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Le Premier ministre grec Georges Papandréou, songeur quant à l'avenir de son pays.
Le Premier ministre grec Georges Papandréou, songeur quant à l'avenir de son pays.
©Reuters

Banque à part

L'Eurogroupe se réunit ce jeudi à Bruxelles pour s'accorder sur un nouveau plan de sauvetage de la Grèce. Si l'hypothèse d'une sortie du pays de la zone euro est officiellement exclue, il est impossible de l'écarter totalement. Un tel cataclysme offrirait alors plusieurs scénarios possibles à l'Europe...

Philippe Ledent

Philippe Ledent

Philippe Ledent est économiste chez ING Belgique.

 

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Atlantico : Le sommet de l'eurogroupe à Bruxelles ce jeudi est-il susceptible de sauver la Grèce de la faillite ?

Philippe Ledent : Cela reste l'option privilégiée. Il y a un consensus autour de la nécessité d'un nouveau plan d'aide, et il ne sera en aucun cas question des modalités de sortie de la Grèce de la zone euro. Sauf désaccord majeur entre les partenaires européens, la Grèce sera donc sauvée.

En quoi ce nouveau plan serait-il plus efficace que le précédent ?

Jusqu'à présent, la crise de l'euro a été gérée dans l'urgence, en éteignant les incendies à court-terme, mais jamais en réfléchissant à un plan global à moyen-terme, à la fois sur les questions de financement et de stabilité macroéconomique.

Le premier plan n'avait pas pour vocation de sauver définitivement la Grèce, et si l'on n'adopte pas un nouvel angle d'attaque, le nouveau plan ne réglera pas le problème. L'un des points de divergence entre les partenaires européens est précisément de savoir jusqu'où il faut aller, au-delà de la simple aide financière.

Si la Grèce devait un jour sortir de la zone euro, quelles seraient les conséquences pour l'Europe ?

Tout dépend de la façon dont ce serait fait. Si la Grèce quittait la zone euro sans que rien ne soit annoncé, cela pourrait générer une catastrophe énorme : au-delà du défaut de paiement de la Grèce et de ses conséquences sur la zone euro, cela ouvrirait la porte aux spéculations les plus folles sur un possible effet boule de neige - sortie du Portugal, de l'Irlande, Europe à deux vitesses, voire implosion de l'euro - qui serait très dommageable pour l'ensemble des pays de la zone euro.

En revanche, si l'Eurogroupe excluait la Grèce en insistant sur la spécificité du cas, tout en réaffirmant avec fermeté sa confiance dans les autres pays faibles et en concentrant ses moyens pour assurer leur financement et leur resynchronisation avec les États forts, les conséquences négatives seraient surtout concentrées sur la Grèce, et la contagion serait maîtrisée au sein de la zone.

Mais pourquoi l'hémorragie s'arrêterait-elle à la Grèce ? Cette brèche ne finirait-elle pas par aboutir à l'établissement d'une Europe à deux vitesses ?

Plusieurs arguments pourraient justifier la spécificité du cas grec, et donc de sa sortie de la zone euro : la situation de ses finances publiques reste désastreuse, avec un endettement de plus de 150% du PIB, alors que celles des autres pays a tendance à s'améliorer. Par ailleurs, la Grèce est le seul pays à avoir menti sur sur la réalité de ses finances publiques, avant et après l'entrée dans la zone euro.

Si l'on pense que tous les pays faibles doivent être mis dans le même sac, on pourrait plaider pour l'instauration d'une zone euro à deux vitesses. Mais, dans ce cas, comment décider de la composition du groupe des "forts" ? Dans un groupe, on trouvera toujours un maillon faible : l'Espagne, l'Italie, voire la Belgique deviendraient les pays faibles de la nouvelle zone euro, et le problème de la spéculation resterait entier. Cette pente est dangereuse car elle peut mener à la conclusion qu'il vaut mieux que chacun reste chez soi !

Quelle que soit la décision choisie, il faudra de toute façon des annonces fortes de la part des dirigeants européens, au risque d'avoir l'air floue, et donc risquée.

Au-delà de la taille de la zone euro, l'ajustement consécutif à une sortie de la Grèce de la zone euro pourrait-il entraîner un retour en arrière en termes d'intégration économique ?

Les pas en arrière ne pourront intervenir que dans le cadre de scénarios catastrophe, mais ils ne seront jamais une solution. En revanche, des pas en avant seront nécessaires pour mettre au point une solution générale à la crise de la zone euro : cela pourra se traduire par un gouvernement économique commun, ou par des transferts entre les partenaires européens.

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