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11 choses concernant la génération Y qui façonneront la France de demain
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Trente glorieuses

Ils représentent aujourd'hui 21 % de la population française, soit 13 millions de personnes. Ils sont technophiles, boivent beaucoup et se marient tard. Ils sont également les plus touchés par la récession. Ce "ils", c'est la génération Y, cette génération qui composera la France de demain, celle qui influencera également son économie.

Gilles Saint-Paul

Gilles Saint-Paul

Gilles Saint-Paul est économiste et professeur à l'université Toulouse I.

Il est l'auteur du rapport du Conseil d'analyse économique (CAE) intitulé Immigration, qualifications et marché du travail sur l'impact économique de l'immigration en 2009.

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Olivier Rollot

Olivier Rollot

Olivier Rollot est un journaliste spécialisé dans l'éducation et la jeunesse. Depuis 2012, il est le directeur exécutif du pôle communication et relations presse pour le cabinet Headway Advisory, spécialisé dans le conseil et la formation des acteurs de l'enseigment supérieur et de la formation. 

Il a publié en 2012 Génération Y aux éditions PUF.

 

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Voici 11 affirmations sur la génération Y, validées par le journaliste spécialiste de la jeunesse Olivier Rollot et analysées par l'économiste Gilles Saint-Paul

  • Les jeunes de la génération Y ont été particulièrement touchés par la récession

Ces problèmes ne sont pas spécifiques à cette génération, mais au fait que la structure du marché du travail français pénalise particulièrement les jeunes. En particulier, le gros des destructions d’emploi concerne des fins de CDD, et les jeunes sont la catégorie pour laquelle la part des CDD est la plus élevée. De plus, l’influx de jeunes sur le marché du travail est mécaniquement plus élevé que pour les autres catégories à cause des sorties du système éducatif. Pendant une récession le flux de création d’emploi est faible et c’est donc le chômage des jeunes qui augmente le plus rapidement.

  • Ils sont moins actifs concernant la recherche d'emploi

Les spécificités de cette génération dans le rapport au travail sont très exagérées. Les travaux de Jean Pralong ont montré qu’une fois intégrée dans l’entreprise, la génération Y adoptait les mêmes comportements et les mêmes codes que ses aînés. De même, il n’y a pas de raison sérieuse de penser qu’ils sont moins actifs concernant la recherche d’emploi. Au niveau de l’ensemble de l’économie, de tels comportements se traduiraient par un déplacement vers l’extérieur de la relation entre chômage et emplois vacants, que l’on appelle courbe de Beveridge. Or on n’a pas observé un tel phénomène dans les années 2000.

  • Ils jouissent d'un pouvoir d'achat moindre relativement aux générations précédentes

Cette génération paye les pots cassés de la hausse du coût du logement ; elle va devoir y consacrer une part plus élevée de son revenu que la génération précédente qui a largement bénéficié des plus-values immobilières. On assiste donc à un transfert important au détriment de la génération Y et au profit des générations précédentes. De plus, la génération Y sera sans doute la première pour qui des familles instables sont la norme. On peut imaginer que cela affectera la structure de sa consommation ; par exemple les postes transports, services à la personne, et frais juridiques devraient augmenter. Enfin, cette perspective devrait également affecter son taux d’épargne, son taux de fécondité, et sa motivation pour progresser dans l’entreprise, bien que ces derniers effets n’aient pas (encore) été mis en lumière.

  • Ils se marient généralement plus tard, contrairement aux générations précédentes, et songent réellement à former une famille au-delà des 30 ans, pas avant

En ce qui concerne les hommes, cette évolution des structures familiales devrait réduire leur motivation et leur intérêt pour leur carrière. D’une part, ils ont besoin de ressources moindres puisque leur famille se forme sur le tard et que leur épouse travaille dans la plupart des cas. De l’autre, ils savent que leur épargne et leurs revenus sont vulnérables à l’éventualité du divorce, qui est de plus en plus fréquente. Pour des raisons symétriques, on s’attend à une évolution inverse en ce qui concerne les femmes, l’instabilité familiale les rendant plus dépendantes du marché du travail que par le passé.

