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Chirac, Hollande héritiers corréziens de l’immobilisme au pouvoir
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Petit(s) père(s) Queuille

La proximité entre Jacques Chirac et François Hollande dépasserait-elle la simple camaraderie corrézienne ? En revenant sur la personnalité d'Henri Queuille, Corrézien et figure forte de la IVè République, Gaspard Koenig pense y déceler un trait caractéristique des hommes politiques de ce département : l'immobilisme.

Gaspard Koenig

Gaspard Koenig

Gaspard Koenig a fondé en 2013 le think-tank libéral GenerationLibre. Il enseigne la philosophie à Sciences Po Paris. Il a travaillé précédemment au cabinet de Christine Lagarde à Bercy, et à la BERD à Londres. Il est l’auteur de romans et d’essais, et apparaît régulièrement dans les médias, notamment à travers ses chroniques dans Les Echos et l’Opinion. 

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Puisqu’on nous rabâche les oreilles avec le riche sol de la Corrèze, où pousseraient les hommes d’État, prenons l’idée au sérieux et tentons de déterrer les racines politiques de Jacques Chirac et François Hollande.

Passons vite sur Jacques Delors, originaire du Lonzac mais vite monté à Paris, et allons à la rencontre de l’homme politique corrézien par excellence, la quintessence de la Corrèze, Maire de Neuvic pendant cinquante-trois ans, député de la circonscription d’Ussel pendant trente-trois ans, sénateur pendant six : Henri Queuille, l’éternel ministre de l’entre-deux-guerres, l’inoxydable Président du Conseil de la IVè République, connu par des générations d’écoliers comme « le petit père Queuille ».

Chirac et Hollande ont de qui tenir. D’ailleurs, qui succédera à Henri Queuille dans la troisième circonscription de Corrèze ? Jacques Chirac, en 1967, avec le soutien de son illustre aîné. Et qui essaiera sans succès de ravir à Chirac cette précieuse circonscription ? François Hollande, en 1981. Lequel se rabattra ensuite sur la première circonscription, celle de Tulle, gagnée en 1988, avant de devenir, vingt ans plus tard, le lointain successeur de Jacques Chirac à la tête du conseil général de Corrèze. Et pour que la boucle soit bouclée, on retrouve notre Hollande, en juillet de l’année dernière, visitant en grande pompe le Musée Henri Queuille de Neuvic…

Une conception conservatrice du pouvoir

Le petit père Queuille est passé à la postérité pour son habileté politique (21 fois ministre, cela se fête !), sa modération idéologique (c’est une figure du parti radical, ancêtre du « centre ») et son esprit facétieux (les dictionnaires de citations sont truffés de ses saillies). Des qualités largement partagées par nos trois larrons qui, du centre-gauche au centre-droit, partagent au fond la même conception conservatrice du pouvoir. Des qualités qui, au sens chiraquien, font effectivement un bon « homme d’État », proche du terroir, soucieux des grands équilibres du pays, aimable et fuyant la controverse. Des qualités totalement inadaptées au besoin de réformes et d’action qui monte aujourd’hui de tout le pays.

Qui pourrait s’étonner que Chirac vote Hollande ? Hollande a bien voté Chirac en 2002. Tous deux hommes d’appareil, tous deux chefs de parti (Chirac a régné dix-huit ans sur le RPR, Hollande onze ans sur le PS), ils représentent l’enkylosement des institutions, la pérennité des élites, le conformisme des idées. Ils sont faits du même moule.

Dans ses meilleurs moments, le petit père Queuille affirmait qu’« il n’est pas de problème dont une absence de solution ne finisse par venir à bout ». Chirac et Hollande, tous deux énarques, ne démentiraient pas. Chirac a eu amplement l’occasion de mettre ce conseil en pratique durant ses mandats présidentiels, embrassant avec avidité, et sur tous les sujets, la « tyrannie du statu quo »[*]. Gageons que Hollande saura se montrer aussi adroitement inactif.

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[*] Cf F-O Giesbert, La Tragédie du Président, Flammarion, 2006.

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