Les sénateurs, ces déconnectés de la République<!-- --> | Atlantico.fr
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Les sièges fort confortables du Sénat.
Les sièges fort confortables du Sénat.
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Microcosmos

Les sénateurs viennent de faire sauter ce lundi matin les "amendements Dosière" qui proposaient de revenir sur certains avantages des élus. Un scandale démocratique ?

 Authueil

Authueil

Authueil est un célèbre blogueur.

Soutier dans un grand paquebot de la république, il fréquente régulièrement les couloirs de l'Assemblée Nationale.

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Les sénateurs viennent de supprimer (avec l'accord du gouvernement) les amendements adoptés à l'Assemblée nationale, à l'initiative du député René Dosière, concernant l'écrêtement et les avantages en nature des élus. Il fallait s'y attendre...

Les sénateurs n'étaient pas contents, car ces dispositions ont été placées dans un texte qui, selon eux, n'a rien à voir avec les collectivités territoriales, et surtout, elles n'ont pas été débattues en séance publique en Sénat, alors même que c'est la chambre qui représente les élus locaux, et doit donc être saisie en premier des dispositions sur les collectivités territoriales. Sur ces deux aspects, ils ont formellement raison, la manière d'agir de René Dosière était un peu brutale et expéditive.

Le Sénat : un problème démocratique majeur

Mais il arrive souvent que le Sénat, saisi après l'Assemblée nationale d'un texte en urgence, y apporte des « enrichissements » dont l'Assemblée nationale ne discute pas, vu que le texte part directement en commission mixte paritaire. Un seul exemple, la fameuse « taxe google », votée par les sénateurs lors de la loi de finances, fin 2010. Les députés n'en ont pas débattu, alors que normalement, toutes les mesures financières doivent d'abord passer devant les députés. Lorsque ces derniers se saisissent du sujet, dès la première loi de finances rectificative qui suit, et suppriment la disposition, les sénateurs s'en irritent en séance publique. A un moment, il faut être cohérent...

Cette décision est surtout révélatrice d'un problème démocratique majeur que pose le Sénat. En effet, élus par des grands électeurs qu'ils choient et nourrissent (il n'y a qu'à voir les notes de frais du questeur Pastor) ils sont électoralement à l'abri de l'indignation populaire. Même si des sénateurs perçoivent bien cela (à commencer par Gérard Larcher qui est revenu sur la prime) un certains nombre ont l'air de se moquer complètement de ce qu'on peut penser d'eux et de leurs pratiques... C'est absolument détestable !

La bulle douillette dans laquelle vivent les sénateurs

Le Sénat vit donc dans une bulle, avec un confort matériel assez sympathique, des notes de frais, des réserves financières énormes, des voitures de fonctions, des appartements de fonction qu'ils peuvent généreusement accorder à vie à leurs anciens présidents ainsi que de généreuses primes de fin de mandat. Et le citoyen est loin de tout savoir, nombre d'histoires circulent dans « les milieux informés », sur les enveloppes de billets qui circulaient, les soirs de séance, pour « fluidifier » les scrutins délicats, ou sur les subventions décrochées en 2008, afin de faire passer la réforme constitutionnelle au Congrès...

On se demande vraiment s'ils ont conscience, au Sénat, de l'impact symbolique de tout cela ? Se rendent-ils compte que les avantages matériels accordés aux élus passent de plus en plus mal dans la population ? Arrivent-ils à comprendre que leurs conneries rejaillissent sur l'ensemble des élus, au premier rang desquels on trouve les députés, qui se retrouvent mis dans le même sac que les sénateurs...

En fait, les sénateurs n'ont qu'une chose en tête, c'est l'approche des élections sénatoriales. Il faut donc absolument éviter de froisser les élus locaux, en ne touchant surtout pas à leurs petits arrangements internes, à leurs petits privilèges, d'où le rejet sec des amendements Dosière. Il fallait aussi financer la campagne sénatoriale, la dernière où il n'y aura pas besoin de présenter des comptes de campagne, d'où la petite prime...

L'intérêt général, la moralité, la probité, dans des moments comme ça, c'est subsidiaire ! Il y a là un dysfonctionnement démocratique qu'il faudra traiter. Le Sénat ne peut pas continuer à vivre comme ça, hors de tout contrôle déontologique.

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