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Autopsie d'un fiasco : retour sur la méthode Hollande
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A la loupe

Après deux années de marasme économique, les Français espéraient entrevoir une gestion plus décisive des affaires de la France. Il n'en est rien.

Pierre Haas

Pierre Haas

Pierre Haas, après avoir servi comme officier dans les Forces françaises libres du Général de Gaulle, a fait carrière de 1950 à 1965 comme directeur général de Continental Grain France, puis à partir de 1963 à la Banque Paribas comme directeur des affaires financières internationales, puis président de Paribas International.

Il a été membre de nombreux conseils d’administration parmi lesquels on citera : Schneider S.A., Newmont Gold à Denver, Power Corporation du Canada et Power Financial.

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Dans la foulée de sa prédiction d’un retournement économique, la nouvelle d’une interview du chef de l’Etat avait suscité, dans l’opinion, un courant d’espoir.

Après deux années de marasme, les Français espéraient entrevoir une gestion plus décisive des affaires de la France. L’annonce, pour tout potage, d’un éventuel report des élections régionales et un rabâchage de mesures connues, non exécutées, n’était pas de nature à conforter une crédibilité en lambeaux.

L’exercice aurait pris une autre tournure si, la première question du présentateur avait été en résonnance avec les attentes du public et plus représentative de la situation actuelle, en prenant la forme suivante :

"Monsieur le Président de la République, de nombreux Français pensent que la politique, pratiquée depuis votre accession au pouvoir, a contribué à aggraver la situation, sérieuse, où se trouvait déjà le pays. Les élections municipales ont prouvé leur déception de constater, au bout de deux années de mandat, l’absence de tout progrès de l’emploi et de la croissance et la régression de leur pouvoir d’achat ainsi que du prestige de la France."

Comment le président aurait-il pris et répondu à cette question, nul ne le saura jamais.

Il n’en demeure pas moins que, chaque jour qui passe rend plus urgente la nécessité de retourner, pour prendre le terme désormais en vogue, notre situation économique.

Le reste de l’Europe et du Monde n’attend pas. Les choses bougent, même si la conjoncture reste incertaine, son orientation actuelle engendre un degré d’optimisme.

La renaissance des échanges extérieurs et du climat intérieur des pays du Sud en sont l’une des causes. En Espagne, au Portugal et même en Grèce on constate un affranchissement progressif des contraintes de déficits publics excessifs.

En Italie un jeune et dynamique Premier ministre s’emploie à la sortir de son farniente naturel.

Les marchés financiers, dans ces pays, anticipant un retour de la croissance, accordent à leurs emprunts des taux d’intérêt, sans cesse, moins élevés et non sans dangers si celle-ci n’est pas au rendez-vous.

Cependant le taux de chômage moyen dans l’Union Européenne demeure figé à 11,8% du fait des nations méditerranéennes. En Grande-Bretagne et en Allemagne le chômage est inférieur à 6%. Il en va de même au Danemark et en Scandinavie.

Cet ensemble d’indices semble annoncer, au moins, une modeste reprise de la croissance.

Dans cette hypothèse, une participation de la France, à une échelle commensurable avec sa position de seconde puissance de la zone euro, n’est pas acquise, dans l’état de démotivation de nos concitoyens et, plus spécifiquement, des chefs d’entreprises, en l’absence de mesures concrètes pour restaurer un degré de confiance.

Une manifestation d’autorité de la part du pouvoir permettant à la France d’apparaitre comme la source d’un dynamisme renouvelé tirant l’Europe vers le haut et non plus comme une menace, aurait un effet multiplicateur sur la reprise et, par voie de conséquence, l’emploi et la création de richesse sur notre territoire et dans la Communauté.

La mise en œuvre d’une flexibilité améliorée du travail est la mesure répondant de la manière la plus adéquate à ce double critère. Elle est, aussi, celle qui en évoquant un maximum d’opposition prouvera que nous possédons, enfin, un Gouvernement capable de prendre, dans l’intérêt général, des décisions courageuses dont l’impact sur l’emploi se fera sentir à brève échéance.

Dans le commerce de détail, il est possible d’avancer sur les heures d’ouverture le soir et le dimanche. La négociation peut être décentralisée au niveau des régions et des grandes villes.

Sur un plan plus général, le pouvoir devra se déjuger en défiscalisant, à nouveau, les heures supplémentaires. Ce sera la seule disposition ayant un cout budgétaire. Les études déjà faites sur les franchissements de seuil, notamment celui des 50 travailleurs, autorisent, également, un progrès rapide.

Le problème, le plus délicat, sera celui du débauchage. Pour tenter de le résoudre, sans trop attendre, peut-être conviendrait-il d’introduire de la souplesse en dessous d’un certain niveau d’emploi, par exemple, 1000-1500 travailleurs.

Attaquer un sujet, jusqu’à présent tabou, demandera, pour réussir, un argumentaire bien construit et une approche, imaginative, du dialogue social.

La compétitivité et la productivité occuperont la place d’honneur, en exergue à l’argumentaire. Cette fois-ci, Manuel Valls pourra soutenir qu’on ne saurait lui reprocher de faire du Sarkozy.

Quant à la méthode, elle doit en finir avec la forme de dialogue social en vigueur. Dans le secteur privé, les syndicats ne représentent qu’eux-mêmes et ne survivent que grâce aux subsides publics, ayant à peine 10% d’adhérents et 3% de cotisants. Poursuivre cette routine priverait le projet de toute dynamique. Cette élimination, provisoire, de la représentation syndicale existante, obligerait celle-ci à se repenser, à se moderniser et à comprendre que, dans un univers mondialisé complexe, la nécessité d’un compromis est inéluctable. L’exemple allemand est là pour encourager à suivre cette voie.

Concernant l’atteinte à la justice sociale, que serait supposer représenter une telle mesure, deux manières d’y répondre doivent cohabiter.

La première consistera à soumettre les décisions sur les horaires, les jours d’ouverture et autres, à un vote, à bulletin secret (le bras levé étant, définitivement, exclu), au niveau des entreprises concernées. La seconde s’attachera à rappeler que le chômage étant la pire des injustices sociales, faire le pari de la flexibilité pour le combattre est une aventure méritant d’être tentée, singulièrement en France, Mère de toutes les rigidités. Les exemples scandinaves sont là pour prouver le bien fondé de cette observation.

L’innovation étant reconnue comme l’un des principaux facteurs de la croissance, il est urgent de l’introduire dans l’univers réglementaire du travail. Il s’agit d’un domaine où une réussite, même partielle, aura pour effet l’inversion, promise et tant attendue, de la courbe du chômage.

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