La page Facebook du tueur d'Oslo explique-t-elle son geste ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Quelle fiabilité accorder aux réseaux sociaux ?
Quelle fiabilité accorder aux réseaux sociaux ?
©DR

Vie privée, tueries publiques

Dès la divulgation du nom d'Anders Breivik, le tueur d'Oslo, un certain nombre de médias se sont empressés de consulter sa page Facebook pour tenter de comprendre son geste. Ils y ont ainsi découvert qu'il était "chrétien", "célibataire" et qu'il jouait au "jeu-vidéo violent World of Warcraft"... Des informations trompeuses ?

Louis-Serge Real del Sarte

Louis-Serge Real del Sarte

Louis-Serge Real del Sarte est consultant en réseaux sociaux d'entreprise dans l'agence Easynetwork qu'il a fondée.

Il est également responsable e-Réputation et Community management du groupe Ginger (Grontmij France) et responsable de la communication Web et du Community Management de l'European Business School (EBS).

Il est l'auteur de Les réseaux sociaux sur Internet (Alphée, 2010).

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Atlantico : L'utilisation massive par les médias de la page Facebook d'Anders Breivik pour tenter de comprendre sa personnalité et son geste ne dénote-t-elle pas une confiance aveugle dans la fiabilité des réseaux sociaux comme source d'information sur la personnalité des gens ?

Louis-Serge Real del Sarte : Il est évident que les pages Facebook donnent des indications très précises, mais pas forcément sur ce que la personne va faire dans le quart d'heure à venir...

Sur Facebook, il y a une multitude de profils différents : il y a les égocentriques, les gens qui sont ouverts sur les autres, les timorés, les excentriques, les personnes qui ont la maturité numérique pour protéger leurs données, ceux qui se font pirater leur mail et phisher de partout, ceux qui mettent en statut la date des leurs vacances et l'adresse de leur maison pour faciliter le travail des cambrioleurs, les inconscients, les addictifs... Mais dans tous les cas de figure, et une étude de Microsoft l'a montré il y a un an, plus un jeune de la génération Y [moins de 30 ans] utilise un système, plus il est accro, plus il prend confiance, et moins il se méfie : il est dans un système où l'on pense que personne ne le regarde, et va avoir tendance à fournir de plus en plus d'informations personnelles qu'il ne donnerait pas à sa propre mère.

Sur certains profils, on a donc tout ce dont on a besoin pour savoir à qui l'on a affaire : grâce aux photos, on comprend si la personne est sérieuse ou exhibitionniste, de quel milieu social elle est issue, quel est son niveau d'éducation, sa façon de gérer son identité numérique... 

Les technologies numériques n'ont-elles pas tendance à favoriser les raccourcis un peu rapides, comme par exemple le fait d'expliquer le geste du tueur norvégien par sa pratique du jeu World of Warcraft (WoW) ?

Ayant des enfants qui y jouent, je peux dire que ce jeu est une véritable plaie : il est si excellent que les enfants ne peuvent s'en défaire. Au niveau addictif, c'est l'équivalent de l'opium : des cliniques ont déjà ouvert en Espagne pour désintoxiquer les jeunes !

Dans les jeux de guerre comme WoW, on finit par confondre le réel et le virtuel : de la même façon que la peur diminue à force de voir des blessés dans un hôpital ou d'être confronté à des scènes de violence, ce type de jeu a tendance à minimiser la perception de la violence chez les jeunes.

Il me paraît donc logique que l'on puisse établir un lien de cause à effet entre une addiction à un jeu violent et l'acte terrible de ce Norvégien : c'est du bon sens.

Toutefois, même si les statistiques donnent le tournis, avec 18% de joueurs ayant moins de 17 ans, 52% entre 18 à 29 ans et  96% au-dessous de 40 ans, ce jeu n'est, loin sans faut, certainement pas l'unique raison d'un geste aussi fou sur l’île d’Utoeya d’Anders Behring Breivik, catholique célibataire âgé de 32 ans.

Sa haine de l'islam et du multiculturalisme associés à sa passion pour les armes, la chasse et les jeux vidéo de guerre serviront de détonateurs à celui qui souhaitait partir comme un martyr et n’aura réussi au final qu’une seule chose : endeuiller une centaine de famille dont les proches n’ont eu que le tort de n’être là ou il ne fallait pas.  

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