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De quelle Europe avons-nous besoin ?
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Tribune

Une tribune de Jean-Christophe Fromantin.

Jean-Christophe Fromantin

Jean-Christophe Fromantin

Jean-Christophe Fromantin est Maire de Neuilly-sur-Seine depuis 2008 et député des Hauts-de-Seine depuis 2012. Entrepreneur dans le secteur du commerce international, il a créé plusieurs sociétés et il est l’un des rares chef d'entreprise à siéger à l’Assemblée nationale. Il crée le groupe UDI à l’Assemblée nationale avec Jean-Louis Borloo en 2012 puis participe à la création de l’UDI dont il fut candidat à la présidence et vice-président jusqu'en novembre 2014.

Convaincu que la France a besoin d'un grand projet qui confirme sa vocation dans la mondialisation, fixe ses axes de croissance et stimule son attractivité, Jean-Christophe Fromantin est à l'origine du projet d’Exposition Universelle pour la France en 2025.

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A quelques jours des élections européennes, force est de constater l’indifférence que suscite une fois de plus cette campagne, et de regretter malheureusement, que ceux qui sont les plus bruyants sont ceux qui fustigent l’idée même de l’Europe pour tenter de nous ramener vers une configuration étriquée, strictement nationale, celle-là même qui nous mènerait inexorablement à l’isolement. L’Europe est un bel héritage, il est de notre devoir de lui redonner une ambition à la hauteur de celle de Schuman, d’Adenauer ou  de Gasperi. C’est une condition essentielle à la construction de l’avenir et à la prospérité des nouvelles générations. L’Europe s’est créée pour faciliter notre adaptation à un nouveau monde en préservant la paix et la prospérité. C’est à partir des mêmes enjeux et des mêmes valeurs que nous devons revitaliser l’Europe, et nous poser la question : "De quelle Europe avons-nous besoin pour nous développer dans la mondialisation ?"

Trois orientations me paraissent fondamentales pour relancer une ambition européenne :

La première vise d’abord à accélérer la mobilité et les échanges entre les européens. A quoi sert l’ouverture de nos frontières si nous ne stimulons pas en permanence cette dynamique d’échange ? La mobilité entre les hommes passe par des connexions plus nombreuses et plus rapides entre nos territoires. C’est une condition essentielle à la création de valeur dont nous avons besoin pour réamorcer une volonté d’initiative commune, pour susciter des coopérations entre nos régions et accélérer le développement économique et l’emploi. Cette mobilité serait également indispensable pour accompagner les opportunités ou amortir les évolutions que provoquerait une meilleure intégration des économies de la zone Euro. Ce programme de développement des mobilités devrait inspirer un grand plan d’investissement financé directement par un appel public à l’épargne des citoyens européens. Il pourrait être à la fois un formidable levier de mobilisation mais aussi un nouvel axe de coopération et d’innovation pour nos industries européennes. Des débats comme celui qu’a suscité l’affaire Alstom devrait nous y inciter très fortement…

La deuxième orientation est celle qui consiste à se doter d’une politique économique cohérente et intégrée. La réussite de l’Europe mérite que nous proposions une trajectoire de convergence économique ; elle serait d’abord établie entre les pays membres de la zone Euro pour se prolonger progressivement vers les autres pays, pour autant qu’ils adhèrent au projet et qu’ils valident un pacte de cohérence budgétaire. Cette convergence est importante si nous voulons faire de la zone Euro un véritable espace de prospérité. C’est un chantier qui passe par une politique économique intégrée, par la mise en place d’une ressource fiscale propre et dynamique, par des stratégies industrielles complémentaires et cohérentes, par une politique partagée de commerce international et enfin par une réforme de nos institutions pour une gouvernance plus démocratique de la zone Euro. Et à ceux – souvent naïfs – qui considèrent la valeur de l’euro comme la principale raison d’une faible compétitivité, au delà des contre-vérités qu’ils véhiculent, n’hésitons pas à leur rappeler d’une part que l’excédent commercial de cette zone est de près de 20 milliards d’euros et d’autre part, qu’il nous faut aussi considérer les importations comme un facteur essentiel à notre compétitivité – et que, de ce point de vue, l’euro fort est un élément favorable à une politique de développement de notre valeur ajoutée –. Avec un solde commercial de +198 milliards d’euros, l’Allemagne apporte la preuve de la pertinence d’une telle stratégie pour les économies à fort potentiel d’innovation…

La troisième orientation est celle qui devrait permettre à l’Europe de prendre des positions sur les grands sujets de politique internationale. L’Europe n’existera réellement que si les pays qui la composent se dotent d’une doctrine commune sur les grands enjeux du monde. L’Europe ne doit pas se laisser constamment percuter par les crises d’un monde en mouvement, lesquelles, les unes après les autres, révèlent soit son atonie, soit son défaut d’anticipation ou le plus souvent l’absence d’un projet commun.

Si l’Europe veut exister elle doit réfléchir et travailler – en lien avec les gouvernements des pays membres mais aussi avec les acteurs de la société civile, les entrepreneurs et les universitaires – sur les grands enjeux contemporains ; elle doit proposer des lignes politiques qui renforceront sa cohésion et faciliteront très naturellement ses prises de position à travers le monde. L’environnement, la sécurité, la culture, la coopération avec l’Afrique ou l’énergie sont autant de thèmes qui devraient mobiliser de grands forums européens. Ils permettraient de forger progressivement une ambition commune, ouverte sur le monde, inspirée des valeurs humanistes, des racines culturelles et de l’esprit rayonnant des pères fondateurs de l’Europe.

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