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Les stars de la contre-culture du XXIe siècle seront les immigrés
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Foreign Power

Du mouvement hippie dans les années 60 au déferlement techno des annnées 90, les mouvements contre culturels n'ont cessé de casser les codes de la société. Mais aujourd'hui, la mondialisation éclate les groupes et il devient difficile de se mettre à la marge. Quels groupes sont aujourd'hui les mieux placés pour redéfinir le sens même du mot "contre-culture". Les immigrés ?

Marcelo Frediani

Marcelo Frediani

Marcelo Frediani est docteur en sciences sociales.

Il enseigne la sociologie des groupes marginalisés à l'Université Paris-VIII Vincennes.

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Atlantico : L'été donne un peu de temps pour profiter des divers spectacles et expositions culturelles. Mais où en est la contre-culture aujourd'hui ?                                 

Marcelo Frediani : Nous devons nous replacer dans une perspective historique. Les mouvements de contre-culture sont en général des mouvements de groupe de personnes qui se positionnent contre la culture majoritaire ou en opposition à des jugements de valeurs ou des aspects esthétiques. « Contre-culture » est une expression très vaste, et qui n’est pas un concept moderne. Par exemple, les écrits du Marquis de Sade se plaçaient en forte opposition avec l’esthétique de l’époque.

La contre-culture fait partie de l’évolution même des comportements et des valeurs de notre société, elle est un mouvement normal de l’évolution des cultures. Elle est présente, comme un fantôme qui se promène un peu partout ne pénétrant que des petits groupes minoritaires.

L’essence de la contre-culture est de mettre en échec les valeurs fondamentales, culturelles et morales de nos sociétés. Les hippies ont, par exemple, remis en question l'aspect patriarcal de nos sociétés, en montrant que les familles monoparentales n’avaient plus de sens. Les femmes avaient plusieurs compagnons et les enfants n’avaient pas un père à proprement parlé.

Quand nous parlons aujourd’hui de contre-culture, nous pensons tout de suite à ces mouvements des années 1960 et 70. Leur essor vient du mouvement de la Beat Generation, un mouvement littéraire américain, qui a vite conquis l’Europe et l’Amérique Latine. Il ne faut pas oublier que certains pères fondateurs de ce mouvement beatnik se sont très rapidement reliés au mouvement qui fait suite : le mouvement hippie. Par exemple, Allen Ginsberg est très rapidement devenue hippie et il est ensuite parti à San Francisco.

Existe-t-il encore des mouvements ou des groupes que l’on pourrait qualifier de contre culturel ?

La contre-culture naît toujours vis-à-vis du climat politique, social, économique et culturel de son époque. Aujourd’hui nous sommes dans une société de multiplicité, ou finalement tout est banalisé. Cela devient donc bien plus difficile d’identifier les mouvements de contre-culture. Lorsque nous sommes dans un processus de si grande banalisation, il est plus compliqué de se mettre en rupture avec quoi que soit.

De plus, l’industrie culturelle et la mondialisation ont réunifié les mouvements à la marge avec la culture banale, ce qui a vidé les mouvements réactionnaires de tout leur sens.

La contre-culture dans notre société mondialisée tend-t-elle à disparaître ?

Je crois que les contre-cultures sont encore en mouvement, et que d’autres vont surgir. J’ai tendance à croire que certains groupes pourraient être considérés comme contre culturel. Ceux qui prônent une nouvelle manière de vivre comme les New travellers. En effet, ces derniers s’identifient à des valeurs, des modes de pensée et de vie que nous considérons très moderne.

Je pense que la nouvelle contre-culture aujourd’hui sera représentée par l’autre, l’étranger, l’immigré, mais aussi par les groupes homosexuels, car  la question de leur mode de vie, avec le mariage légalisé dans certains pays devient inévitable dans notre société et se heurte à la culture bien-pensante d’aujourd’hui.

Les gens cherchent toujours à récréer des groupes, des élans communautaires. Nous allons inévitablement arrivés à un point, avec la crise économique ou des situations sociales insoutenables, où les gens vont être obligés de se retrouver et de se relier. Je pense que la contre-culture est toujours en devenir. J’imagine même que les groupes issus de l’immigration vont à un moment se présenter comme des mouvements contre culturels, car ils ont des cultures totalement différentes. C’est déjà en train de se faire.

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