Afghanistan : où en est l'armée française ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
Afghanistan : 
où en est l'armée française ?
©

Audit

Elrick Irastorza, chef d'état-major de l'armée de terre, est actuellement en Afghanistan pour renforcer la sécurité des 4000 soldats français dans la région. Mais quelle est au juste sa mission ?

Jean-Bernard Pinatel

Jean-Bernard Pinatel

Général (2S) et dirigeant d'entreprise, Jean-Bernard Pinatel est un expert reconnu des questions géopolitiques et d'intelligence économique.

Il est l'auteur de Carnet de Guerres et de crises, paru aux éditions Lavauzelle en 2014. En mai 2017, il a publié le livre Histoire de l'Islam radical et de ceux qui s'en servent, (éditions Lavauzelle). 

Il anime aussi le blog : www.geopolitique-géostratégie.fr

Voir la bio »

Après l'attentat qui a causé la mort de six soldats français ce mercredi en Afghanistan, la France a annoncé son intention de renforcer la sécurité de ses 4000 soldats présents dans le pays. Elrick Irastorza, chef d'état-major de l'armée de terre, a ainsi été envoyé dans la région. Etat des lieux.

Pourquoi une telle mission ?

Si on se réfère aux déclarations des autorités militaires françaises, cet attentat marque une évolution dans les modes d’actions des Talibans qui ont eu recours à un mode d’action de leur fraction extrémiste, liée  à Al Qaida. Les tactiques de guérilla qu’ils utilisaient contre nos forces : harcèlement, embuscades n’ont pas empêché nos soldats de sécuriser les deux zones qui leurs étaient confiées, d’y mener des actions destinées à impliquer la population dans les actions de développement et de sécurité et de créer ainsi les conditions pour  transférer petit à petit les responsabilités de la sécurité aux forces afghanes.

Cet attentat est perçu comme un aveu d’impuissance militaire des Talibans et pour nos forces implique d’ajouter, à nos actions  de contre-guérilla, un mode d’action d’anti-terrorisme.

Que va faire sur place le Général Irastorza ?

Il va sur place, selon moi, pour faire trois choses :

1. Vérifier que ce diagnostic est le bon.

2. Évaluer que les mesures immédiatement prises après l’attentat par les militaires sur place sont pertinentes et suffisantes.

3. Etudier avec les responsables militaires locaux des mesures de sureté et de protection nouvelles qui doivent répondre au double objectif :

            - Mieux protéger nos soldats

            - Ne pas mettre en cause leur mission à savoir gagner le cœur de la population

Quelles sont ces mesures ?

Elles sont de deux types, défensives et offensives :

  • Défensives : elles sont du même type que celles que nous connaissons dans nos aéroports : contrôle strict et fouille de toute personne devant avoir accès à des lieux ou des  locaux qui peuvent être un objectifs : rassemblement de notables ou de population par exemple ;
  • Offensives : renseignement sur les groupes locaux qui projettent des attentats de type Kamikaze, infiltration et neutralisation avant action ; c’est ce que réalise en France la DCRI

Il ne faut pas s’attendre à la suite de cette mission à ce que le détail de ce qui sera fait soit communiqué. Il ne peut être question de dévoiler à nos adversaires les mesures prises.

Que faisons-nous en Afghanistan et pourquoi ne pas accélérer notre retrait ?

Il ne faut pas oublier que la présence de nos forces comme de celles de la coalition est liée au fait que les Talibans dont la majorité n’ont que des objectifs locaux - c'est-à-dire prendre le pouvoir à Kaboul pour imposer un système islamiste radical - ont accepté la présence de Ben Laden et des camps d’entrainement d’Al Qaida, leur permettant ainsi de mener des actions terroristes dans le monde entier dont le plus spectaculaire fut celui du 11 septembre 2001 à New York.

Tout l’enjeu pour les puissances occidentales mais aussi pour la Russie et pour la Chine qui subissent aussi sur leur sol ces actes terroristes est de liquider cette minorité extrémiste. Cela ne peut se faire qu’avec l’appui du Pakistan dont les militaires semblent avoir compris que cette minorité leur causait plus de soucis qu’ils n’en tiraient de bénéfices. Le lâchage de Ben Laden et de plusieurs autres responsables d’Al Qaida qu’ils abritaient sur leur territoire en est la preuve. C’est tout l’enjeu de la transition en cours qui ne réussira qu’avec l’appui d’Islamabad.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !