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"Italie surendettée, France paresseuse des 35 heures"
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Bonnes feuilles

Comment se portent les finances françaises et italiennes ? Les deux Etats possèdent des structures économiques bien différentes de celles de leurs voisins européens, comme l'expliquent les bonnes feuilles du "Petit manuel d'économie : en attendant la fin du monde" que publie Atlantico.

Norbert Silverbach

Norbert Silverbach

Norbert Silverbach est professeur agrégé d'histoire et essayiste.

Il est l'auteur du Petit manuel d'économie en attendant la fin du monde (David Reinharc, juin 2011).

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Avec 120 % du PIB, les dettes publiques italiennes sont celles d’un surendetté, tandis que la France paresseuse des 35 heures, avec ses millions de fonctionnaires budgétivores, vit depuis plus d’une génération au-dessus de ses moyens.

On y pourrait joindre la Grande-Bretagne, d’ailleurs, sur les marchés, après le tour des « PIGS », ou « États cochons » (PIGS étant l’acronyme constitué avec les initiales de Portugal, Irlande, Grèce et Spain – ou Espagne). Suivront les « FUK » c'est-à-dire « les enfoirés » (France, United Kingdom).

Mais, grâce aux héroïsmes budgétaires de David Cameron et Georges Osborne, l’Angleterre sera sauvée, sinon par le sang, du moins par la sueur et les larmes de ses petits salariés.

D’ailleurs, les agences de notation veillent déjà à l’affût : Elles ont contraint avec succès, sous la menace de la perte du AAA, le gouvernement français à imposer une réforme des retraites. Deux mois de défilés n’y ont rien fait, les Français n’ont pas eu l’énergie des Tunisiens.

À vrai dire, l’Italie et la France présentent des structures économiques fort différentes des quatre maillons faibles de l’Europe.

Si l’État italien est honteusement endetté, les Italiens eux, ne le sont pas : L’endettement des ménages ne dépasse pas 37 % du PIB contre quelque 130 % en Espagne, en Irlande… ainsi qu’en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Les Français, avec 57 % du PIB, sont plus endettés que les Italiens, mais moins que les Allemands (72,8 % du PIB), et bien sûr moins que les Britanniques.

En réalité, le poids de l’ensemble des dettes de l’État, des ménages et des entreprises n’est pas plus élevé en Italie qu’en Allemagne ou en France, et bien moins qu’en Grande-Bretagne, aux États-Unis ou en Espagne.

Les pays méditerranéens de l’Europe sont des économies de service, désindustrialisées, avec des balances de paiements structurellement déficitaires. Leur réindustrialisation sera très pénible, car la productivité n’a pas suivi (le défaut espagnol de productivité par rapport à l’Allemagne atteint 33 %). Les baisses de salaire nécessaires sont donc effrayantes, sauf à dévaluer, mais dans la zone euro on ne dévalue pas…

Les finances publiques de l’Italie et de la France sont tout de même des reflets différents de situations politiques et sociales différentes :

En Italie, la dette publique, 118 % du PIB, est surtout la conséquence d’un malgoverno qui relève plutôt du passé. Au plus fort de la crise, en 2008, le déficit public italien n’a pas dépassé 5,3 % du PIB, c’est-à-dire bien moins que les déficits américains et britanniques, environ 11 % du PIB, et que le déficit français, 7,7 % du PIB (estimé à 7 % par la ministre française des Finances).

En France, les déficits publics, de l’ordre de 3 à 4 % du PIB, sont le reflet d’une durable crise de langueur. Les dépenses publiques et sociales constituent une morphine destinée à rendre indolore l’absence de croissance économique. Les déficits publics sont donc « l’opium du peuple »… Aussi, la simple menace d’interrompre la morphine, comme par exemple la réforme des retraites, fait donc hurler le grand malade français.

Extrait duPetit manuel d'économie en attendant la fin du monde de Norbert Silverbach 

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