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Cholestérol : mensonges et propagande
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Scandale médical

Les idées préconçues autour des maladies et du système médical français ne manquent pas. Le cholestérol n'échappe pas à cette règle. Nicole Délepine revient, dans "La face cachée des médicaments", sur les mensonges et les dérives des lobbies pharmaceutiques. Extraits (2).

Nicole  Delépine

Nicole Delépine

Nicole Delépine ancienne responsable de l'unité de cancérologie pédiatrique de l'hôpital universitaire Raymond Poincaré à Garches( APHP ). Fille de l'un des fondateurs de la Sécurité Sociale, elle a récemment publié La face cachée des médicaments, Le cancer, un fléau qui rapporte et Neuf petits lits sur le trottoir, qui relate la fermeture musclée du dernier service indépendant de cancérologie pédiatrique. Retraitée, elle poursuit son combat pour la liberté de soigner et d’être soigné, le respect du serment d’Hippocrate et du code de Nuremberg en défendant le caractère absolu du consentement éclairé du patient.

Elle publiera le 4 mai 2016  un ouvrage coécrit avec le DR Gérard Delépine chirurgien oncologue et statisticien « Cancer, les bonnes questions à poser à mon médecin » chez Michalon Ed. Egalement publié en 2016, "Soigner ou guérir" paru chez Fauves Editions.

 

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Des médecins britanniques ont proposé de mettre à dispo­sition des statines dans les fast-foods, à côté des condiments, pour neutraliser les dégâts supposés de cette nourriture sur les artères. Découverts dans les années quatre-vingt, à partir d’un champignon, ces médicaments neutralisent une enzyme du foie qui permet la fabrication du cholestérol. Nous avons tous cru au miracle et à la disparition des crises cardiaques chez les patients ayant du cholestérol. Beau rêve longtemps alimenté par les laboratoires, mais qu’en est-il 30 ans après ?

Le marché juteux du cholestérol

En 2010, on comptait sept millions de consommateurs de médicaments anticholestérol, soit un coût d’un milliard d’euros pour la Cnam [Caisse Nationale d'Assurance Maladie, ndlr]. En l’an 2000, en France, plus de 500 000 personnes prenaient du Cholstat ou du Staltor (pour 6 millions dans le monde), et au total, près de 2,5 millions de Français ont consommé l’une des 9 statines commercialisées quand le scandale du Staltor a explosé. Cela n’a pas empêché une consommation exponentielle de statines. Est-ce bien raisonnable ? Cela résulterait-il d’une mauvaise communication ?

 Des solutions pour la Sécu

À juste titre, le trou de la Sécurité sociale est devenu une obsession des pouvoirs publics. De bonnes pistes sont cependant envisageables pour faire fondre le déficit sans diminuer pour autant la qualité des soins : baisser de façon drastique la consommation des médicaments en France et réduire ainsi le nombre d’hospitalisations et de morts inutiles causées par leurs effets secondaires. Estimées à 1,5 million par an aux États-Unis, les hospitalisations liées aux traitements en France sont estimées à 300 000. Mais comment convaincre les patients et les médecins – condi­tionnés par les médias, eux-mêmes manipulés par l’indus­trie pharmaceutique – du bien-fondé de mes dires partagés par des confrères aussi peu entendus que moi ? La chaîne des opposants institutionnels aux gouvernants (syndicats, partis d’opposition, etc.) se range derrière les labos au nom de la défense de l’emploi et du droit du patient ou du futur malade.

Une propagande bien huilée

Fille d’un des fondateurs de la Sécurité sociale, j’aurais un devoir filial de ne pas toucher aux médicaments : « Nos parents ont galéré pour obtenir la Sécu », « nous avons « droit » à tous les médicaments remboursés », « pas touche à ma Sécu ». La notion de droit envahit les espaces et conduit à perdre de vue la santé du patient. Dans l’esprit de nos compatriotes bien conditionnés, le remboursement par la Sécurité sociale prouve l’efficacité d’un médicament et justifie sa consommation. Combien de fois ai-je entendu ce raisonnement de la bouche d’amis convaincus que la prévention par les médicaments est le meilleur moyen de vivre vieux et en bonne santé ? Ce sont des idées préconçues que nous avons parfaitement assimilées. À force d’intoxica­tion subliminale, les publicitaires américains, formés dans les années soixante, ont endoctriné les élèves de nos écoles de commerce. L’histoire de l’introduction du fluor – un exemple de fabrication de consentement actif – dans notre quotidien prouve à quel point nous sommes bernés. Le marché des statines repose sur une mise en condition du monde médical et des patients pour rendre quasi syno­nymes maladie coronarienne et cholestérol élevé, avant de nous persuader que la baisse du cholestérol et la réduction du risque coronarien sont équivalentes. Il n’y a plus alors qu’à surestimer considérablement le bénéfice des anticholestérols et à occulter leurs effets délétères. Pourtant, ces successions d’« évidences » sont loin d’être démontrées. Les laboratoi­res se sont ensuite partagés le marché des molécules princeps (originales) et des me too (les copies), qui ont toutes bénéfi­cié de prix élevés, bien que, pour la plupart, aucune preuve scientifique n’ait pu démontrer leur efficacité, et qu’elles aient obtenu l’AMM en référence aux molécules de la « première génération ».

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Extraits de La face cachée des médicaments, de Nicole Delépine, Michalon (Mai 2011)

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