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Saines et naturelles, elles ? Quand les boissons à la mode se révèlent être des bombes à sucres encore plus dangereuses que le Coca Cola
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Arizona Nightmare

Mauvaise nouvelle pour tous les fans de citronnade, limonade et autres boissons à la mode aromatisées aux plantes ou aux fruits exotiques. Bien qu'elles se veuillent meilleures pour la santé, elles auraient une teneur en sucre bien plus élevée que les sodas.

Réginald Allouche

Réginald Allouche

Réginald Allouche est médecin et ingénieur. Il assure une consultation principalement axée sur le diabète gestationnel, la nutrition et la prévention du diabète de type II.

Son dernier livre publié aux Editions Odile Jacob porte sur ce théme du prédiabète : Du plaisir du sucre au risque du prédiabète, publié chez Odile Jacob.

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Atlantico : Ces dernières années, de nombreuses nouvelles boissons ont fait leur apparition dans les rayons des supermarchés : citronnades, limonades ou eaux aromatisées aux plantes, jus de pomme, sureau ou grenade pétillants, ces breuvages qui se veulent plus sains le sont-ils vraiment ? Leur origine "naturelle" tend-elle à éclipser leur teneur en sucres ?

Réginald Allouche :Ces boissons ont comme avantage annoncé de proposer des saveurs à base de plantes naturelles contenant des principes actifs connus pour leur efficacité. Je citerai volontiers le thé vert (catéchines), le jus de grenade reconnu (si consommé frais) comme un excellent anti-oxydant, la citronnade Bio riche en vitamine C, etc. Néanmoins l'effet anti-oxydant recherché ne peut être réel que si la consommation en est régulière et non sporadique.

Mais bien souvent ces boissons sont riches en sucres afin de masquer des goûts parfois inattendus, acides ou franchement "difficiles". La consommation régulière de boissons ou sodas sucrées est reconnue comme un facteur de risque dans la prise de poids. L'effet bénéfique anti-oxydant est donc largement diminué par la présence de sucres.

La bonne approche est d'utiliser la même boisson sans sucre si elle existe. Certaines de ces boissons utilisent des édulcorants mais là s'ouvre le débat sur l'inocuité de ces édulcorants...

Il ne faut pas s'interdire d'utiliser ces boissons, d'autant que les bouteilles sont souvent très belles et les goûts flatteurs, il faut juste savoir qu'une consommation régulière aura un prix surtout si on ne pratique pas une activité régulière pour brûler les sucres ingérés.

Une canette de Coca-Cola contient 35 g de sucre. Qu'en est-il de ces boissons à la mode ? 

La quantité de sucre dans ces produits est sensiblement la même à l'exception de certaines boissons dans lesquels il n'y a pas de sucres rajoutés en dehors du sucre contenu dans les fruits. Le problème du Coca, des sodas et des jus de fruits est leur acidité qui favorise l'érosion dentaire.

Comment expliquer ce mauvais procès fait au Coca-Cola dont l'origine n'est pas moins naturelle que celle de cette nouvelle génération de sodas ?

Coca Cola est une marque mondiale et son produit est très agréable au goût, de plus il contient de la caféine. Il s'agit du produit soda de "référence" car le plus consommé et le plus connu. Il est donc normal qu'il stigmatise les détracteurs de l'utilisation des sodas. J'ajoute que le secret de sa composition renforce l'ire de ses détracteurs. Mais Coca Cola ne mérite pas ce mauvais procès à lui seul. Il s'agit de la place des sodas dans notre aimentation courante qui est posée. Une présentation et un goût différent ne change rien à l'affaire. Un paramètre important : le Coca Cola est moins cher que les nouvelles boissons, on en consommera donc plus que les bouteilles de jus de grenade "branchées".

Combien de grammes de sucre est-il préférable de consommer par jour ? Que risque-t-on à aller au-delà de cette consommation ?

Ceci est un réel sujet de polémique car les recommandations nutritionnelles actuelles ont été faites non pas à la suite d'essais cliniques de grande envergure et sur une période suffisemment longue mais plutot sur les habitudes alimentaires des années 60. En clair, recommander la consommation de 50% de sucres par jour n'est pas étayée par des résultats factuels issus d'études cliniques. Pourquoi 50% en non 45 ou 60% ?

