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Accusé "néolibéralisme", 
levez-vous !
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Bouc-émissaire

Dans un récent article publié sur Atlantico, Jacques de Guillebon accusait le suspect des attentats d'Oslo de "fondamentalisme néolibéral". Une absurdité pour Daniel Tourre, Premier conseiller parti Libéral démocrate, qui revient sur toutes les idées reçues collées aux basques du libéralisme en France.

Daniel Tourre

Daniel Tourre

Daniel Tourre est notamment l'auteur de Pulp Libéralisme, la tradition libérale pour les débutants (Tulys, 2012) et porte-parole du "Collectif Antigone". 

 

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En cas de doute, accusez le libéralisme... En cas de gros doute, accusez le néo-libéralisme…

Vous avez la chance de vivre dans un pays disposant d’un mot « poubelle » permettant de condamner n’importe quel phénomène contemporain qui vous déplait avec l’approbation de la quasi-totalité du spectre politique, et d’une large partie des essayistes, vous auriez tort de vous gêner. Inutile bien sûr que ce phénomène ait quoique ce soit à voir le libéralisme dont la doctrine est définie par deux siècles d’auteurs souvent majeurs. En France, personne ne lit plus ces auteurs, cela ne sert à rien, tout le monde sait ce que veut dire libéralisme : cela veut dire « pas bien ». Le temps est néolibéral, je vais mettre un pullover.

Anders Behring Breivik, un néolibéral ? Une absurdité !

En apprenant qu’un criminel norvégien avait massacré un grand nombre d’innocents en laissant derrière lui 1500 pages de bouillie idéologique vaguement conservatrice, je me suis dit : tiens voilà au moins un truc – avec la pluie du mois de juillet - qu’on ne mettra pas sur le dos du libéralisme. Raté. Dans un article publié sur Atlantico, Jacques de Guillebon, après une plaidoirie énervée pour expliquer que justement un fondamentaliste chrétien ne massacre personne, tente la pirouette classique pour retourner au confortable « usual suspect » français : le néolibéralisme. Ca ne mange pas de pain et puis ça permettra peut être d’attirer l’attention du tribunal politiquement correct ailleurs. Ce dernier, avec un peu chance, embrayera en mode automatique sur le coupable déjà mille fois condamné, et laissera tranquille les chrétiens, fondamentalistes ou pas.

La tentative, très confuse d’ailleurs, de Jacques de Guillebon d’accoler à tout prix le terme de « fondamentalisme neo-libéral » à ce criminel mérite quelques rappels.

Le libéralisme : une doctrine à l'origine des Droits de l'homme...

Le libéralisme est d’abord une philosophie du Droit née aux siècles des Lumières. L’usage de la raison permet de découvrir les droits inaliénables de l’Homme. Dans ce cadre, l’État n’est pas là pour construire une société idéale par le haut, mais pour protéger les droits individuels.

Article 2 : Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l'oppression.

Les lois ne doivent donc pas être des commandements d’un Duce, d’un lider maximo ou même d’un président démocratiquement élu pour ordonner à des individus infantilisés comment ils doivent mener leur vie ou ce qu’ils doivent penser. Le droit doit permettre à chaque citoyen de savoir ce qu’il peut faire ou ne pas faire pour vivre et échanger librement sans léser les droits individuels des autres.

... et de la sortie de la misère généralisée

Des économistes libéraux ont parallèlement expliqué que la connaissance étant dispersée dans tout le corps social, la prospérité ne pouvait venir qu’en laissant les individus agir librement pour réfléchir, produire et échanger selon leurs connaissances et leur environnement. Un État centraliseur ne peut connaître qu’une très faible fraction de ce que les individus savent, ses commandements pour diriger l’économie ne peuvent qu’être inefficaces ; en plus d’être liberticides.

Pas besoin d' "État-nounou" pour disposer de valeurs morales

Le libéralisme n’est ni un relativisme, ni un nihilisme. Il y a d’abord le respect strict des droits individuels des autres (sécurité, liberté, propriété). Ensuite les individus sont libres et responsables, y compris de ne pas vivre et penser comme des porcs. C’est aux personnes décentes de défendre les valeurs qu’elles estiment meilleures ou plus belles, pour les individus ou pour la société. Ce n’est pas à l’Etat - ou plus exactement au groupe le contrôlant -d’imposer par la force ses valeurs.

Locke, père du libéralisme, dans la lettre pour la tolérance, au sortir des guerres de religions ne dit pas autre chose : les païens sont dans l’erreur et doivent être convaincus, et non brimés, embastillés, torturés ou tués par l’Etat.

Le fantôme "néolibéral"

Le terme "néolibéralisme" n’a pas de raison d’être. Il n’y a pas de cassure idéologique, ni même de radicalisation entre les libéraux du XIXe et du XXe, simplement un approfondissement des concepts formulés 250 ans plus tôt. Vous ne trouverez jamais dans votre librairie d’ouvrage d’un libéral, pardon d’un néolibéral, s’intitulant : « le néolibéralisme, la solution pour la France ».

En 20 ans de militantisme libéral, je n’ai jamais rencontré quelqu’un se définissant comme ‘néolibéral’, simplement des libéraux.  Le terme néolibéralisme a été employé quelques rares fois par des libéraux avant guerre et dans quelques passages d’ouvrages surtout américains, il est aujourd’hui exclusivement employé par les antilibéraux

Quand la France caricature le libéralisme...

La société dans laquelle nous vivons a hélas largement tourné le dos au libéralisme tant sur le plan du droit, que de la place que l’État Nounou a pris pour nous bercer tous (souvent trop près du mur).

Les libéraux français, lassés d’être cocufiés par la droite et insultés par  la gauche, reprennent peu à peu la parole à travers des initiatives associatives (Contrepoints.org) ou politiques (Parti Libéral Démocrate). Ils ont comme adversaires tout ceux qui ne veulent pas seulement convaincre, mais commander leurs co-citoyens pour construire leur société idéale.

Jacques de Guillebon fait manifestement partie de la cohorte, tout en profitant d’un des beaux restes du libéralisme : la liberté d’expression, y compris celle de dire des bêtises incohérentes ou malhonnêtes.

Quant au criminel tirant courageusement sur des jeunes gens désarmés et coincés, le tout déguisé en policier, on voit mal même de très loin ce qu’il a à voir avec le libéralisme. Son plan média ignoble, manifestement très efficace puisque tout le monde semble vouloir se positionner par rapport à lui, serait plutôt l’occasion de s’interroger sur le poids donné à la parole des violents narcissiques par rapport à celles de leurs victimes.

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