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10 façons dont les maisons françaises ont changé depuis les années 1970
©Reuters

Habitat vivant

De la maison rectangle avec potager des années 1970 aux maisons originales, avec coin barbecue et domotique du 21e siècle, la maison rêvée des Français n'a cessé d'évoluer.

France  Poulain

France Poulain

France Poulain est architecte et urbaniste de l'Etat. Elle travaille depuis la fin des années 1990 sur les questions relatives au camping, qu'il soit ancien ou moderne, individuel ou collectif, sur parcelles privées ou en terrains de camping, de loisir ou sous forme de précarité. Elle a publié de nombreux articles et ouvrages sur ce sujet dont l'Esprit du camping (Cheminements, 2005) ou bien encore Le camping aujourd'hui en France (Cheminements, 2010).

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1. Des maisons de plus en compliquées : en 1970 les maisons étaient plus simples, ce n'est plus le cas.

En 1970, les français accèdent massivement à la propriété privée et à la maison individuelle. Il s'agit d'un mouvement d'une ampleur considérable lié d'un côté à des facilités économiques et financières dues aux Tentre Glorieuses et de l'autre, aux possibilités offertes en matière d'espace de part l'usage de plus en plus important de la voiture individuelle. Les personnes peuvent, grâce à leur véhicule personnel, aller plus loin que les espaces urbains centraux. Ils trouvent alors des parcelles où ils peuvent faire construire. Cette possibilité est si nouvelle que les formes sont simples : les maisons correspondent à une vision très utilitaire de la maison. Le rectangle est la forme la plus fréquente. L'aspect esthétique ou décoratif est laissé aux constructeurs mais n'est pas encore à la portée concrète des habitants.

Aujourd'hui, les personnes ont une bien meilleure connaissance et surtout ils sont plus indépendants face à leur volonté de faire construire. Ils ont visité beaucoup de maisons et savent mieux ce qu'ils souhaitent. Dans un même temps, et pour répondre en partie à ces souhaits de personnalisation de l'habitat, les résidents demandent des constructeurs plus d'originalité et de diversité. Les modes évoluent plus rapidement. Actuellement, les pans coupés, toitures coupées, angles ouverts (plutôt qu'à 90°)... visent à compliquer le volume simple de la maison individuelle.

2. Des aménagements extérieurs, qui touchent le jardin et les alentours de la maison

Le jardin était vécu dans les années 1970 comme un espace utilitaire. On y faisait alors son potager pour assurer une forme d'autonomie alimentaire. Il n'était pas encore question d'avoir un jardin "loisir" qui soit une extension de la maison avec veranda, terrasse, abri de jardin...

Actuellement, les résidents investissent le jardin comme étant l'espace de la sociabilité partagée, plus encore que les espaces intérieurs. Le jardin est le lieu du partage notamment avec le trio terrasse-veranda-barbecue. Il y a également une notion de compétition sociale puisqu'il faut "réussir" son jardin. Cela vient aussi du fait que nos "sens" sont bombardés par des propositions commerciales : petites lanternes photovoltaïques, nains de jardin, mobilier de jardin... et chaque année de nouveaux modèles surgissent. Plus aisément que la reconstruction ou le reformatage d'un jardin, il est alors possible -en achetant- de nouveaux objets de faire évolution son espace extérieur.

3. De l'évolution des transports : comment la progression du nombre de voitures modifie nos maisons

La voiture était dans les années 1970 un bien rare en voix de démocratisation. Les maisons comportaient donc des garages pour 1 place.
Aujourd'hui, les familles ont plusieurs voitures, notamment dans les secteurs périurbains. en effet, là où une voiture était suffisante pour se déplacer dans des zones denses des centres villes, il est nécessaire d'avoir au moins une voiture par adulte, puis d'autres modèles pour les enfants arrivés en âge de conduire et qui cohabitent encore dans la maison familiale. Les garages sont donc devenues des espaces tout à fait imposants, dotés en plus de tous les services que l'on ne souhaite pas voir dans la maison : stockage, ballon d'eau chaude...

4. Des aménagements intérieurs : comment la taille de notre mobilier traduit la taille de notre maison

Les années 1970 ont vu fleurir les premiers salons d'exposition tant pour les maisons que l'on pouvait visiter avant de choisir que pour les premiers meubles produits en série ou l'électroménager.

En 2014, nous avons accès, notamment grâce à la télévision et à internet, à un choix considérable et à tous les prix. Mais choisit-on véritablement nos produits ? Ou sommes-nous contraints par les propositions qui nous sont faites? En réalité, c'est un peu des deux en même temps puisque, si nous sommes effectivement acteurs et décideurs dans le choix, nous sommes également en permanence soumis à un flux d'information qui nous "conditionnent" pour aller dans un sens bien défini. L'exemple le plus frappant est sans aucun doute celui des canapés. Les canapés proposés actuellement (et visibles en grand sur les prospectus) font jusqu'à 3 mètres de long, avec souvent un retour en angle et une zone sans dossier où l'on peut participer à la vie de plusieurs espaces de la maison en même temps. Ces canapés ne trouvent pas leur place dans les maisons des années 1970 et plus anciennes. La maison moderne s'adapte donc à ce "besoin" créé d'avoir un grand canapé, sans qui la vie de famille serait moins intéressante, en générant de grands salons.

