Ecouter ses envies pour manger moins, le régime qui progresse aux Etats-Unis… trop beau pour être vrai ?

Atlantico : Aux Etats-Unis, un nouveau régime prescrit d'écouter son corps plutôt de se restreindre. Cette idée selon laquelle, il faudrait manger à sa faim et quand on a envie pour conserver un poids optimal vous parait-elle justifiée ?

Patrick Tounian : Pour maigrir que l'on soit gros ou non, il faut se restreindre. Les gens ont peur de ce mot mais si on mange à sa faim, c'est-à-dire lorsque le corps réclame, on va garder le même poids, voire grossir. On ne peut pas maigrir sans réduire les calories ingérées. Il existe deux façons de réduire les calories que l'on consomme. La première est celle que l'on appelle habituellement "régime" et  qui consiste à s'asseoir à table en se disant que l'on va manger moins. C'est frustrant car on se limite et on met dans son assiette des choses qui n'apportent pas beaucoup de calories.

La deuxième technique consiste à repérer dans le cheminement de la faim à la satiété totale, un sentiment satiété partielle. On s'assied à table, au début on a très faim, puis au fil du repas, on a de moins en moins faim jusqu'à ce qu'on n'ait plus faim du tout. Ainsi, on apprend au patient à repérer la satiété partielle afin qu'il puisse d'arrêter de manger avant la satiété totale. Le résultat est qu'il va réduire les calories ingérées. Il est en restriction et il maigrit. Certain à tort interprète cela comme manger à sa faim. C'est faux, car on ne mange que jusqu'à une sensation de satiété partielle.  C'est plus efficace que la première technique car c'est moins frustrant.

Quelles sont les techniques permettant de repérer la sensation de satiété partielle ?

On va demander au patient de repérer une sensation de relative plénitude sans pour autant être repu. Vous verrez au fur et mesure du repas que vous aurez de moins en moins faim. Et il arrive un moment où l'on se dit que l'on peut s'arrêter. Mais vous avez encore de la place pour continuer le repas. On va en quelques sortes modifier le signal ressenti.

Les sollicitations en matière de nourriture sont pourtant nombreuses. Nos modes de vie actuels permettent-ils ce genre de techniques ?

C'est un travail individuel. Par exemple, dans le cas des hommes d'affaires qui sont constamment sollicités pour faire des repas, la thérapie comportementale sera plus compliquée. Dans leur cas, il vaut mieux choisir des aliments moins caloriques. C'est plutôt une technique que l'on peut pratiquer chez soi. Et pour ce qui est des sollicitations à travers les médias, il faut faire un effort cognitif.

Qu'en est-il des raisons émotionnelles qui nous poussent à manger ? Comment peut-on les contrôler ?

Les raisons émotionnelles qui poussent à manger sont très compliquées à gérer. Les personnes en restriction qui mangent pour des raisons émotionnelles sont doublement stressées. Elles ont d'une part le stress de la restriction, une faim qu'il faut combattre en permanence. Puis dès qu'un autre stress s'y ajoute, on va tenter de résoudre le stress lié à la restriction en mangeant. D'autres, dès qu'ils sont contrariés vont manger. Quand on mange de manière émotionnelle, on ne peut plus se restreindre, il fait un effort cognitif énorme pour le faire. Il fait toujours penser à repérer la sensation de faim. Et finalement écouter son corps, reviendrait à repérer les sensation de satiété partielle. Mais la satiété partielle reste une restriction.

Comment se faire plaisir malgré tout ?

On peut se faire plaisir tous les jours, on peut manger des bonbons et des chocolats tous les jours. Le plaisir quotidien contrôlé est tout à fait permis même tout à fait encouragé car cela permet de tolérer la frustration d'un régime, au moins au début.