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Les think tanks peuvent-ils
influencer la  présidentielle ?
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Présidentielle 2012

Ce lundi, un colloque consacré à la "nouvelle donne public-privé ?" rassemblera autour d'une même table deux think-tank, L'Ifrap, plutôt classé à droite, et Terra Nova, plutôt à gauche... Les think-tank, acteurs majeurs du débat des présidentielles ?

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L’Observatoire français des think tanks (OFTT) est un organisme indépendant d’étude et d’expertise des think tanks en France, en Europe et dans le monde.

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Dans la sphère intellectuelle française, la figure de l’« expert » a longtemps été moins populaire que celle de l’écrivain engagé, et le champ politique s’est doté de ses propres conseillers du Prince, notamment via l’ENA. Toutefois, par des liens structurels de plus en plus étroits avec les décideurs politiques de droite comme de gauche et une diffusion large de leurs idées, les think tanks ne cessent d’accroître leur influence depuis le milieu des années 2000.

Les mutations sociologiques de la sphère du savoir, la complexification des enjeux de société et la défiance grandissante vis-à-vis des élites politiques traditionnelles expliquent pourquoi les frontières entre think tanks et leaders politiques sont devenues plus poreuses dans notre pays. La constitution de réseaux d’influence transversaux entre personnel politique, hauts fonctionnaires, journalistes, universitaires et chefs d’entreprise en a été facilitée. Les courants libéraux, progressistes, fédéralistes ou souverainistes sont représentés dans les think tanks. S’ils sont force de proposition pour le pouvoir exécutif et législatif - comme l’illustre Terra Nova qui lance un forum « 100 idées pour la France » pour 2012 -, celui-ci peut aussi les mobiliser – l’UMP mettant en place un « conseil des think tanks » avec notamment la Fondation pour l’innovation politique. Néanmoins, certains think tanks, soucieux de leur indépendance, à l’instar de la Fondation Jean Jaurès ou de l’Institut Montaigne, privilégient un débat d’idées se voulant plus participatif, sans pour autant renoncer à peser sur la prochaine campagne.

Les partis politiques, véritables « machines de guerre » au service de leur candidat, sont pris au piège de leurs impératifs électoralistes et idéologiques. L’innovation politique leur fait donc courir le risque de ne pas être « pertinents », ce qui explique en partie leur relatif conservatisme. La bataille entre les candidats pour la maîtrise de l’agenda réduit quant à elle souvent le débat à quelques thématiques démagogiques dans la forme comme sur le fond, la réalité vécue par les citoyens passant alors au second plan. C’est là que les think tanks font le lien entre société civile et champ politique et s’affranchissent plus facilement des dogmes.

L’Ifrap publie ainsi un dossier spécial « éducation » relançant le débat du coût financier, pour l’État, de l’école publique comparé à celui de l’école privée, alors que le contrôle des dépenses publiques et la réforme de la fiscalité constituent des enjeux majeurs de la prochaine élection présidentielle. Citons aussi le rapport de Terra Nova, « Gauche : quelle majorité électorale pour 2012 ? » qui suggère à la gauche française de réadapter son programme pour qu’il converge avec un changement sociologique conséquent : des nouvelles classes populaires pas forcément ouvrières. Or, ces deux propositions ont reçu un accueil politique frileux. Au Sénat, le dossier de l’Ifrap a suscité la crainte d’une nouvelle guerre fratricide entre public et privé et provoqué le rejet de bon nombre de sénateurs. De son côté, Terra Nova, accusé d’oublier les racines ouvrières de la gauche, s’est vu dans l’obligation de justifier son travail devant la vague d’indignation et de malaise soulevée.

De toute évidence, la probabilité de voir un think tank véritablement marquer l’agenda politique demeure ténue. Néanmoins, les partis comme les candidats ont besoin de leur analyse et de leur expertise afin de développer et compléter leur travail programmatique. En France, les think tanks restent cantonnés au rôle de relais entre le politique et la société civile, quand aux États-Unis ils sont les acteurs majeurs de la réflexion politique, suppléant largement les partis.

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