"La CIA n'est pas censée dicter la politique d'Obama, mais..."<!-- --> | Atlantico.fr
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Barack Obama et Leon Panetta nommé nouveau Secrétaire d'État à la Défense...
Barack Obama et Leon Panetta nommé nouveau Secrétaire d'État à la Défense...
©Reuters

Intelligence

Le général David Petraeus, à la tête des forces de la coalition en Afghanistan depuis un an, laisse sa place à John Allen pour prendre la direction de la CIA, que quitte Leon Panetta pour devenir Secrétaire à la Défense. Un jeu de chaises musicales d'importance à la tête des États-Unis. Et l'occasion de revenir sur le rôle de la CIA dans la politique extérieure américaine.

Yvonnick Denoël

Yvonnick Denoël

Yvonnick Denoël est éditeur et historien, spécialiste du renseignement.

Il est l'auteur du Livre noir de la CIA (Nouveau Monde, 2007) et de Sexus Economicus (Nouveau Monde, 2011).

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Atlantico : Le général David Petraeus qui prend la direction de la CIA, son prédécesseur Leon Panetta nommé nouveau Secrétaire d'État à la Défense... Que penser de cette porosité entre le gouvernement américain et la mystérieuse agence centrale de renseignement ?

Yvonnick Denoël : Ces deux mouvements sont d'abord des choix politiques habiles. Petraeus est apprécié comme chef militaire, mais soupçonné par l'équipe Obama de nourrir des ambitions politiques... côté républicain ! Or, il n'y avait pas vraiment de poste à sa mesure disponible dans l’armée. La direction de la CIA était donc la seule option civile susceptible de le retenir.

Cela tombe bien puisque Panetta, vieux fidèle du Président, était pressenti pour succéder a Robert Gates à la Défense, avec pour mission délicate de réduire enfin le budget du Pentagone, qui a connu une croissance spectaculaire sous Bush... Rappelons que Panetta a été directeur du budget sous Clinton et a d'abord une réputation de gestionnaire. Il était à la CIA pour y remettre de l'ordre et part sur un succès médiatique : la mort de Ben Laden.


La CIA est-elle au service de la politique étrangère définie par le Président, ou peut-elle l'influencer ?

La CIA est d'abord une agence de renseignement ayant pour but de fournir une information pertinente au président. La dimension "action" est seconde, mais parfois très importante, sous la présidence Reagan par exemple.

Dans les années 1950 et 1960, la CIA jouissait d'une grande autonomie et d'un pouvoir d'initiative, en lien avec le Département d'État. La grande période de symbiose, c'est celle de la présidence Eisenhower où deux frères, les Dulles, ont la haute main sur les Affaires étrangères (Foster, Secrétaire d'Etat) et le renseignement (Allen, directeur de la CIA). 

Mais à d'autres périodes, diplomatie et renseignement ont pu s'affronter, comme sous Clinton, où l'on poursuit d'un côté des objectifs de paix, et de l'autre une guerre économique. La CIA est donc censée servir le Président, pas lui dicter sa politique, mais elle le place parfois dans des situations embarrassantes !


Quel est aujourd'hui le vrai pouvoir de la CIA ?

Il existe un hiatus entre d'un côté ses budgets extraordinaires et sa réputation de toute puissance et de l'autre des résultats souvent contrastés. Il y a eu certes des coups d'État (Iran, Guatemala, Chili), des assassinats (dont le dernier en date est celui de Ben Laden, réussie grâce à une astucieuse opération), des coups tordus et des intoxications réussies... Mais aussi énormément de ratages (Fidel Castro toujours vivant après des dizaines de projets d'assassinats !), de débâcles sur le terrain, souvent causées par la méconnaissance des situations et des cultures locales. Au moment du 11 septembre, l'Agence s’était débarrassée de presque tous les vieux briscards parlant l'arabe et regorgeait encore de sovietologues désœuvrés !

L'anticommunisme a été la seule ligne stratégique pendant plusieurs décennies, ce qui a donné la situation que l'on sait en Afghanistan et au Pakistan...

Alors oui, la CIA est puissante et elle a gagné son combat historique contre le communisme, mais elle est loin d’être assez réactive aux bouleversements géopolitiques et assez précise dans ses actions... On lui prête beaucoup plus de manœuvres machiavéliques qu'elle ne peut en réussir...

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