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L’Union européenne fait la force ? Un argument bien faiblard pour convaincre les eurosceptiques
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À bout de souffle

L'Europe actuelle ne constitue pas un véritable atout pour notre pays car elle ne fait que privilégier l’élargissement à l’approfondissement.

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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Les défenseurs de la construction européenne, qu’ils soient du PS ou de l’UMP, éprouvent toutes les difficultés du monde  à emballer la campagne. Pour une raison évidente : leurs avertissements martelés sur toutes les ondes depuis un mois ressemblent furieusement à des éléments de langage préparés par les états-majors des partis, sans souffle, sans conviction. Quels sont-ils ?

  • Attention, si le Front national arrive en tête au soir du 25 mai, nous deviendrons la honte de l’Europe.
  • D’ailleurs, si l’on appliquait la principale proposition de Marine Le Pen, la sortie de l’Euro, nous aurions de l’inflation et, de fait, une perte de pouvoir d’achat.

Depuis que la présidente du FN s’est mise à l’économie, elle a pu rôder son argumentation sur ces différents points et parvient, peu ou prou, à noyer les électeurs dans un gloubiboulga de chiffres qui sèment le doute dans les esprits. Et lorsque nos europhiles militants n’agitent pas des chiffons rouges et tentent de présenter l’UE sous un jour positif, ils ressassent la même antienne : pour lutter à armes égales avec la Chine, les Etats-Unis et les pays émergents, il vaut mieux s’unir, former un bloc plus riche, démographiquement plus important, plutôt que de se replier sur soi et de vivre dans la nostalgie d’un monde où la France comptait parmi les grandes puissances politiques et économiques.

Ce dernier argument qui semble relever du bon sens est, à mon avis, très contestable. La sagesse populaire nous rappelle que parfois, "mieux vaut rester seul que mal accompagné".Cette Europe, telle qu’elle s’est construite, privilégiant l’élargissement à l’approfondissement, ne constitue pas un atout pour notre pays, lesté par des pseudos partenaires qui n’ont pas la volonté ou pire encore, pas la capacité de soutenir une véritable stratégie industrielle à l’échelle continentale.

La France, en revanche, qui possède encore quelques champions du monde, n’a aucun complexe à nourrir du fait de sa petite taille ou de son poids démographique. Rien ne nous empêche, par exemple, de développer de l’activité avec les Chinois qui ne se préoccupent jamais de savoir si leurs partenaires sont petits ou grands. Ils collaborent activement, entre autres, avec la Suisse et Israël parce que ces deux nations leurs sont complémentaires. L’Etat hébreu, qui compte parmi celles qui déposent le plus de brevets et accompagne des centaines de sociétés cotées au Nasdaq, fascine les hommes d’affaires de l’Empire du milieu pour sa capacité à innover. Nos voisins helvètes, financiers pragmatiques, multiplient les joint ventures avec les Chinois, boostant ainsi leur croissance et ne s’éternisent pas dans des débats anachroniques sur la perte de souveraineté qu’entraînerait ces investissements venus d’Asie.

En 2009, Daniel Cohn-Bendit, leader des Verts aux dernières élections européennes, avait obtenu 16,28% des voix. L’eurodéputé n’a pas réalisé ce score, historique pour son parti, sur la base de propositions écologiques révolutionnaires, il avait surtout su donner envie d’Europe par une passion et un franc-parler qui manquent cruellement à cette campagne. Cette année, Daniel Cohn-Bendit a décidé d’abandonner son mandat et de mettre sa faconde au service de la prochaine Coupe du monde au Brésil qu’il commentera pour Arte. Personne n’a pris sa place.

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