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Nous vivons un Krach politique, 
en prise au « crack » financier
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Edito

La fuite en avant des dettes publiques n’apporte aucune solution durable et crée une interdépendance artificielle et néfaste entre les Etats et les marchés. Face à l’impasse, les acteurs doivent retrouver leur autonomie pour revenir aux fondamentaux.

Alain Renaudin

Alain Renaudin

Alain Renaudin dirige le cabinet "NewCorp Conseil" qu'il a créé, sur la base d'une double expérience en tant que dirigeant d’institut de sondage, l’Ifop, et d’agence de communication au sein de DDB Groupe.

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L’accord politique des américains pour pouvoir s’endetter encore davantage n’apporte aucune solution sur le fond (cf édito précédent). Ce modèle de développement est tout sauf durable, et pas uniquement pour les seules raisons écologiques trop exclusivement mises en avant ces dernières années comme critère d’éligibilité au « durable ». Ce modèle économique est financièrement non pérenne, artificiellement dopé par de fortes doses d’endettements publics comme on cherche à maintenir un malade en vie. Nous parlons, nous rêvons, de nouveau paradigme depuis ce début de 21ième siècle, comme d’un nouveau paradigme souhaitable, il s’impose à nous aujourd’hui avant même que nous ayons réussi à le définir, ce qui cause notre angoisse collective, plus ou moins consciente parce que l’esprit humain n’aime pas être pris en défaut.

Si ce modèle est en péril, c’est notamment parce que le politique et l’économie sont devenus trop dépendants l’un de l’autre. On a beaucoup dit, et notamment les économistes et les plus libéraux d’entre nous, que le pouvoir politique était de plus en plus en incapacité d’influencer l’économie. Ah bon ? Il semblerait que la gestion de la crise depuis 2008 ait démontré au contraire l’emprise du politique, des banques centrales et des institutions financières, comme recours, garants et surtout financeurs du système. L’épisode de ces derniers jours le démontre encore lorsque simultanément, instantanément, toutes les places boursières de la planète plongent suite à la révélation du risque de solvabilité du premier pouvoir économique et politique mondial, et lorsque, hier encore, les marchés replongent parce qu’ils n’ont pas été convaincus par les propos de Barak Obama.

Les marchés sont devenus les actionnaires du pouvoir politique

Ayant eu trop recours aux marchés pour financer leur endettement, les Etats ont fait des marchés les premiers actionnaires des pouvoirs politiques. Il faut couper ce cordon. Pour retrouver son autonomie, sa crédibilité et donc une capacité d’influence positive, le politique doit sortir de sa dépendance au « crack » financier. Il faut pour cela lui imposer un sevrage financier, qui passera nécessairement par une drastique réduction des dettes publiques. La première étape étant de cesser de les alimenter en déficits chroniques.

L’action politique doit encourager le développement économique tout en préservant notre écosystème social et environnemental, il n’a pas vocation à maintenir artificiellement un système qui le nourrit en le perfusant. L’arbitre ne peut pas être payé par les joueurs. Inversement, l’Etat étant le premier acteur économique, le « système » ne peut supporter son défaut, et il faut aussi rompre la dépendance entre les marchés financiers et les Etats. Les marchés se sont gavés de dettes souveraines, dès lors, comme un effet subprimes d’Etat, si un doute, jamais anticipé, émerge sur la solvabilité des débiteurs publics, c’est la panique.

On se refuse de parler de « krach » (comme on s’interdisait de parler de rigueur ou de récession), argumentant qu’il faut techniquement une baisse brutale de plus de 10 points en une seule séance. C’est ignorer la réalité, nous sommes bien en krach, simplement il s’étale davantage dans le temps. Plus de 20% de perte sur les bientôt 12 séances consécutives de baisse du CAC 40 (si on compte aujourd’hui d’après la configuration de la matinée), c’est bien un krach, progressif mais un krach quand même. Depuis la crise financière, le marché a été dopé à coup de centaines de milliards réinjectés. Pour éponger, écoper, compenser, maintenir le coût de leur dette, les Etats amortissent les krachs, qui paraissent moins brutaux. Nous vivons un non-krach artificiel, qui est en fait un krach sous morphine. Le problème est que nous arrivons en panne de morphine à la pharmacie, et le pharmacien doit partir en désintox !

Une désintoxication et une décorrélation sont nécessaires pour revenir aux fondamentaux, car contrairement à ce que les indices peuvent laisser penser, le CAC 40 va bien, et même « mieux que bien » avec 80 milliards de profits cumulés en 2010 (+ 80% versus 2009 et quasiment retrouvé le niveau record de 2007), et de bonnes perspectives 2011 !

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