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Pourquoi le printemps arabe 
ne sera pas celui des Perses ?
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Iran

Le régime iranien n'est pas prêt de s'effondrer comme est tombé celui de Ben Ali ou encore celui de Hosni Moubarak. Pourquoi ? En raison, notamment, de la sociologie des manifestants en Iran : ils étaient jeunes et, pour la plupart, issus des milieux favorisés. Et, de toute manière, Ahmadinejad sera, un jour, invité à quitter le pouvoir, puisque son mandat est renouvelable qu'une fois.

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani est avocat et essayiste, spécialiste du Moyen-Orient. Il tient par ailleurs un blog www.amir-aslani.com, et alimente régulièrement son compte Twitter: @a_amir_aslani.

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Dimanche dernier a marqué le second anniversaire des élections contestées du président Ahmadinéjad qui arrive donc à mi-terme de son dernier mandat. Même si plusieurs centaines de manifestants ont bravé la quiétude espérée par le régime, globalement, le pays n’a pas connu de troubles. La question à se poser est celle de savoir pourquoi l’Iran, qui le premier, il y a deux ans, a connu des révoltes populaires n’a pas suivi le même chemin de changement que d’autres pays de la région ont choisi d’emprunter.

Il y a quatre raisons à cela.

Premièrement, même si on peut le regretter, le pouvoir iranien a une idéologie structurée autour de laquelle le peuple, ou tout au moins une partie peut se retrouver. C’est notamment celle de la théocratie religieuse et celle du flambeau chi’ite. En revanche, les régimes tombés lors du  « printemps arabes » étaient dépourvus d’idéologie à part celle peut-être du népotisme et de la corruption rampante qui gangrenait l’ossature même de l’Etat. Les cas de la Tunisie, de l’Egypte et du Yémen sont ainsi révélateurs, pour ne citer que les renversements de pouvoir aboutis à ce jour.

Deuxièmement, même si la théocratie iranienne connaît en la personne du guide suprême, une fonction inaliénable constitutionnellement, il n’en demeure pas moins que le fusible, savoir le président de la République, lui, est élu au suffrage universel pour un mandat de quatre ans renouvelable une seule fois. Dans moins de deux ans, Ahmadinejad cessera d’occuper la présidence . Il suffit de se remémorer les débats télévisés entre les candidats lors des dernières élections pour se rappeler l’opposition qui existaient entre eux. Ou encore de se souvenir des millions de mécontents iraniens dans les rues il y a deux ans pour comprendre que le candidat malheureux Mousavi ne faisait pas office de bonnet blanc / blanc bonnet. Une forme d’alternance, loin d’être parfaite, mais une forme d’alternance quand même, existe donc en Iran. D’où l’enjeu d’une élection présidentielle.

Troisièmement, les contestataires iraniens appartiennent à une sociologie démographique bien particulière. Ils étaient dans leur immense majorité des étudiants, des personnes issues des milieux  favorisés et de milieux urbains de classe moyenne. Ahmadinejad avait pour lui les milieux ruraux, les classes pauvres tributaires des largesses du pouvoir et des milieux religieux et traditionalistes. Démographiquement du moins, la balance n’a  clairement penché ni dans un sens ni dans un autre.

En dernier lieu, un pouvoir vacille quand ses élites ne croient plus à leur légitimité et leur pertinence. Le pouvoir iranien croit en l’inverse. Incontestablement, le pouvoir ne sent pas l’heure de sa fin venue. Ce qu’il ressent, en revanche c’est un nécessaire changement institutionnel. Le débat qui secoue l’Etat dans ses fondements est celui qui oppose la souveraineté nationale issue des urnes à la légitimité théocratique. Ahmadinejad, le symbole à abattre des jeunes d’il y a deux ans, est devenu le symbole d’une réforme institutionnelle que les éléments les plus conservateurs du régime ne peuvent tolérer. Le sort du destin est étonnant. Celui que l’on croyait garant de la continuité théocratique focalise aujourd’hui la hargne de ses alliés d’hier. Tel est pris celui qui croyait prendre…

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