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« Les rabbins étaient sur Twitter avant le Pape »
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Alors que le Vatican et Benoît XVI viennent de faire une entrée fracassante sur Twitter, la religion juive a déjà investi les réseaux sociaux depuis un bon moment, en formant ses rabbins à leur utilisation et en veillant à ce que ces technologies n'entrent pas en contradiction avec les principes du judaïsme. Le porte-parole du Grand Rabbin de France nous en explique les enjeux.

Moché Lewin

Moché Lewin

Moché Lewin est porte-parole du Grand Rabbin de France, Gilles Bernheim.

 

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Atlantico : Le Grand Rabbin poste-t-il lui même ses messages sur Twitter ?

Moché Lewin : Ce n'est pas toujours lui qui appuie sur les boutons, mais il a bien sûr un regard dessus.

Ce compte fait suite au dernier Congrès Rabbinique National, qui s'est déroulé en mai dernier, au cours duquel un spécialiste des nouvelles technologiques est intervenu pour sensibiliser les rabbins aux questions autour des réseaux sociaux. A cette occasion, on a pu mesurer l'intérêt du rabbinat : si certains rabbins ne connaissaient pas du tout, un certain nombre d'entre eux, notamment les plus jeunes, utilisaient déjà Facebook ou Twitter pour communiquer avec la communauté qu'ils dirigent.

Cela étant, il y a une véritable réflexion à mener sur les dangers de ces outils, et notamment sur les questions de vie privée. Ce qu'il se passe en termes d'usurpation d'identité et de piratage est très grave : on a même annoncé sur Twitter la mort du président Obama le 4 juillet !

Le Pape vient d'écrire son premier tweet, mais nous avions sensibilisé les rabbins avant, car le principe du judaïsme, c'est de ne pas refuser la modernité, mais de s'appuyer sur les leçons de l'Histoire pour pouvoir vivre le présent. Il faut toujours observer un recul.

Cet investissement des réseaux sociaux se fait-il uniquement en direction du public jeune ?

Plutôt, mais ce n'est pas toujours le cas. Sur Facebook, par exemple, des personnes d'un certain âge écrivent au Grand Rabbin.

N'existe-t-il pas un risque que les réseaux sociaux se substituent aux institutions religieuses ?

Non, parce que le principe du judaïsme, c'est que rien ne pourra jamais remplacer la relation de maître à élève. On parle beaucoup de communication aujourd'hui. Or, on n'a jamais aussi mal communiqué : on ne connaît souvent pas son voisin de pallier. Et ce n'est pas en s'abritant derrière un ordinateur qu'on communique réellement. Cela facilite certes un certain nombre de connaissances, encore que le problème de la vérification des sources se pose. Le principe du lien direct reste donc essentiel.

Toutefois, en ce qui concerne le judaïsme français, il est vrai que ces réseaux peuvent s'avérer particulièrement utile dans les lieux et les communautés qui n'ont pas la chance d'avoir de rabbins à plein temps : on peut par exemple envisager pour eux des systèmes de vidéo-conférences, pour leur permettre de garder le contact.

L'horizontalité des réseaux ne menace-t-elle pas les principes verticaux du judaïsme (maître à élève) ?

La verticalité est certes importante, mais il y a également de la transversalité. Dans les maisons d'études juives par exemple, des discussions entre étudiants appelées "havrouta" suivent le cours du maître. En effet, on ne connaît jamais la vérité seul : c'est de la discussion et du partage qu'elle naît. Il n'y a donc pas de contradiction entre ces deux principes.

Dans ces nouvelles technologies, comme dans toute chose, il y a le côté positif et le côté négatif. Regardez par exemple le nucléaire... Il ne faut pas refuser ce qu'elles peuvent apporter de positif, mais il est important que chacun soit formé pour connaître les risques en amont. Je parle notamment des moins jeunes, qui ne maîtrisent pas ces technologies comme leurs enfants. De la même manière qu'il faut guider un enfant pour l'aider à traverser une rue, il faut l'accompagner dans l'utilisation de ces technologies.

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