Pédophilie : divorce entre l'Eglise catholique et l'Irlande<!-- --> | Atlantico.fr
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Le 19 juillet, à Rome, par la voix de Federico Lombardi, la hiérarchie catholique conteste l'analyse faite par le rapport.
Le 19 juillet, à Rome, par la voix de Federico Lombardi, la hiérarchie catholique conteste l'analyse faite par le rapport.
©Reuters

EDITORIAL

Un rapport dénonce son attitude : le Vatican rappelle son "ambassadeur" à Belfast.

Gilles Klein

Gilles Klein

Gilles Klein,, amateur de phares et d'opéras, journaliste sur papier depuis 1977 et en ligne depuis 1995.

Débuts à Libération une demi-douzaine d’années, puis balade sur le globe, photojournaliste pour l’agence Sipa Press. Ensuite, responsable de la rubrique Multimedia de ELLE, avant d’écrire sur les médias à Arrêt sur Images et de collaborer avec Atlantico. Par ailleurs fut blogueur, avec Le Phare à partir de 2005 sur le site du Monde qui a fermé sa plateforme de blogs. Revue de presse quotidienne sur Twitter depuis 2007.

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On en parle peu en France, mais c'est une crise majeure, entre Rome et l'un des pays les plus catholiques du monde. Le Vatican n'a pas supporté la publication d'un rapport mettant en cause son attitude face à la pédophilie de ses prêtres en Irlande et les critiques que lui a, ensuite, adressé le Premier ministre de ce pays.

Tout a commencé par la publication, le 13 juillet dernier, d'un quatrième rapport sur l'attitude de l'Église face à la pédophilie : le rapport Cloyne (qui porte le nom d'un diocèse du sud de l'Irlande) . Un rapport qui souligne la frilosité de l'Église qui n'a pas toujours informé la justice des graves abus dont elle avait connaissance, entre 1996 et 2008. 

Ceci alors que les évêques d'Irlande s'accordaient, en 1996, sur un texte définissant leur position face aux actes de pédophilie, le Child Sexual Abuse : Framework for a Church Response. Le problème, c'est que l'année suivante, en 1997, le Vatican émet des réserves face au texte rendu public l'année précédente. La Congrégation romaine souligne que signaler obligatoirement tout abus sexuel de prêtre aux autorités risque d'entrer en conflit avec le Droit Canon.

Et le nonce apostolique, qui représente le Vatican en Irlande, envoie une lettre reprenant cet argumentaire aux évêques. Un document officiel fâcheux. L'existence de cette lettre n'a pas été contestée par le Vatican. « Il n’y a aucun doute que cette lettre a grandement renforcé la position de ceux qui, dans l’Église d’Irlande, n’approuvaient pas le document de travail, dans la mesure où il les mettait de fait en garde contre sa mise en œuvre » estime le rapport Coyne.

Le 19 juillet, à Rome, par la voix de Federico Lombardi, la hiérarchie catholique conteste l'analyse faite par le rapport. Mais Lombardi finit quand même par reconnaître face aux actes pédophiles graves et répétés commis en Irlande par des prêtres, qu'on peut s'interroger sur « la juste proportion de l’intervention romaine d’alors par rapport à la gravité de la situation irlandaise ».  Un timide pas en avant.

Cette attitude de l'Eglise, qui a longtemps minimisé les faits, a choqué jusqu'au très catholique Enda Kenny, Premier ministre d'Irlande qui déclare : « Pour la première fois en Irlande, un rapport révèle une tentative du Saint-Siège d’entraver une enquête dans une République souveraine et démocratique. Le viol et la torture d’enfants ont été minimisés et gérés pour maintenir la primauté de l’institution, son pouvoir, son standing et sa réputation». Kenny critique sévèrement le « le dysfonctionnement, la déconnection, l’élitisme et le narcissisme qui domine aujourd’hui la culture du Vatican ».

Lundi 25 juillet, le nonce apostolique en Irlande, Mgr Guiseppe Leanza, qui représente le Saint-Siège dans ce pays depuis février 2008, est rappelé à Rome. Un raidissement du Vatican qui étonne, face à un pays, qui comme la Pologne, l'Espagne ou la France, a toujours eu des relations privilégiées avec Rome.

L'Eglise a décidément bien du mal à tourner la page de ces terribles affaires de pédophilie qui ont, aussi, gravement entaché sa réputation dans d'autres pays, comme les Etats-Unis, au moment où la crise des vocations frappe la prêtrise, au moment les églises européennes voient leur fréquentation diminuer.

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