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Pourquoi  Hollande reste serein dans la tempête et pourquoi il a tort
©Reuters

Tranquille

Le score historique du Front National aux dernières européennes laisse penser que Marine Le Pen possède de grandes chances d’être présente au second tour de la prochaine présidentielle. Reste à savoir face à qui. Mais tout cela ne semble pas perturber outre mesure François Hollande.

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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Pour avoir croisé récemment le Président de la République et échangé quelques mots avec lui, je peux vous dire ici qu’en dépit des mauvaises nouvelles qui s’amoncellent dans le ciel de l’Elysée, l’homme reste zen. Outre que la nature a doté François Hollande d’une solide aptitude au bonheur, le chef de l’Etat fonde son optimisme sur une analyse de la situation politique qui n’est pas dénuée de pertinence. Selon ses proches et lui-même, rien n’est perdu pour 2017, bien au contraire. Le score historique du Front National aux dernières européennes laisse penser que Marine Le Pen possède de grandes chances d’être présente au second tour de la prochaine présidentielle. Reste à savoir face à qui. La droite ? En complète décomposition, nul ne semble capable, aux yeux de François Hollande, de diriger le chantier de la reconstruction. Juppé ? Trop vieux. Lemaire ? Trop jeune. Fillon ? Trop… rien. 

Le Président de la République est convaincu que le retour de Nicolas Sarkozy est devenu inéluctable. Mais il est aussi convaincu que son prédécesseur lui convient à la perfection. D’abord, parce que l’électorat lepéniste n’aura plus jamais la tentation de Nicolas après les trahisons du quinquennat 2007/2012 (l’ouverture à la gauche, la disparition du ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale, la politique européenne placée sous le signe du « merkozysme », etc). Ensuite, parce que Nicolas Sarkozy, chiffon rouge écarlate, lui serait d’un précieux soutien pour parvenir à rassembler cette gauche remuante. 

Quant à la concurrence interne qu’aurait pu incarner Manuel Valls, ce dernier a tout de même reçu un petit coup sur la tête avec la dégelée du 25 mai. Quand on ne parvient pas à restaurer sa cote dans les sondages, on peut toujours s’amuser à faire baisser celle de l’adversaire… Le paysage ne paraît donc pas si désolant que cela, vu de la fenêtre du bureau présidentiel.

Mais quand on y regarde de plus près ou de plus haut, ce décryptage tient du wishful thinking. Dans le camp même du Président, les couteaux s’aiguisent. Des parlementaires socialistes, on l’a vu récemment, prennent leurs distances avec les « pactes » et les « chocs » hollandais. Ils sont décidés à mener la vie dure au Premier ministre tant que celui-ci continuera de mener sa barque social-démocrate avec autorité. Plus problématique encore, un Arnaud Montebourg, très apprécié par le peuple de gauche et même la gauche de la gauche, compte imposer à Hollande de nouvelles primaires en 2016, les statuts du PS n’exonérant pas un président sortant de l’épreuve dans l’hypothèse où il souhaite se représenter. 

Si rien ne change, le ministre de l’Economie, zélé défenseur du made in France toujours partant pour faire barrage de son corps face aux méchants investisseurs  qui veulent croquer notre industrie, aurait de bonnes chances de l’emporter face dans une consultation ouverte. Il est même possible que le Front de Gauche de Jean-Luc Mélenchon mobiliserait ses troupes en faveur du sémillant avocat de la démondialisation dés cette primaire, s’il s’agit bouter Hollande loin du pouvoir. 

Certes, il s’agirait d’un scénario inédit. Mais quand les Français craquent, il faut s’attendre à tout.

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