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Famine : pas assez spectaculaire...
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Somalie

Déclarée en état de famine la semaine dernière, la Somalie vit une crise humanitaire sans précédent, avec près de 3,7 millions de personnes menacées par la faim. Si un sommet mondial organisé ce lundi à Rome a permis de débloquer des fonds d'aide publique, les particuliers se mobilisent moins que lors d'un tsunami ou d'un séisme.

Christina  Lionnet

Christina Lionnet

Christina Lionnet est chargée de communication à Action Contre la Faim, et porte-parole de la mission d'urgence de l'ONG sur la famine en Afrique.

 

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Atlantico : Comment lutter contre la famine ? Est-il préférable de recevoir des fonds d'aide publique des États ou des dons de particuliers ?

Christina Lionnet : Il faut que l'aide vienne de toute part. Dans le centre du Kenya, où je me trouve actuellement, des mécanismes de solidarité se sont mis en place pour faire face à l'extrême sécheresse : pour permettre aux plus démunis d'avoir accès à l'eau, un système de distribution gratuite a été mis en place. Or, le prix du fioul a tellement augmenté ces dernières semaines qu'ils ont été obligés d'arrêter. La solidarité existe sur le terrain, mais il faut l'appuyer avec de l'aide nationale, et internationale.

D'où qu'elle vienne, l'aide est nécessaire de manière urgente. A Action contre la Faim (ACF), nous dépendons à peu près à 60% de bailleurs institutionnels, et à 40% de fonds privés, mais ils sont complémentaires. Dans le cas d'urgence, comme aujourd'hui dans la Corne de l'Afrique, les fonds privés sont particulièrement importants car ils nous permettent d'être réactifs en lançant tout de suite des opérations, avant même de recevoir l'aide des bailleurs.


L'aide humanitaire n'est-elle pas impuissante à régler le problème de la famine sur le long terme ?

Cela dépend de ce qui est fait. Justement, à ACF, nous allons au-delà de l'urgence, et nous sommes présents sur le terrain depuis plusieurs années, pour mettre en place des programmes afin de lutter contre la malnutrition en donnant aux gens les moyens de subvenir à leurs moyens : cela passe, par exemple, par l'aide à la production agricole.

Il faut donc répondre à l'urgence immédiate, mais également régler les problèmes en amont. Si la situation actuelle occupe beaucoup les médias, elle risque de se poursuivre pendant plusieurs années : il ne faura donc pas oublier cette région une fois l'aide d'urgence fournie, car elle a besoin d'investissements sur le long-terme, en matières de formation, de prévention de la malnutrition ou de soutien aux petites exploitations. C'est l'un des grands défis du G20 de novembre : il faut remettre la question de l'insécurité alimentaire sur la table afin de trouver des solutions à long-terme.

Comment expliquer la moindre mobilisation des particuliers pour la Corne de l'Afrique que pour Haïti ou pour le Japon ?

La famine n'a pas le côté brutal et soudain d'un tremblement de terre ou d'un tsunami : le temps de réaction est donc un peu plus long, car il est moins évident de prendre conscience de l'urgence de la situation.

C'est pour cela qu'il faut que les mécanismes de surveillance des marchés et des stocks alimentaires soit performants, afin d'éviter d'arriver à une situation où 11,5 millions de personnes ont besoin d'une aide d'urgence.

La mobilisation des célébrités dans ce genre de situation est-elle efficace, ou dérisoire ?

Ce n'est pas dérisoire. Les gens ont des personnalités et des sensibilités différentes. Les célébrités qui s'impliquent dans des concerts ou de telles manifestations donnent de leur personne et de leur temps : c'est tout à fait louable. Certains évènements de ce type nous ont permis de récolter des sommes importantes, et donc de venir en aide à beaucoup de personnes.

Bien-sûr, ce n'est pas suffisant : pour arriver à mobiliser le plus grande nombre de personnes, il faut leur montrer la réalité de ce que vivent actuellement les victimes de la sécheresse. C'est la raison de ma présence au Kenya : pouvoir rapporter le témoignage de ces gens, comme par exemple celui de ces éleveurs rencontrés il y a quelques jours au Kenya, qui m'ont dit que sept de leurs onze vaches étaient mortes, que leurs enfants tombaient dans la malnutritution et qu'ils ne savaient pas ce qu'ils allaient devenir.

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