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"Tous en jupe au lycée"... et pourquoi pas tous peinturlurés en noir, en bleu de travail avec un voile et déguisé en obèse pour être bien sûr de terrasser toutes les discriminations ?
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Grandeurs et décadences

A l'initiative de "cafés citoyens" organisés par des élèves, l'Académie de Nantes autorise ce vendredi la tenue d'une "journée de la jupe" pour s'opposer aux stéréotypes sexistes. Un affichage vestimentaire qui relève de l'absurdité et dont les bénéfices en termes de lutte contre les inégalités seront des plus minimes.

Christian Combaz

Christian Combaz

Christian Combaz, romancier, longtemps éditorialiste au Figaro, présente un billet vidéo quotidien sur TVLibertés sous le titre "La France de Campagnol" en écho à la publication en 2012 de Gens de campagnol (Flammarion)Il est aussi l'auteur de nombreux ouvrages dont Eloge de l'âge (4 éditions). En avril 2017 au moment de signer le service de presse de son dernier livre "Portrait de Marianne avec un poignard dans le dos", son éditeur lui rend les droits, lui laisse l'à-valoir, et le livre se retrouve meilleure vente pendant trois semaines sur Amazon en édition numérique. Il reparaît en version papier, augmentée de plusieurs chapitres, en juin aux Editions Le Retour aux Sources.

Retrouvez les écrits de Christian Combaz sur son site: http://christiancombaz.com

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Faudra t-il le 3 octobre ou le 5 décembre se peindre en noir pour mieux déplorer les discriminations dont se plaignent les élèves de couleur ? Faudra t-il faire semblant de n'avoir aucune orthographe par solidarité envers les dyslexiques, de loucher avec les strabiques, d'être gaucher avec les manchots ? Faudra t-il enfin instaurer une quinzaine de la sottise pour renflouer les caisses du Parti socialiste ? On peut se poser la question. On peut aussi prendre la chose à la plaisanterie mais pour qu'elle soit drôle il faudrait que ses auteurs aient envie de rire, or tout indique le contraire. Du coup nous non plus. Nous sommes plutôt tentés par la colère et la pitié. Comme il ne faut pas céder la colère essayons la pitié. Devant la multiplication des mots d'ordre, des journées d'action, des moments de partage et d'écoute, des stages de sensibilisation  inventés par les staliniens de la solidarité, on est saisi du même malaise après ce fayotage démonstratif . Il s'agissait visiblement de séduire le rectorat – et accessoirement la presse à la dévotion du parti au pouvoir, en organisant ce que les tartuffes administratifs appellent un "moment fort". 

Dans les pantomimes et les opéras qui présentent des scènes de groupe il y a toujours un figurant qui court d'un personnage à l'autre pour surjouer une approbation passagère, pour adopter les manières et le port de ceux qu'il écoute, pour hocher la tête, imiter ses expressions et lui complaire en tout pour faire rire l'audience à l'avant-scène.

Devant la multiplication des mots d'ordre, des journées d'action , des moments de partage et d'écoute, des stages de sensibilisation  inventés par les staliniens de la solidarité, on est saisi du même malaise après le fayotage démonstratif qui vient d'avoir lieu à Nantes. Il s'agissait visiblement de séduire l'inspection d'Académie,le rectorat – et accessoirement la presse à la dévotion du parti au pouvoir, en organisant ce que les tartuffes administratifs appellent un "moment fort". On suggérait que "ceux qui le voulaient" parmi les élèves mâles des 27 lycées de la zone pouvaient porter une jupe le 16 mai, afin d'attirer l'attention sur le sort des femmes. Dans la presse on est stupéfait et inquiet de ce que la suite nous réserve. C'est là que nous revenons à notre minable figurant d'opéra qui essaie de plaire au prince à l'avant-scène : les sous-fifres sont désormais tellement soucieux de flatter leur farouche timonier, spécialement dans le système éducatif français où les initiatives de ce genre, quand elles sont réussies, vous valent une promotion et un poste à Papeete, qu'ils ont perdu tout sens des réalités. 

Il n'y a qu'un seul cas de ce genre qui mérite d'être rappelé, celui du roi de Danemark Christian X qui a porté l'étoile juive afin de faire honte aux Allemands en 1943. Il va de soi que devant un acte aussi digne d'une pièce de Shakespeare, les niaiseries catégorielles à la française, les opérations com des m'as-tu vu de l'humanisme pédagogique ne font pas seulement pitié : elles font honte. Imaginez la presse étrangère, spécialement celle du Tiers monde, en train de couvrir la journée de la jupe de Nantes après le couronnement d'une femme à barbe à l'Eurovision et vous aurez une idée de la pente qu'il nous faudra remonter tôt ou tard dans l'opinion mondiale.

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