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Mais comment une fille peut-elle jouer au football ?
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Mother soccer

Alors que les Bleues, battues par l'équipe américaine, jouent samedi la petite finale pour la troisième place de la Coupe du Monde de football féminin, il faudrait quand même se demander sérieusement s'il est bien convenable, pour une demoiselle, de courir après un ballon.

Laurence Lasserre

Laurence Lasserre

Laurence Lasserre est spécialiste de la communication publique et des medias.

 
 
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Maintenant que nos Bleues ont été éliminées, je peux me permettre d'émettre mon point de vue sans compromettre la ferveur journalistique et patriotique qui a brièvement émergé devant le possible exploit de nos footballeuses nationales. Au passage, se faire battre par une poignée de yankees échappées de leur université alors que c'est le base-ball le sport national outre-Atlantique, c'est un peu décevant, mais bon, on leur pardonne et même, on les remercie. Surtout si on fait le parallèle avec la triste épopée de leur congénères masculins, l'an passé, sur la terre sud-africaine. Au moins ne furent-elles pas chargées de la honte et de la réprobation unanime de toute une nation, une veille de 14 Juillet en plus. Donc, bravo les filles, on vous aime. 

Mais revenons à notre sujet : au préalable, et je vous vois venir, il ne s'agit pas de condamner le foot. J'adore ça, j'arbore régulièrement la casquette rose du PSG spécialement conçue pour les supportrices. Je suis même prête à m'enchainer prochainement aux grilles du Parc des Princes pour que mon équipe ne déménage pas au Stade de France. 

Mais l'idée qu'une fille puisse jouer au football est un concept que mon cerveau n'intègre pas. Gardien de but, attaquant, ailier droit, arrière centre, c'est un truc de mecs. Le short, le maillot, les chaussettes blanches montantes, les godasses à crampons, et le mollet enduit de pommade camphrée, ce n'est définitivement pas un accoutrement féminin. Balancer une chandelle ou faire un tacle, tirer au but ou faire un dribble ou un petit pont ne peut être une activité durablement envisageable pour une demoiselle. Je suis sûre que la baronne de Rothschild, si on lui demandait son avis, en aurait des nausées. 

Evidemment, on est tous fans de Marinette Pichon, figure de proue du groupe des french girls de la balle au pied, qui a ouvert la voie de cette étrange pratique, et terminé sa carrière à Juvisy. On a naturellement une pensée émue pour elle alors que sonne la brève heure de gloire de ses cadettes. Mais enfin, ne vaut-il pas mieux être supportrice, pom pom girl ou même majorette, et regarder ces messieurs transpirer en sirotant une coupette sur le bord du terrain ou dans les tribunes, que de courir soi-même après le ballon ?  N'y a-t-il pas des centaines d'autres activités à pratiquer entre filles ? Je ne parle pas du tricot et de la couture, mais de la course à pied, de la natation, du tennis ou bien du karaté comme notre ministre des Sports - bien qu'elle n'ose plus se mettre en jupe. N'est ce pas infiniment plus féminin ? Ou bien alors poser dans Match et devenir l'égérie des créateurs comme Zahia ? Se faire une soirée foot entre filles en buvant de la bière et en mangeant une pizza quatre saisons ? Collectionner et s'échanger les autocollants Panini des héros de l'AS Saint Etienne de 1976 ? Ou, suprême coup de bol, remplacer au pied levé le JRI de Canal Plus qui tourne dans les vestiaires d'après match pendant le championnat de Ligue 1? Voilà des activités compatibles avec notre statut de sexe faible !

Parce que si on se met à jouer au foot, nous les filles, alors que l'on a déjà intégré l'armée, la politique, le sénat, l'élection présidentielle et les casernes de pompiers, je vous le demande, ce qu'il va leur rester, aux hommes? 

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