoir comme titre "ils se sont tant aimés" : le second a soutenu le premier pour devenir Président de la FIFA, le premier aida le second à remporter la présidence de l’UEFA. Désormais, leur prochaine production pourrait avoir pour nom "Kramer contre Kramer" : il faut dire que l’enjeu est de taille. Président de la FIFA, c’est l’équivalent d’un chef d’Etat : c’est appartenir au club des décideurs de ce monde nouveau qu’est la globalisation. A titre d’exemple, la FIFA a plus d’adhérents que l’ONU (209 contre 193) et, surtout, c’est un géant financier avec plus d’un milliard d’euros de réserves financières. Le Président sortant a d’ailleurs commencé sa campagne en promettant à chaque fédération un chèque de 750 000 dollars : il ne s’embarrasse pas de détails, Pépère Blatter !

En parallèle, les "amabilités" se déclinent à travers la presse mondiale. Après la presse anglaise, c’est au tour du Nouvel Obs de dévoiler la face cachée de Platini : la une est accrocheuse mais le dossier me semble vide. Certes, il apparait que Platini peut être aussi roublard que maladroit : pour ce magazine, le pire est sans doute qu’il soit sarkozyste. Bon, déjà, cela ne fait pas partie des sept péchés capitaux mais, pour le prouver, l’hebdomadaire argumente avec force. Tenez-vous bien : les deux hommes ont déjeuné ensemble et ils ont le même âge ! Si, si, c’est vrai. Pour mémoire, Platini a toujours refusé d’être membre du comité de soutien de l’ancien Président... Trêve de plaisanterie, l’enjeu est ailleurs. L’important est de savoir quelle va être la gouvernance du football mondial pour les années à venir. Platini est un homme de droite qui pense le football à gauche, disait récemment Daniel Cohn-Bendit. C’est assez bien vu, le Nouvel Obs aurait pu s’en inspirer !

Entre Blatter et Platini, deux visions du football s’affrontent. Le Suisse est favorable à l’instauration de la vidéo, le Français est contre, voulant maintenir un football humain avec ses erreurs voire ses injustices. Blatter, qu’il le veuille ou non, incarne le développement du foot business sans limite. Platini a mis en place le fair-play financier de l’UEFA, certes imparfait, mais qui a le mérite de rééquilibrer à terme les compétions européennes. Comme président de l’UEFA, Platini a développé un programme autour de deux axes : la solidarité et l’universalité. Mais surtout, la différence entre eux pourrait se résumer ainsi : l’un fut secrétaire général de la Ligue suisse de hockey sur glace, l’autre un footballeur de génie. L’argument peut faire sourire, mais il me parait essentiel. Platini reste avant tout Platoche, inspirateur d’un football aussi "champagne" que romantique. Rien que pour cela, l’avoir comme patron du football mondial aurait de la gueule !

Remember pour ceux qui sont nés après le 17 mai 1987, date du dernier match du meilleur footballeur français de tous les temps (selon un jury de France Football rassemblant les meilleurs footballeurs de toutes les générations). Le footballeur Platini avait une intelligence du jeu, hors du commun,  même ses pieds sont intelligents affirmait Michel Hidalgo (sélectionneur des Bleus de 1976 à 1984). Ses passes étaient lumineuses. Ses coups francs incroyables. Ses buts souvent d’anthologie. N’est-il pas temps pour la FIFA d’avoir un Président amoureux du jeu !

Alors qu’il s’était engagé en 2011 à ne pas se représenter, Sepp Blatter a décidé de rempiler car selon lui, "il n’a pas fini sa mission". Au passage, il a fait repousser la limite d’âge. Et oui ! Ce dernier devrait avoir à l’esprit que face à Lennart Johansson (Président de l’UEFA de 1990 à 2007), alors âgé de 77 ans, Michel Platini n’avait, parait-il, au départ que peu de chances de l’emporter. L’ancien capitaine des Bleus a déclaré jeudi "Blatter, je ne le soutiendrai plus. Je le lui ai dit. Je pense que la FIFA a besoin d’un souffle nouveau". Au risque de paraître supporter, mais j’assume, je me demande si, au printemps 2015, le vote des membres de la FIFA ne s’apparenterait pas à choisir entre un clone d’Abdelaziz Bouteflika ou celui de Matteo Renzi !

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