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Délinquance sexuelle : 
les femmes aussi
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Un pas vers l'égalité des sexes ?

Lundi, « Osez le féminisme » lance la campagne « Osez le clito ! ». Des pochoirs et des affiches seront créés pour l’occasion, affichant un clitoris géant avec l’accroche « Libérons-le ! ». L’association souhaite affirmer « que les sexualités des femmes sont multiples, se vivent en dehors de toutes procréation, ne sont pas forcément complémentaires du sexe masculin » Anne Poiret lève justement le voile sur un des derniers tabous : 3% des personnes incarcérées en France pour crimes et délits sexuels sont des femmes.

Anne Poiret

Anne Poiret

Anne Poiret est journaliste (Prix Albert Londres 2007) diplômé de l’IEP Paris et de l’université de New York. Elle est l'auteur de L'ultime tabou : Femmes pédophiles, Femmes incestueuses (Patrick Robin Editions-2006).

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Atlantico : Quelle est la part des femmes dans les crimes sexuels ?

Anne Poiret : On considère que 3% des personnes incarcérées en France pour crimes et délits sexuels sont des femmes. Cela peut paraître peu mais c'est le pourcentage de femmes également par rapport aux personnes qui purgent une peine pour tout types de crimes et délits confondus.La plupart des femmes incarcérées le sont pour des faits commis avec des hommes. Mais il existe des femmes qui agressent seules. Je me suis intéressée aux agressions sur mineurs ou avec des personnes totalement inconnues des enfants -un cas est très rare mais qui existe.

Pourquoi vous êtes-vous intéressée à ce « tabou » ?

Je crois qu'il est important que ces faits soient portés à l'attention du public car toutes les victimes que j'ai pu rencontrer m'ont confié que durant leur parcours judiciaires, leur parole a été mise en doute. Ce qui tend à minimiser les chiffres car beaucoup de victimes ont été renvoyées chez elles. Car, comme dans des violences masculines d'ailleurs, il faut beaucoup de courage pour les dénoncer. Qui plus est quand vous êtes un enfant et que vous rencontrez des policiers qui vous disent que « ça n'est pas possible, ça n'existe pas. Une mère ne fait pas ça... »

Cela ébranle-t-il le sacro-saint statut de la mère ?

Oui car on voit la femme et la mère forcément comme une bonne mère, inoffensive et protectrice. Or on sait très bien qu'il existe des femmes qui tuent leurs enfants ou qui frappent leurs enfants... La violence peut toucher tout le monde.

La femme est un homme comme tout le monde ?

Ne me faîtes pas dire cela car le phénomène reste ultra-minoritaire chez les femmes. Mais le phénomène existe. Ma volonté était d'attirer l'attention sur un phénomène qui existe. C'est exactement le même phénomène que dans les années 1970-1980 quand des enfants se plaignaient de violences des hommes et qu'on ne les croyait pas et qu'ils étaient très isolés. Cela compliquait tout le parcours de soins...

Quel a été le phénomène révélateur selon vous ?

On a tous été très marqués par le démantèlement d'un réseau de pédophiles dont un tiers étaient des femmes... L'ambivalence étant que les femmes agissaient souvent avec leur mari. Contrainte ou complice, on ne sait pas. J'ai rencontré des femmes en prison qui, effectivement, étaient « forcées » de participer sous une contrainte extrêmement violente. Mais il y a aussi des femmes qui agissent seules. J'en ai rencontrées dans les prisons aux États-Unis où le phénomène est mieux étudié.

Une femme peut violer ?

Oui, le viol se définit par un acte pénétration dans le droit français. Un psychologue de la maison d'arrêt de Toulouse, par exemple, m'a dit qu'il avait vu un cas où la victime avait dû recourir à de la chirurgie réparatrice sur un nourrisson... 

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