Elections : piège à... Russes ?<!-- --> | Atlantico.fr
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A qui le tour ?
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Duel Melvedev - Poutine

Pour la France, cette élection est un test. Selon l'universitaire Cécile Vaissié, il est temps de dire clairement que les élections russes de 2011 et 2012 ne seront que des mises en scène, sur fond de démocratie dévastée. Et qu’une partie croissante de la société russe ne veut ni de Medvedev, ni, encore moins, de Poutine comme président...

Cécile Vaissié

Cécile Vaissié

Cécile Vaissié est professeur des universités en études russes et soviétiques à Rennes II.

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En Russie, des élections présidentielles vont avoir lieu au printemps 2012, et elles seront précédées, en décembre 2011, par des élections législatives. Les dirigeants n’ont pas encore annoncé qui, de Medvedev ou de Poutine, serait candidat, mais, dans une interview au Financial Times, Medvedev n’a pas caché qu’il aimerait se représenter, excluant toutefois que ce soit contre Poutine. L’hypothèse d’un troisième homme, sélectionné par le tandem, ne peut être écartée, mais une chose est sûre : le candidat choisi par le Kremlin sera élu président, parce que les représentants du pouvoir sur le terrain s’assureront que le résultat souhaité « en haut » soit atteint « en bas ».

Vieux renard du journalisme politique soviétique, puis russe, Mèlor Stouroua - dont le prénom signifie « Marx-Engels-Lénine-Révolution d’Octobre »… - a récemment écrit que « l’Occident préfère voir Medvedev au Kremlin et traiter avec lui », et il se dit sûr que l’actuel Président restera pour un second mandat. En effet, souligne-t-il, le tandem fonctionne avec succès, sur la principe de la division du travail : « Poutine montre le knout à la Russie ; Medvedev montre la carotte (en russe : le pain d’épices…) au monde. » Avec Medvedev, la Russie peut donc espérer obtenir ce qu’elle souhaite de l’Occident, soulagé de cette réélection.

Medvedev mène pourtant la même politique que Poutine, en l’agrémentant de petites phrases alléchantes – « La liberté, c’est mieux que la non-liberté »… - et de promesses qui permettent aux optimistes d’espérer que le Kremlin rendra à la société russe les droits qu’il lui a confisqués. Que Poutine, Medvedev ou un troisième choisi par eux soit élu, la France pourra vendre à la Russie ses Mistral, ses technologies et des séjours sur la Côte d’Azur. Mais elle serait fidèle à ses valeurs – à moins que celles-ci ne soient que des mots vides de sens ? – en insistant pour que les libertés politiques et civiques soient respectées en Russie.

Or, les élections n’y sont pas démocratiques actuellement, des partis d’opposition ne parviennent pas à se faire enregistrer, les grands médias et la justice sont à la botte du pouvoir, la corruption a explosé de façon dramatique, l’arbitraire et le clientélisme triomphent, et l’ordre ne règne pas. Des intellectuels, regroupés autour du Professeur Tchoudakova, viennent de dénoncer publiquement ces évolutions, tandis que le président du syndicat des petits entrepreneurs russes, Léonid Razvozjaïev, explique que ceux-ci craignent Poutine, voire le haïssent, et ne font plus confiance à Medvedev qui n’a pas tenu ses promesses.

La société russe proteste de nouveau, mais elle n’a plus guère de moyens d’agir en politique, ce qui fait craindre une explosion. Pour la France, cette élection est donc aussi un test : la « realpolitik » est une illusion dangereuse. Au nom de l’amitié – de la fraternité ! - franco-russe, il est temps de dire clairement que les élections russes de 2011 et 2012 ne seront que des mises en scène, sur fond de démocratie dévastée. Et qu’une partie croissante de la société russe ne souhaite ni de Medvedev, ni, encore moins, de Poutine comme Président.

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