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Conférence annuelle de la fondation Bitcoin : la monnaie complémentaire menacée par les dissensions internes ?
©Reuters

Remous

La conférence annuelle de la Fondation Bitcoin, qui a débuté vendredi, se déroule sur fond de controverse. Dix membres de la fondation ont démission cette semaine suite à l'élection de Brock Pierce comme nouveau directeur.

Pierre-Louis D'Argenlieu

Pierre-Louis D'Argenlieu

Pierre-Louis d'Argenlieu est consultant en transformation organisationnelle dans un grand cabinet international. Il s’intéresse particulièrement aux problématiques liées à l'innovation et aux réseaux sociaux.

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Atlantico : La bitcoin foundation, organisation sans but lucratif qui s'engage à protéger et promouvoir le bitcoin, est animée par de nombreuses dissensions, suite à la récente nomination de son nouveau porte-parole Broc Pierce. Comment expliquer cette fracture au sein de l'administration bitcoin ?

Pierre-Louis d'Argenlieu : The Bitcoin Foundation (TBF) est une fondation qui a pour mission de promouvoir publiquement l’utilisation de la technologie de transaction Bitcoin. C’est en quelque sorte un lobby sans aucun pouvoir direct sur le fonctionnement du protocole. 

Crée en 2012, la TBF est un organisme jeune qui a mis toute son énergie à communiquer sur la qualité technique de la technologie assurant à ses utilisateurs un moyen de paiement robuste. Erreur de jeunesse plus qu’intention perverse, les candidats à l’élection au conseil d’administration de la TBF ont été choisis pour leurs qualités d’entrepreneur sans accorder d’attention particulière à leur casier judiciaire.

Ainsi, 65% des 102 membres votants de la TBF ont élu démocratiquement Brock Pierce comme nouveau membre dirigeant de la fondation sans prendre connaissance de ses assignations en justice 15 ans auparavant. Lorsque ce passé a refait surface, une dizaine de membres de la fondation ont démissionné.

Replacé dans son contexte, cet évènement arrive après deux scandales retentissants visant deux membres importants de la fondation Bitcoin : Charlie Shrem, arrêté en janvier 2014 pour blanchiment d’argent dans l’affaire Silk Road et Mark Karpelès, mis en cause en février dans la disparition de 850 000 Bitcoins lors de la faillite de sa plateforme d’échange MtGox.

Brock Pierce, acteur, puis serial entrepreneur est donc l’élément déclencheur d’une « fracture » plus profonde au sein de la Bitcoin Foundation. Les esclandres passés de la fondation ont largement contribué à ternir sa réputation au sein de la communauté Bitcoin.

Dans quelle mesure est-ce imputable à la seule personnalité de Brock Pierce ? Cette crise est-elle conjoncturelle, ou trouve-t-elle ses racines dans la structure même du bitcoin ?

Ce mouvement de démission déclenché par Brock Pierce est un acte citoyen des défenseurs du Bitcoin cette pour réaffirmer publiquement que cette technologie, légale et honnête permettrait d’ouvrir les portes à une multitude d’innovations venant révolutionner Western Union, le crowdfunding, la rémunération des droits d’auteurs et bien d’autres encore.

Il convient de distinguer l’entreprise de son secteur, la crise passagère de TBF ne remet absolument pas en cause la robustesse du protocole Bitcoin, sa facilité d’utilisation et son potentiel innovant. Les membres démissionnaires restent donc plus que jamais de fervents défenseurs de cette crypto-monnaie agissant en chevaliers solitaires ou se tournant vers d’autres organismes comme nakamotoinstitute.org par exemple.

Concrètement, quel danger ces dissensions peuvent-elles représenter pour l'économie engendrée par le bitcoin et pour le concept même de la crypto-monnaie ? Pourquoi ?

Le protocole Bitcoin reste une innovation brillante et la vague de démission de la TBF, répétons le, n’a d’impact que sur l’image de cette technologie. Le protocole demeure robuste et géré de manière autonome par une communauté internationale de « mineurs » vérifiant chaque transaction effectuée.

Trois facteurs peuvent cependant affecter la pérennité du Bitcoin. Ce sont des risques : 

-Légaux, interdisant l’utilisation du Bitcoin dans un périmètre géographique ou sectoriel donné à la suite de décisions politiques nationales ou internationales

-Marketing, n’arrivant pas suffisamment rapidement à séduire une masse critique d’utilisateurs tant du côté des entreprises que des consommateurs

-Idéologique, divisant la communauté de mineurs entre ultralibéraux et pro-régulation par exemple, ce qui ralentirait le développement du protocole

Finalement, le principe de gouvernance d'un concept qui n'est pas centralisé n'est-il pas problématique en soi ? Dans quelle mesure cette gouvernance a-t-elle pu causer des problèmes par le passé et dans quelle mesure risque-t-elle d'en produire de nouveau à l'avenir ?

Il n’y a pas de gouvernance Bitcoin centralisée puisque le principe même de cette technologie est de reposer sur un réseau international en peer to peer. 

Par conséquent, The Bitcoin Foundation n’a absolument aucun pouvoir direct sur le fonctionnement de cette technologie. La fondation est un organe de lobby ayant un pouvoir d’influence important et une réputation plus que mitigée au sein de la communauté Bitcoin.

L’avenir de cette crypto-monnaie n’est donc pas impacté par les déboires de quelques acteurs peu scrupuleux de la Bitcoin Foundation, c’est l’image et la notoriété du Bitcoin qui en ressort cependant ternie. 

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