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Prix de l’essence : le gouvernement 
ne peut pas ne pas agir
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Urgence

Il y a quatre mois, le député (UMP) Jacques Le Guen s'inquiétait déjà d'augmentations du prix de l'essence à la pompe déconnectées des évolutions du prix du baril. Aujourd'hui, comme Ségolène Royal, il appelle à la mise en place d'un blocage des prix pour contrecarrer le chantage des compagnies pétrolières.

Jacques Le Guen

Jacques Le Guen

Jacques Le Guen est député (UMP) du Finistère, adjoint au maire de Plounévez-Lochrist et conseiller régional de Bretagne.

Membre de République Solidaire (RS), il a annoncé son soutien à Nicolas Sarkozy pour 2012.

 

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Atlantico : Les pétroliers tirent-ils selon vous profit de l'envolée des prix du pétrole pour augmenter le prix de l'essence ?

Jacques Le Guen : Oui, cela fait maintenant trois mois que nous disons que l'augmentation de l'essence à la pompe n'est pas corrélée à l'augmentation du brut : même quand le baril se stabilise, le prix de l'essence continue d'augmenter ! Les compagnies pétrolières ont profité de cette manne en augmentant significativement leur marge, pour un bénéfice de plus de 500 millions d'euros, tout en acceptant de ne rembourser que 115 millions en taxation exceptionnelle au profit de la revalorisation du barème forfaitaire kilométrique...

Qu'a donné votre demande d'enquête sur la fluctuation des prix de l'essence, en février dernier ?

Après un premier refus, la requête a finalement été reprise à son compte par le Premier ministre, qui a demandé à Christine Lagarde de lancer cette enquête. L'enquête suit son cours, il ne faut pas interférer tant qu'elle n'est pas terminée.

Le gouvernement doit-il intervenir sur ces questions ?

Il le devrait, mais ce sont « des grands diseux pour des petits faiseux », comme on dit. Un Observatoire des prix et des marges a été mis en place en 2008 pour vérifier l'absence d'anomalies autour des prix du brut, qui sont déterminés par l'offre et la demande internationales et les prix à la pompe, mais c'est du vent, cela ne correspond à rien.

Total, comme un certain nombre d'entreprises du CAC40, est exemptée d'impôts au titre de la niche du bénéfice mondial consolidé, dont le Conseil des Prélèvements Obligatoires (CPO) a estimé qu'il n'avait aucune utilité économique. L'impôt pourrait-il être une solution pour faire baisser les prix ?

Bien sûr, on pourrait jouer là-dessus. Mais Total menace de diminuer ses investissements si on lui demande de faire des efforts. C'est du chantage, car une entreprise qui sort 10,3 milliards d'euros de résultats et ne payent pas d'impôts, c'est scandaleux.

Par ailleurs, la concurrence ne peut pas vraiment jouer, car Total occupe presque tout le marché. J'ai travaillé par le passé sur le prix des carburants dans les DOM-TOM, qui sont fixés par arrêté préfectoral après consultation des pétroliers, des consommateurs, de l'Etat et des élus. Et bien je peux vous dire que je n'ai jamais vu une diminution se mettre en place ! Comme Total était en situation de monopole dans les Antilles, elle menaçait de fermer la seule raffinerie du territoire pour obtenir ce qu'elle voulait.

Toutefois, il y a deux choses qu'il faudrait faire : voir la situation dans les autres pays européens, qui se retrouvent dans la même situation, et associer les associations de consommateurs pour remettre les choses au clair. Si l’État n'a pas la volonté politique, rien ne se fait. Mais rien ne nous empêche de mettre en place un système de blocage des prix de l'essence.

Vous souscrivez donc à la proposition de Ségolène Royal ?

Elle n'a pas inventé l'eau tiède : elle dit la même chose que j'ai dit il y a trois mois [ndlr : Ségolène Royal avait émis la proposition de fixer les prix par décret le 13 avril dernier] ! C'est facile de revendiquer des idées, mais prenons le temps d'en chercher la paternité.

Cette solution reste temporaire...

Il ne faut pas baisser les bras devant un gasoil à deux euros ! Cela mérite d'être étudié de façon plus pragmatique et plus adaptée à la situation d'aujourd'hui.

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