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Faut-il donner 
un coup de neuf au bac ?
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Education

Le bac en crise. Et si les fraudes qu'a connu le bac cette année l'épreuve reine du secondaire illustraient son évolution ?

Claude Lelièvre

Claude Lelièvre

Claude Lelièvre est historien de l'éducation et professeur au Centre de Recherche sur les Liens Sociaux (CERLIS) l’université Paris Descartes.

Il est l'auteur de Les politiques scolaires mises en examen : Onze questions en débat (ESF, 2008).

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Atlantico : Les fraudes qu'a connu le bac cette année ne symbolisent-elles pas les difficultés de l'Etat français à préserver l'un de ses derniers symboles républicains ?

Claude Lelièvre : Le bac n'est pas né avec la République. Il a été créé par Napoléon en 1808 et s'est développé sous la Royauté et le Second Empire avec l'aspect standard égalitaire qu'on lui connaît, pour devenir incontournable. L'objectif initial était d'assurer un recrutement estampillé des cadres administratifs et des étudiants de l'Université. Il n'a donc rien de particulièrement républicain !  Il est avant tout singulièrement français, car cette forme n'existe pratiquement pas à l'étranger. 

Pendant tout le XIXe siècle, et au début du XXe, le bac a fonctionné sous sa forme initiale. Ce n'est que pendant l'entre-deux-guerres qu'est survenue une grande évolution : alors qu'il était jusqu'à présent essentiellement un examen d'entrée dans le supérieur, il s'est peu à peu transformé en examen final du secondaire. Cela s'est manifesté par un recul massif des universitaires et une arrivée en force des professeurs du secondaire dans les jurys du baccalauréat.

Ce changement est fondamental, et se poursuit encore, avec un désengagement complet du ministère de l'Enseignement Supérieur de l'organisation du bac ces dernières années. Pour qu'il redevienne dans les faits un examen d'entrée à l'Université, comme il avait été imaginé par Napoléon puis Jules Ferry, il faut absolument que les universitaires se réinvestissent dans sa préparation. Il y a également une deuxième fiction : celle de penser le bac comme un examen unique, alors qu'il y a en réalité plusieurs bacs, qui ne recouvrent pas les mêmes exigences et connaissances.


Selon vous, les couacs d'organisation du bac 2011 sont donc le symptôme d'une institution qui navigue entre deux eaux ?

Ce sont en tout cas des rappels à l'ordre, qui nous donnent l'occasion de revisiter ce monument national - et non pas républicain. Je ne suis pas en faveur de sa suppression, car après 200 ans d'existence, cela m'étonnerait qu'il soit renversé d'un seul coup. En revanche, il peut être refondé, en se demandant si oui ou non, à notre époque, il peut garder sa valeur biface d'origine : à la fois examen de fin d'études secondaires et d'entrée dans le Supérieur.

La question du contrôle continu est secondaire : ce qu'il faut, c'est que les deux ministères travaillent ensemble, et que les universitaires participent à l'élaboration des épreuves pour établir une continuité avec le secondaire. Sinon, il faudrait carrément se tourner vers les modèles étrangers, avec des universités qui organisent leurs propres examens d'entrée. Pourquoi le secondaire devrait-il avoir le beurre et l'argent du beurre ?

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