Pour ma part, je suis un farouche partisan de la consommation de sucres à index glycémique bas, c'est à dire qui déclenchent une faible augmentation du taux de sucre dans le sang (glycémie). 

Pour des raisons difficiles à comprendre, les institutions gouvernementales ne donnent aucune recommandartion sur la qualité des sucres à consommer en dehors des traditionnels céréales (sucres complexes) qui pourtant ont souvent des index glycémiques élevés. Un exemple pour illustrer mon propos: l'échelle des index glycémique est étalonnée de 0 à 100. 100 étant l'effet maximum sur l'augmentation de glycémie ;  une baguette blanche (pourtant constituée de sucres complexes) a un index moyen de 80 alors qu'une baguette dite "tradition" a un index de 50. Il s'agit pourtant de pain confectionné à partir de céréales. 

Bien évidemment après ingestion d'un repas complet et son mélange dans l'estomac, les autres aliments peuvent modifier la valeur de cet index mais pourquoi les agences sanitaires ne reconnaissent-elles pas cet indice alors qu'elles règlementent l'utilisation d'ingrédients bien moins délétères que le sucre ?

Il suffit de taper index glycémique sur Google pour obtenir des milliers de résultats d'essais cliniques.

Cet "oubli" ne fait qu"approter de l'eau au moulin des ennemis du sucre et cela n'est pas une bonne chose car le sucre ou plus exactement les glucides ont leur place dans notre alimentation quotidienne.

Vous l'avez compris, je recommande de ne pas bannir le sucre mais de consommer des sucres à index glycémique bas (inf à 50) et de temps en temps, juste pour le plaisir, des sucres à index élévé, ce que sont la plupart des boissons sujets de notre article, je le répète en dehors des boissons sans sucres ajoutés.

Quels sont les différents types de sucres ? De quelle manière agissent-ils sur notre organisme ?

Il exite dans l'alimentation plusieurs types de sucres : le sucre en poudre bien connu est le saccharose, le fructose est le sucre des fruits et enfin le lactose est un des composants du lait.

Le glucose qui est le carburant essentiel de notre organisme provient du métabolisme de ces sucres.

Les sucres ingérés hormis le fructose sont métabolisés par notre organisme grâce à une succession de processus appelés Cycle de Krebs.

Le fructose lui est métabolisé principalement par le foie. Si l'on ingère du fructose en grande quantité, on sature le foie qui ne pouvant plus métaboliser les graisses les stocke en attendant d'être plus disponible. A terme, une grande consommation de fructose va provoquer une stéatose hépatique ( le fameux foie gras est la conséquence du gavage des oies par du maïs riche en fructose.....).

Il est donc conseillé de consommer des fruits en quantité raisonnable et éviter les régimes au tout-fruit. Il est également conseillé de bien lire les étiquettes des produits industriels et boissons sucrées afin de connaitre la quantité de fructose.

Grâce aux réglementations mises en place, notre consommation de sel a diminué de 15 % depuis 10 ans. Pourquoi ne sommes-nous pas autant informé sur le sucre que sur le sel ? Quel rôle les institutions publiques peuvent-elles jouer dans notre consommation de sucre ?

Les autorités sanitaires ont accompli un gros travail sur la prévention de surconsommation de sel de table et sel caché dans les préparations industrielles. Il faut accomplir le même travail pour le sucre. Sur 100% des sucres consommés en France, seuls 15% sont consommés sous forme de sucre en poudre,  53% sont utilisés par l'industrie agro-alimentaire pour l'inclure dans des préparations  et 26% pour la production d'alcool. 

Pour l'industrie, le sucre est un bon exhausteur de goût, ce qui facilite la vente et le rachat des produits.

Est-il normal de trouver du sucre dans un pot de cornichons de marque ? Lorsqu'un consommateur achète un produit au goût salé, pourquoi ajouter du sucre ?

Ce point est important et les autorités sanitaires devraient travailler sur ces points afin d'aider le consommateur à comprendre et mieux connaître ce qu'il achète.

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