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L'école face à la triche 2.0
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Jeune veut pas travailler

Cette année, les examens nationaux, Bac et BTS en tête, ont été émaillés de fraudes "high-tech" remettant en cause l'égalité sacrée entre les candidats. Les symptômes d'un système plus en phase avec son époque ?

Roland Hubert

Roland Hubert

Roland Hubert est secrétaire général du Syndicat National des Enseignants de Second degré (SNES-FSU).

 

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Atlantico : Les fraudes qu'a connu l'édition du bac cette année révèlent-elles les menaces que portent les nouvelles technologies sur l'apprentissage scolaire ?

Roland Hubert : L'incident de l'épreuve de mathématiques en série scientifique est assez classique : quelqu'un prend connaissance du sujet à l'avance et le diffuse. Les technologies en ont seulement démultiplié l'impact, notamment grâce à Internet.

De façon plus générale, les tricheurs s'adaptent en fonction des outils disponibles, mais il n'y a pas de rupture fondamentale. Un phénomène similaire s'était produit avec l'apparition des calculatrices graphiques, dans lesquelles les élèves rentraient l'intégralité de leur cours. On les a alors interdites.

Mais il est indéniable que dans le quotidien des classes, avec la multiplication des technologies, la triche est plus fréquente, car les élèves la trouvent plus de façon plus aisée. Pour le bac, il nous est difficile d'évaluer une potentielle hausse de la fraude, car, par définition, nous prenons uniquement connaissance de celle que nous découvrons.

L'Education Nationale n'est-elle pas forcée de tenir compte d'une évolution plus profonde de la société, où la mémorisation est dévaluée en raison de la disponibilité immédiate de l'information ? Au Danemark, par exemple, les professeurs ont décidé d'autoriser Internet pendant les examens...

Les résultats de cette expérience danoise étaient mitigés... Au-delà de ça, la question de l'usage de documents est presque aussi vieille que le bac ! Doit-on faire des épreuves où le candidat est seul face à sa copie, ou lui permettre de travailler avec ses propres documents ? Jusqu'à présent, on n'avait pas fait ce choix, car cela n'augmente pas forcément la facilité des examens ; au contraire, il est souvent difficile de ne pas tomber dans la paraphrase et le plagiat...

Aujourd'hui, plus personne ne travaille sans Internet, et les épreuves du bac peuvent paraître décalées. Mais le problème, c'est bien la capacité d'appréciation de l'élève à l'égard des documents qui lui sont fournis ou des informations qu'il va trouver sur Internet : en général, il faut déjà des connaissances préalables pour pouvoir faire cette analyse.

Le débat sur les formes d'épreuves qui rendent la triche moins payante doit toutefois bien-sûr être mené, car la solution, ce n'est pas de faire uniquement des QCM (questionnaires à choix multiples) ou de supprimer tout bonnement le bac.

La capacité d'analyse des informations est-elle aujourd'hui intégrée aux cursus scolaires ?

Oui, mais peut-être pas suffisamment, et cela dépend des séries. Il s'agit par exemple des Travaux Personnels Encadrés (TPE). Cet apprentissage est long, difficile, et doit s'appuyer sur des apprentissages fondamentaux. Ce n'est pas forcément facile de faire cela dans des classes de 35 élèves...

La grande difficulté que l'on observe aujourd'hui chez les élèves, ce n'est pas d'aller chercher l'information, mais de savoir qu'en faire, et d'acquérir des connaissances.

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