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Désolé pour les militants anti-fourrure… Non, il n’y a pas de lien entre le lait de vache et l’autisme
©Reuters

Une autre explication à trouver

Un groupe américain de protection des animaux a lancé une campagne dénonçant le lait de vache comme étant une cause de l'autisme, basée sur quelques études discréditées ou peu significatives.

Eric  Lemonnier

Eric Lemonnier

Pédopsychiatre au CHRU de Brest et spécialiste de l'autisme, il a travaillé au Centre de ressources de l'autisme de Bretagne pendant une dizaine d'années.
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Atlantico : Pourquoi la mise en cause (voir ici) du rôle néfaste du lait dans les cas d’autisme s'avère être une erreur ?

Eric Lemonnier : la caséine, protéine contenue dans le lait de vache, est mise en cause avec le gluten depuis une dizaine d’années. Cette histoire traîne depuis très longtemps dans le milieu. Il n'y a jusqu'à présent pas eu de travaux scientifiques admis avec un niveau de preuves suffisant qui montre que le gluten et la caséine jouent un rôle important dans l’autisme. 
Depuis 15 ans certains parents se lancent dans des régimes sans gluten mais la plupart arrêtent et ne voient pas l'intérêt car c'est très contraignant. Certains disent que ça va mieux, mais quand on leur demande ils répondent que ce n'est pas l'autisme de leur enfant qui s'améliore mais éventuellement les troubles du comportement. 
C'est seulement le témoignage de quelques parents mais du coup personne n'arrive à transformer ces témoignages en niveau de preuves acceptable. On commence à travailler sur des populations importantes mais pour le moment on n'a pas assez de monde. 

Où en est-on actuellement au niveau de la recherche sur les causes de l'autisme ? Longtemps considéré comme une maladie de la relation mère-enfant et lié à l’environnement familial, l'autisme est aujourd'hui présenté comme une maladie "génétique"… 

Il y a des modèles de fonctionnement ou de dysfonctionnement psychologique différents et on adopte un point de vu ou un autre. Avant on considérait que c'était environnemental avec l’interaction précoce entre la mère, les parents et l’enfant mais là on a abandonné cette idée. Aujourd'hui il y a un consensus des scientifiques, ce qui est d'ailleurs très problématique en science, pour considérer que ce sont des troubles neuro-comportementaux qui arrivent précocement dans le développement du cerveau. Les causes sont en fait essentiellement génétiques mais aussi environnementales, il y a une interaction entre les deux. 
On ne connait pas les facteurs  environnementaux si ce n'est la prise de Dépakine, un traitement antiépileptique. On s'est rendu compte en 2005 que la Dépakine pouvait s'accompagner d’autisme mais c'est dans un petit nombre de cas et il n'y a pas de relation systématique. On est aussi loin d'en savoir plus, il n'y a rien pour le moment. De grandes études américaines sont lancées elles n'ont pas appris grand chose. Même pour les gênes c'est compliqué car on n'arrive pas à savoir lequel serait responsable. On a 300 gènes candidats aujourd’hui…Beaucoup de publications scientifiques, environ 6000 à 7000, sont publiées chaque année mais ça part dans tous les sens. Il faudrait modéliser les choses alors que nos modèles s'avèrent très partiels donc c’est très compliqué.

Où en est-on au niveau des traitements ? Le neurobiologiste Yehezkel Ben Ari et vous-même ont récemment mis au point un traitement révolutionnaire consistant à baisser le taux de chlore chez les autistes…

Yehezkel Ben Ari est un chercheur magnifique. Il a travaillé l'essentiel de sa carrière sur le développement du cerveau. Il a rencontré ma théorie selon laquelle les enfants ont une réaction paradoxale à certains traitements comme le Valium. Du point de vu thérapeutique on agit effectivement sur le taux de chlore dans les neurones. Le premier essai est encouragent, on essaye d'avancer là-dessus. C'est le premier traitement qui agit sur l’autisme à proprement parler. Pour l'instant il y a que nous mais ça ne va durer. C'est la première étape mais on n'a pas guéri pour autant l'autisme…

Le dépistage de l’autisme progresse autant que le diagnostic de ces troubles, en hausse. Les deux sont-ils liés ou assiste-t-on à une véritable recrudescence de cette maladie ?

Là encore, le débat est encore loin d'être tranché sur la hausse des cas d’autisme. Trois choses : tout le monde a un meilleur accès au soin et au diagnostic. On a aussi des classifications qui sont plus larges, avant les enfants n'étaient pas dans la case autisme. Enfin, troisième point, ça augmente peut-être mais il n'y a aucun argument définitif pour l’instant. 

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