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Fusée Ariane : une technologie pas si pointue que ça...
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Ariane et les autres

Un nouveau tir de la fusée européenne Ariane 5 est prévue cette nuit depuis la base de Kourou, en Guyane. La concurrence fait rage entre les Européens, les Américains et les Russes. L'occasion de faire un point sur le marché des lanceurs spatiaux avec Jacques Villain, physicien, membre de l'Académie de l'Air et de l'Espace.

Jacques Villain

Jacques Villain

Jacques Villain est ingénieur, spécialiste de l'histoire de la conquête spatiale, membre de l'Académie de l'Air et de l'Espace.

Il est l'auteur de Irons-nous vraiment un jour sur Mars ? (Vuibert, février 2011)

 

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Atlantico : Quelle est l’utilité principale des lancements de fusées Ariane ?

Jacques Villain : Ariane est complètement dédiée au marché des satellites de télécommunications. 90% des satellites lancés par Ariane sont des satellites qui servent à la télévision, à internet, à l’ensemble des télécommunications. Cela répond à un besoin commercial et plus généralement à un besoin de notre société. 10% qui restent sont soit des satellites militaires soit des satellites scientifiques mais cela reste très marginal.

Quels sont les concurrents les plus sérieux d’Ariane ?

Une multitude de pays place des satellites dans l’espace. Le principal concurrent d’Ariane c’est le lanceur Proton qui a été fait en union soviétique au début des années 60. Il est aujourd’hui géré par une société internationale appelée « ILS » (International Launch Services). Un autre concurrent est le programme Sea Launch qui réutilise un lanceur également conçu par les soviétiques pendant la Guerre froide. C’est un programme managé par les Américains. Du coté asiatique, les Japonais disposent eux-mêmes de leur propre lanceur spatial. L’Agence d’Exploration Aérospatiale japonaise (JAXA) s’implique très régulièrement dans la mise en orbite de satellites. Les chinois ont eux aussi lancé leur propre satellite. En résumé, plus d’une demi-douzaine de pays disposent de lanceurs et sont actifs sur ce marché. Ariane reste tout de même le lanceur le plus fiable et le plus économique.

Le nombre croissant d’acteurs dans ce domaine ne donne-t-il pas lieu à de l’espionnage économique comme dans certains autres domaines ?

Ces technologies de lanceur spatial tout le monde les possède aujourd’hui. Tout est dans la presse. Tout est dans le domaine public. Les moteurs d’Ariane ont largement été expliqués, tout le monde est capable de les reproduire. La technique des lanceurs spatiaux est connue depuis plus de 50 ans. Ariane est faite par une douzaine de pays en Europe. Tout est partagé, tout est connu. Il y a des congrès tous les ans qui expliquent en détail ce que l’ont fait. Il n’y a pas d’espionnage possible.

Existe-t-il plusieurs types de lanceurs spatiaux ? Lesquels sont les plus efficaces ?

Il y a deux grands types de lanceurs spatiaux. Vous avez les lanceurs conventionnels qui ont été mis au point à partir de 1957. Ceux-là utilisent plusieurs étages propulsifs. Une fois que ces étages propulsifs ont fonctionné, ils retombent soit sur terre, soit en mer. Ne reste que le satellite. A partir de 1981, les Américains ont mis en service des lanceurs « navettes » dont certains éléments sont récupérés pour diminuer les coûts de lancement. Manque de chance, l’inverse s’est produit. Au lieu de diminuer les coûts, ils les ont augmentés singulièrement. La navette n’est plus du tout compétitive, on n’en verra plus jamais, c’est fini !

Peut-on s’attendre à des avancées technologiques dans le domaine des lanceurs spatiaux ?

Ce qu’on demande à un lanceur, c’est de mettre une masse en orbite avec une fiabilité la plus élevée possible et le moins cher possible. Il n’y aura pas d’avancées technologiques. En matière de lanceurs spatiaux, nous sommes arrivés au bout de nos possibilités. Au contraire, maintenant, les chercheurs essayent de faire le plus simple et le plus économique possible. On utilise déjà les carburants les plus performants, il n’y en pas d’autres. Le lanceur Soyouz, qui est celui qui a effectué le plus grand nombre de vols (1800) a été conçu en 1953. La preuve : les Américains abandonnent la navette pour revenir au lanceur classique.

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