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Fonctionnaires, commissaires, députés… Qui gagne quoi au sein de l'Union européenne ?
©Reuters

Privilégiés

375 000 euros brut par an pour le président de la BCE, 320 000 euros brut pour le président de la Commission, 12 000 euros par mois pour un eurodéputé, etc..

Gilles Gaetner

Gilles Gaetner

Journaliste à l’Express pendant 25 ans, après être passé par Les Echos et Le Point, Gilles Gaetner est un spécialiste des affaires politico-financières. Il a consacré un ouvrage remarqué au président de la République, Les 100 jours de Macron (Fauves –Editions). Il est également l’auteur d’une quinzaine de livres parmi lesquels L’Argent facile, dictionnaire de la corruption en France (Stock), Le roman d’un séducteur, les secrets de Roland Dumas (Jean-Claude Lattès), La République des imposteurs (L’Archipel), Pilleurs d’Afrique (Editions du Cerf).

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S’il y a deux endroits où l’on peut compter sur des rémunérations rondelettes avec des avantages coquets, ce sont bien la Commission européenne et le Parlement de Strasbourg. Mais les places sont chères, et le chemin pour parvenir au sommet particulièrement ardu. Pour tout dire, sans jeu de mots, il y a peu d’élus. En haut de la pyramide, palme d’or de la rémunération, Mario Draghi,  le président de la Banque Centrale Européenne ( BCE) qui émarge à près de 375 000 euros brut annuels.  En seconde position, arrive le président, pour quelques semaines encore, de la Commission européenne, le portugais José Manuel Barroso. Rémunération : plus de 320 000 euros brut. Toujours annuels. Lorsqu’il quittera effectivement ses fonctions, Barroso devrait pouvoir compter sur "une indemnité de réinstallation" de l’ordre de 25 000 euros et "une indemnité de transition" d’un peu plus de 190 000 euros annuels qui lui seront versées pendant trois ans. Ces mêmes avantages devraient donc profiter à  Jean-Claude Juncker, ancien Premier ministre luxembourgeois, qui fait figure de favori pour succéder à Barroso après les résultats des Européennes du 25 mai. Comme son prédécesseur, Juncker devrait donc avoir droit à une "indemnité de résidence" et de "représentation" qui devrait tourner autour de 350 000 euros.

Derrière ce duo, suivent les vice-présidents de la Commission européenne, choisis parmi les 28 commissaires, qui perçoivent, chacun, un peu moins de 290 000 euros brut annuels. Pas très loin arrive le médiateur européen, -l’Ombudsman poste créé par le traité de Maastricht de 1992- qui reçoit un salaire annuel d’environ 250 000 euros brut. Quant aux 27 juges et 8 avocats généraux de la Cour de Justice européenne – nouvelle dénomination de la Cour de justice près des Communautés européennes-, ils perçoivent chacun environ 240 000 euros annuels brut. Contrairement à une idée reçue, les fonctionnaires de l’Union européenne sont assujettis à l’impôt. Il est prélevé à la source. Progressif, comme en France, il comporte plusieurs tranches qui varient selon les revenus : de 8% jusqu’à 45% pour ceux supérieurs à 10 000 euros. De même, les fonctionnaires européens s’acquittent des taxes dues pour toute personne résidant en Belgique : TVA, taxes locales et impôts régionaux.  Si les impôts ont de quoi perturber, en revanche, question retraite, les fonctionnaires n’ont guère de raisons de se plaindre : en 2010, par exemple, 340 fonctionnaires sont partis en retraite anticipée… à 50 ans, pour percevoir, chacun, 9 000 euros de pension par mois. Que dire encore du  greffier de la Cour de Justice, Roger Grass, parti  en retraite à 62 ans, en juin 2010, après  15 ans et 9 mois d’activités au sein de la juridiction pour toucher une pension mensuelle de 12 512, 25 euros ! Une autre retraite dorée l’attendait à Paris : conseiller à la Cour de cassation en service extraordinaire où il a été nommé sur proposition du Conseil supérieur de la magistrature.

A regarder de près, les traitements des dirigeants de la Commission supportent la comparaison avec celles allouées aux chefs d’Etat  ou de gouvernement européen. François Hollande, par exemple, émarge à un peu moins de 180 000 euros par an ( cela est dû à une baisse de 30% du traitement du Président et des ministres décidé par un décret du 24 août 2012), la Chancelière Angela Merkel ( en comptant son indemnité de membre du Bundestag), 255 000 euros. D’où ce cri poussé par Philippe de Villiers dans Le Monde  ( 31 mars 2009) : "Barroso champion du monde !"… Un champion du monde loin, très loin devant  le président de Russie, Vladimir Poutine dont le traitement atteindrait aujourd’hui à peine 100 000 euros par an tout comme celui de son premier ministre Dmitri  Medvedev… Que dire encore du traitement du président de la Bolivie, Evo Morales, qui culmine à 1 500 euros par mois ou du pittoresque José Mujica, président de l’Uruguay depuis 2010, qui refuse de résider dans le Palais présidentiel, préférant vivre dans une ferme non loin de Montevideo, où il cultive des fleurs avec son épouse : il gagne 900 euros par mois après avoir redistribué 90% de son salaire à des œuvres caritatives.

Avec une plongée au sein du Parlement européen, on descend d’un cran sur la question des rémunérations par rapport aux  fonctionnaires . Encore qu’elles soient décentes  grâce aux avantages qui s’y rattachent. Glissons sur l’immunité parlementaire, qui est identique à celle dont bénéficie le parlementaire français pour entrer dans le vif du sujet. Le traitement mensuel d’un parlementaire européen se situe exactement – selon une enquête  fouillée du Journal du Net ( JDN du 21 mars 2014) à 7956 , 87 euros brut par mois. (Celui du député français est de  7100, 15 euros). Une fois déduction opérée de l’impôt européen et de la cotisation assurance accidents, l’indemnité s’établit à 6 200, 72 euros.  A cette somme s’ajoute  4299 euros par mois destinés à couvrir les frais du parlementaire dans son pays. Que ce soit les notes de téléphone, l’équipement informatique ou les divers déplacements. Attention : tout député, qui sans apporter de justification valable, n’est pas présent à la moitié des séances au cours d’une année parlementaire, verra son indemnité réduite de moitié. C’est dire que le député bon élève, assidu, peut espérer percevoir 12 255, 87 euros brut par mois. Sur présentation de pièces justificatives, le député se verra rembourser,  à hauteur de 4 243 euros par an, ses titres de transport lorsqu’il part assister à une réunion. Pour chaque jour de présence aux organes du Parlement, le député a droit à une indemnité forfaitaire  de 304 euros. Enfin, si une réunion se tient hors de l’Union européenne, l’élu  reçoit une indemnité journalière  plafonnée à 152 euros, les frais d’hébergement étant remboursés séparémen. Si les 751 eurodéputés ne sont pas à plaindre, on comprend mieux pourquoi en égrenant cette liste de privilège, voire de prébendes en ces temps de disette économique, les Français ont montré le 25 mai, que leur méfiance à l’égard de l’Europe était à son comble.

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