5. Des pièces de plus en plus multi-usage

Et si les salons s'agrandissent, les frontières entre salle à manger, salon et cuisine s'estompent.

Dans les années 1970, il est classique d'avoir une fonction par pièce, dans le respect d'un fonctionnement bourgeois du début du 20ème siècle. Les populations qui accèdent pour la première fois de leur histoire à des résidences individuelles sont donc amenées à reproduire les schémas des élites.
Mais ces modèles perdent de la force lorsque les références sociétales ne sont plus édictées par les élites que l'on est amené à fréquenter mais par les téléfilms et films que l'on voit à la télévision et au cinéma. C'est l'espace qui devient l'élément central dans notre conception de la maison. Les murs doivent s'effacer pour laisser place à une vie de famille plus riche et plus interactive. Le loft des années 1990 restant comme une référence mais non plus comme idéal car les pièces de nuit (chambre, salle de bain...) sont toujours séparées des espaces de jour.

8. De l'uniformisation internationale des intérieurs : comment les séries télévisées tendent à recréer nos décorations

L'image stéréotypée véhiculée par les films et téléfilms est renforcée et mise à la portée de tous et de toutes par les magazines et les émissions de télévision. Si les images étaient "papier" dans les années 1970, ce qui limitait quelque peu leur diffusion et en tout cas, créait des choix peu nombreux, les possibilités offertes aujourd'hui conduisent à une multitude de choix. Pour autant, l'ensemble des choix se focalise sur quelques grands modèles : le Château de Versailles, les grandes maisons américaines...

6. Des améliorations d'ordre technologique : comment l'air climatisé se substitue à la cheminée

A la suite des grands travaux d'infrastructures issus de l'après-guerre, les lotissements des années 1970 offrent la possibilité aux nouveaux habitants d'être dans des logements isolés, propres et où tous les réseaux arrivent : eau, électricité et gaz. Les eaux usées sont également traitées, le plus souvent sur la parcelle.

Ces réseaux continuent à être au coeur des maisons actuelles, mais l'on voit arriver de nouvelles technologies qui assurent aux maisons d'être plus indépendantes, notamment en terme d'énergie. Les réglementations thermiques évoluent et il n'est pas rare aujourd'hui de rencontrer des personnes ayant fait construire des maisons dites passives, c'est à dire qui ne nécessitent pas d'apport énergétique. On est loin des maisons des années 1970 chauffées au fioul, mais c'était avant bien sûr avant le crack pétrolier.

7. De la domotique

Les maisons des années 1970 facilitaient la vie des ménages en devenant le réceptacle d'objets : four, machine à laver le linge... tout rendait la vie des ménages plus facile. L'électricité devenait également la référence et la lumière était rendue permanente et ce, à toute heure de la journée.

Si quelques maisons, construites par des ingénieurs ou des architectes, étaient dotées d'outils plus modernes ; cela n'était pas pour autant la norme. Aujourd'hui, il est fréquent que les volets, l'alarme, les lumières... soient dirigées par des ordinateurs et que les habitants puissent les diriger grâce à leur smartphone. Cette évolution est en progrès permanent et des évolutions, sans doute aujourd'hui impensables, sont à venir.

9. Des résidences secondaires : comment la seconde demeure progresse au détriment de la caravane

Si la caravane apparaissait comme la forme la plus aboutie de résidence secondaire pour de nombreux habitants de maisons individuelles dans les années 1970, notamment au regard de l'inconfort de la tente qui avait été plébiscitée après guerre, c'est le mobile home ou la véritable maison qui est devenu la référence pour une résidence secondaire. Cette évolution est très cohérente si on la relie à la volonté d'avoir "de l'espace". En effet, la résidence principale ne suffit plus à satisfaire pleinement les urbains des années 2010, ils ont soif de résidences secondaires pour avoir un espace pour leur temps libre qui soit aussi important (voire plus) que celui de leur temps travaillé. La maison de vacances est également pleinement investie par un imaginaire de liberté qui tend à la rendre quasi indispensable.

10. Le rapport entre famille et maison

La maison des années 1970 était le lieu de création et d'évolution des familles, dans le sens le plus traditionnel du terme. Un couple, désireux d'avoir des enfants ou de les faire grandir dans un environnement de qualité, s'achetait une maison.

L'évolution de la composition des familles due notamment à l'augmentation des divorces a conduit à ce que les maisons soient aujourd'hui parfois le lieu d'une partie de la famille, et que cette première maison de l'un des parents soit couplée à une seconde, celle du second parent. Il n'est pas rare alors de voir des maisons ayant jusqu'à 5 ou 7 chambres pour les enfants de familles recomposées. Les espaces de nuit sont alors clairement individualisés et les espaces de jour partagés.

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