  • Ils sont mieux informés et prennent plus soin de leur santé - ou du moins essaient - que les générations précédentes

Au regard de leurs comportements à risque, je ne vois pas ce qui permet d’affirmer que les membres de cette génération prennent plus soin de leur santé que ceux des générations précédentes.

  • Ils boivent plus fréquemment que les générations précédentes

Cette assertion est sans fondement. D’après l’INSEE, les ventes d’alcool ont diminué de 15 % entre 2000 et 2010. La proportion de consommateurs quotidiens n’est que de 7 % chez les hommes de 26-34 ans, et seulement 1 % pour les femmes. En revanche, elle s’établit à 30 % chez les hommes de 55-64 ans, et à 45 % chez les plus de 65 ans. Inversement, on constate qu’en dépit de l’explosion du prix des cigarettes et des campagnes anti-tabac, la génération Y fume plus que les générations précédentes (près de la moitié des hommes de 26-34 ans, contre seulement 20 % chez les 55-64 ans). Et la consommation d’héroïne et de cocaïne semble en hausse constante depuis 2000.

  • Ils sont technophiles, contrairement aux générations précédentes

Les études sur cette question se contredisent. Il est clair que surfer sur internet à des fins personnelles est un coût, en soi, pour l’entreprise. Mais on peut penser que cela concerne des salariés pendant des plages où ils ont peu de tâches à effectuer (le web remplaçant en quelque sorte les mots croisés…). Et, inversement, internet permet d’accéder aux informations dont on a besoin en un temps quasi-nul. Le fait d’être à l’aise avec les moteurs de recherche et autres arcanes de l’informatique représente un atout indispensable pour l’entreprise.

  • Ils adorent les médias sociaux

Les médias sociaux permettent aux entreprises d’accéder à des informations sur leurs employés ou leurs recrues potentielles qui par le passé seraient restées privées. Cela leur permet d’être plus discriminantes dans leurs stratégies d’embauche. Mais ces comportements intrusifs, une fois anticipés par les individus, devraient les rendre plus prudents et conformistes.

  • Ils sont les descendants des baby-boomers. Ils représentent aujourd'hui 21 % de la population française, soit 13 millions de personnes. 

On devrait s’attendre à une amélioration du marché du travail due à l’effet mécanique des départs en retraite des baby-boomers. Mais les membres de la génération Y risquent de pâtir d’un niveau de vie assez faible du fait des transferts considérables au profit des générations précédentes. Ces transferts se concrétisent par les charges sociales élevées sur les salaires, qui servent à financer les retraites. Il est d’ailleurs étrange que l’on n’ait pas observé une mobilisation plus forte de ces générations en faveur d’un allongement de la durée de cotisations. Ils ne semblent pas être conscients que la timidité des réformes mises en œuvre se fait à leur détriment.

On court le risque d’une hémorragie des jeunes diplômés les plus talentueux, qui préfèreront s’installer dans des pays où le poids des transferts sociaux est moindre. La globalisation des modes de vie et l’aspect connecté du monde moderne facilitent de tels choix. Et ces départs ne feraient qu’appauvrir ceux qui restent.

  • Ils sont mieux éduqués que les générations précédentes

Certes, la proportion de jeunes titulaires d’un diplôme est plus élevée que par le passé. Mais la qualité de l’éducation reçue semble se dégrader, comme en témoignent les études du type PISA. 20 % des jeunes de 15 ans seraient illettrés. Cela préoccupe les entreprises qui préfèreraient que les diplômés les moins doués de l’enseignement général suivent des filières plus professionnalisantes,  ce qui est également dans leur intérêt.

  • Ils habitent principalement les grandes villes 

Bien que les géographes aient récemment montré l’existence de clivages importants entre les grandes agglomérations et le périurbain, je ne pense pas qu’en ce qui concerne les 20-35 ans leur forte concentration dans les grandes villes soit préoccupante. Elle s’explique principalement par leur situation familiale et les conditions du marché du travail. On peut penser qu’une proportion significative d’entre eux se déplacera dans le périurbain après avoir fondé une famille ; bien que cela dépende de l’évolution du marché de l’emploi dans ce type de zone.

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