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Réhabilitons Boris Eltsine !
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Back in USSR

Il y a 20 ans, Boris Eltsine succédait à Mikhaïl Gorbatchev. On se souvient - hélas - plus de son fou-rire alcoolisé aux côtés d'un Bill Clinton hilare que de ses réformes courageuses et indispensables pour transformer l'URSS en Rusie. Pense-bête.

Cécile Vaissié

Cécile Vaissié

Cécile Vaissié est professeur des universités en études russes et soviétiques à Rennes II.

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Il y a vingt ans et quelques jours, le 12 juin 1991, Boris Eltsine était élu, au suffrage universel direct, Président de Russie, un poste qui venait d’être créé et qu’il a donc été le premier à occuper. La Russie n’était encore que l’une des quinze républiques constituant l’URSS, celle-ci étant dirigée par Mikhaïl Gorbatchev qui n’avait pas, lui, la légitimité du suffrage universel. Or, le conflit entre les deux hommes était déjà public et, au-delà des questions de personnes, il s’articulait autour de deux axes : la Russie affirmait son identité et ses choix, face à l’Union soviétique ; en outre, Eltsine souhaitait accélérer les réformes vers la démocratie et l’économie de marché. Issu d’une modeste famille paysanne et ingénieur de formation, Eltsine a fait carrière dans l’appareil du Parti.

En 1985, sur proposition de Gorbatchev, il devient Premier secrétaire de l'organisation du Parti à Moscou et se fait remarquer par son caractère combattif, sa volonté proclamée de s’attaquer à la corruption et son refus de certains privilèges. Alors que certains dirigeants cherchent à freiner la perestroïka, lancée par Gorbatchev, Eltsine incite, au contraire, à agir de façon plus décidée. C’est aussi pourquoi, en novembre 1987, il est écarté de ses responsabilités politiques. Sa carrière est relancée en 1989, à l’occasion d’élections plus démocratiques que les précédentes : il est élu député au Soviet suprême d’URSS. De nombreux Russes apprécient, en effet, son authenticité et son rejet d’une certaine langue de bois. En 1990, Eltsine qui apparaît comme l’un des chefs de file de l’opposition est de nouveau élu député, mais, cette fois, au Soviet suprême de Russie, et les autres députés le choisissent comme Président de leur assemblée. Or, le 12 juin 1990, ce Soviet suprême proclame la souveraineté de la Russie : celle-ci ne reconnaît plus obligatoirement les décisions du centre soviétique. Le tournant est majeur, et c’est pourquoi le 12 juin est une fête nationale en Russie.

Le drapeau russe flotte sur le Kremlin

En outre, les députés proclament leur volonté de créer un État de droit, au sein d'une URSS rénovée. Tandis que la population découvre des libertés oubliées, mais que les difficultés économiques s’approfondissent, le combat se durcit, entre le centre soviétique et les républiques, et donc, aussi, entre Gorbatchev et Eltsine. Élu Président de la Russie dès le premier tour, avec 57,3% des voix, ce dernier a une légitimité institutionnelle incontestable pour prendre la tête de la résistance lorsqu’un putsch conservateur éclate le 19 août 1991, et il a le courage de le faire. Il sort en héros de ce putsch qui n’a pas duré trois jours et qui suscite, aujourd’hui encore, bien des questions. Toutes les républiques soviétiques, sauf la Russie,

ayant proclamé leur indépendance, Gorbatchev démissionne, le 25 décembre, de la présidence d’une URSS qui n’existe plus. Le drapeau russe tricolore est hissé sur le Kremlin. L’émotion est intense, mais les magasins sont vides. Une autre période commence, plus complexe et controversée.

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