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Les politiques naïfs face aux réseaux sociaux ?
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EDITO

Certains Internautes ont essayé de piéger l'élu US qui a dérapé via Twitter avant de démissionner.

Gilles Klein

Gilles Klein

Gilles Klein,, amateur de phares et d'opéras, journaliste sur papier depuis 1977 et en ligne depuis 1995.

Débuts à Libération une demi-douzaine d’années, puis balade sur le globe, photojournaliste pour l’agence Sipa Press. Ensuite, responsable de la rubrique Multimedia de ELLE, avant d’écrire sur les médias à Arrêt sur Images et de collaborer avec Atlantico. Par ailleurs fut blogueur, avec Le Phare à partir de 2005 sur le site du Monde qui a fermé sa plateforme de blogs. Revue de presse quotidienne sur Twitter depuis 2007.

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Anthony D. Weiner, élu de l'état de New York a fini par démissionner après avoir reconnu être l'auteur d'envoi de photos à caractère sexuel via Twitter. Dans un premier temps, il avait d'abord nié, et longuement accusé un pirate d'avoir utilisé son compte, avec une naïveté étonnante. Les politiques ont ajouté les réseaux sociaux à leur panoplie mais ils sont souvent maladroits ou naifs.

On peut considérer que les noces entre Internet les politiques ont commencé en 2003 avec Howard Dean, candidat aux primaires démocrates pour la présidence des Etats-Unis qui a créé la surprise levant la majorité de son budget de campagne via Internet. Il a été battu par John Kerry qui a été le candidat démocrate face à Bush, mais Dean est devenu ensuite le monsieur Internet de son parti.

En France, la danse commence en 2004, dès janvier avec le socialiste Alain Rousset qui ouvre un blog, suivi par un dénommé Dominique Strauss-Kahn. Puis en 2005, une autre tête connue, un ministre de l'intérieur répond dans les commentaires du blog d'un jeune cinéaste qui le critique violemment : Mathieu Kassowitz avait écrit le 17 novembre "«L’envie de pouvoir et l’égocentrisme de ceux qui pensent détenir une vérité ont toujours créé des dictateurs. Nicolas Sarkozy est certainement un petit Napoléon.. »".

Sarkozy fait une première en dialoguant avec le réalisateur de la Haine, Kassowitz dans un commentaire de son blog le 22 novembre 2005 : le ministre de l'Intérieur conclut paisiblement "Demeurant disponible pour poursuivre, si vous le jugez utile, notre échange de vive voix, je vous prie de croire, Monsieur, à l'assurance de mes sentiments les meilleurs.". Lorsqu'en janvier 2006, le parti de François Bayrou, l'UDF invite des blogueurs à son congrès de Lyon, on peut dire que le mariage est consommé.

Mais depuis la lune de miel est bien terminée. L'ancien ministre de l'Intérieur est devenu président de la République. Il a une page Facebook (comme son fils Jean) avec près de 500 000 amis, et une page officielle pour son comité de soutien 2012 qui a déja près de 20 000 fans. Par contre, il n'est pas patient quand les réseaux sociaux reprennent une rumeur sur son couple, qui démarre comme une plaisanterie sur Twitter avant d'être reprise sur le site du Journal du Dimanche.

La réaction énervée du président face à la rumeur Twitter transforme l'histoire en affaire d'état en avril 2010. On entendra même son son avocat Thierry Herzog évoquer un "complot avec des mouvements financiers" derrière la dite rumeur concernant de supposées relations entre son épouse et un chanteur connu.

A l'opposé de cette vision complotiste, l'exemple de Weiner montre une double naïveté sidérante. En quinze jours, cet homme politique démocrate de 46 ans, marié, passe du statut d'éventuel candidat à la mairie de New York à celui de démissionnaire honteux qui présente des excuses publiques avant d'aller se faire soigner dans un établissement spécialisé.

Le 27 mai, une photo de caleçon montrant les formes d'un sexe masculin apparaît sur Yfrog associée à un de ses messages sur Twitter destiné à une des jeunes femmes abonnées à son compte. Son porte-parle accuse un pirate d'être l'auteur de cette mauvaise plaisanterie. Le 1er juin, après avoir refusé de répondre aux reporters, Weiner dit sur le plateau de CNN qu'il n'est pas l'auteur de la photo et de cet envoi.

Le 6 juin, le blogueur conservateur Andrew Bretibart, montre une photo du torse nu de Weiner envoyé à une autre femme. Quelque heures plus tard, conférence de presse : Weiner reconnaît avoir menti, ajoute qu'il a eu des attitudes déplacées avec plusieurs jeunes femmes en ligne, mais pas question de démission. Le 8 juin, on apprend que son épouse est enceinte de leur premier enfant.

Le 11 juin, Weiner annonce qu'il va se faire soigner.  Le lendemain un site people montre d'autres photos de lui plus ou moins dénudé. Le 13, Obama (démocrate, comme Weiner) déclare qu'à sa place il démissionnerait. Weiner finit par jeter l'éponge le 16 juin, et met fin à ses ambitions politiques.

Weiner a été doublement naif. D'abord qu'il croyait pouvoir faire croire à un piratage et continuer sa carrière. Mais surtout parce qu'il n'a pas pensé, que son compte Twitter était surveillé depuis des mois par ses ennemis politiques. Comme le raconte aujourd'hui le New York Times, plusieurs personnes se sont fait passer pour des jeunes filles mineures, via de faux noms sur Twitter pour essayer de le piéger.

Sans tomber dans les théories du complot comme l'avocat de Nicolas Sarkozy face à une rumeur sur la vie privée de son épouse, ou comme certains soutiens de DSK qui s'étonnaient que l'incident du Sofitel ait été très tôt signalé sur Twitter, tous les hommes politiques devraient savoir que si les réseaux sociaux sont devenus des outils de communication incontournables, ils font aussi l'objet d'une surveillance constante de leurs rivaux ou leurs opposants qui guettent le moindre faux pas.

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