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Mélenchon : oui, mais...
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Présidentielle 2012

Ce week-end, à l'occasion d'une conférence nationale, le Parti communiste devrait se ranger derrière Jean-Luc Mélenchon et le soutenir pour la présidentielle 2012. Un ancien socialiste candidat du PCF : la fin d'une époque ? Patrice Bessac, porte-parole du PCF, nuance la portée de l'événement...

Patrice  Bessac

Patrice Bessac

Patrice Bessac, né en 1978, est porte-parole du PCF et membre du conseil régional d’Ile-de-France.

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Atlantico : Jean-Luc Mélenchon va donc être le candidat défendu par les communistes en 2012 ?

Patrice Bessac : L’enjeu de la présidentielle c’est de passer du « je » au « nous », des individus au collectif, d’être capable de mener une campagne présidentielle qui agrège et lutte contre la présidentialisation du régime. Donc un candidat : oui.  Jean-Luc Mélenchon : oui, si les communistes le décident. Mais le plus important c’est d’incarner une volonté collective de faire de la politique. Pas d’avoir un chef.

Est-ce réellement possible dans le système de la Vème République ?

Evidemment, la Vème République force à la personnalisation du pouvoir, mais nous voulons aller vers une VIème République, nous voulons demander la suppression de l’élection du président de la République au suffrage universel direct, pour un système qui arrête la concentration des pouvoirs aux mains d’un seul homme. Il va bien falloir que la politique française se décide à casser le système présidentialiste qui limite la politique au bipartisme, à la « peopolisation » des candidats qui se montrent dans Gala avec chien, femme et enfants, etc.

Jean-Luc Mélenchon c’est le meilleur choix pour les communistes ?

André Chassaigne était un excellent choix. Jean-Luc Mélenchon est aussi une bonne solution. Mais de toute façon, il va falloir qu’il se mette dans des habits collectifs. En clair, jouer perso, ça suffit ! Il faut maintenant former une équipe qui permettra au Front de gauche de changer le fonctionnement de la vie politique.

Et le fait qu’un ancien socialiste représente les communistes, cela ne vous dérange  pas ?

Ca me dérangerait si je pensais que le Parti communiste était en danger et que ses idées ne seront pas représentées. Ce n’est pas le cas. Selon moi, dans la société, l’idée de mise en commun que portent les communistes progresse.

Des accords ont-ils été passés entre le Parti communiste et le Front de Gauche?

Evidemment il y a un accord entre l’élection présidentielle et les législatives. Ca a chauffé. Les discussions ont été difficiles. On a trouvé à un moment donné que les uns et les autres avaient des exigences trop grandes alors que les communistes sont représentés dans tous les départements, qu’en nombre de militants, le PCF pèse 15 fois plus que les autres partenaires… Nous sommes en train d’aboutir. Ca va mieux. C’est la règle des négociations. Au final, nous devrions avoir un bon accord.

Franchement, le Parti communiste n’est-il pas mort ?

J’ai 32 ans, je suis adhérent depuis plus de 12 ans au Parti communiste français et chaque année on me demande si le PCF est mort. 10 000 nouveaux adhérents sont venus nous rejoindre ces trois dernières années (dont 60-70% de moins de trente ans), nous avons obtenus de très bons scores aux élections cantonales pour laquelle nous avons été la deuxième force politique à gauche. Donc je trouve que pour un cadavre, le PCF se porte plutôt bien ! Après, le quant dira-t-on… On ne peut pas empêcher les éditorialistes de dire « si le PCF n’a pas de candidat 100% coco, il est mort », mais bon, les chiens aboient, la caravane passe.

Comment expliquez-vous vos difficultés à capitaliser sur le mouvement des Indignés qui touche la Grèce ou l’Espagne ?

Si vous prenez la peine de lire le manifeste des indignés espagnols, vous verrez que les idées qu’ils défendent sont très proches des idées communistes : c’est un printemps qui touche aux idées de mise en commun et de démocratie vivante.

Toutefois, ce mouvement pose la question du rapport à la politique et c’est vrai qu’il faut que nous trouvions la capacité de faire de la place à ces jeunes qui veulent trouver des lieux de révolte. Ce qui est frappant c’est que le mouvement des indignés et concomitant avec la progression de l’extrême-droite un peu partout en Europe. Cela montre que pour le moment il n’y a pas de solutions politiques qui sont identifiées dans notre camp. Applaudir le mouvement des indignés ne suffit pas. Je crois que les gens en ont ras le bol qu’on passe notre temps à leur expliquer ce qu’ils vivent, à critiquer Nicolas Sarkozy et le capitalisme. Donc le Front de gauche a encore du boulot.

Comment expliquez-vous que l’électorat populaire semble se tourner davantage vers le Front National que vers vous ?

Il y a un dégout qui, comme dans tous les moments de crise, monte contre tout le monde. Et le Parti communisme qui est un vieux parti n’échappe pas à ce ras le bol. Pour le moment nous n’identifions pas assez les solutions pour lutter contre le capitalisme financier. Je pense qu’il faut faire notre révolution en arrêtant de critiquer tout et n’importe quoi et en nous consacrant plutôt sur les solutions à apporter à la crise actuelle. Et puis il faut que le Front de gauche et la Gauche dans son ensemble retrouvent le chemin des cités populaires, du porte-à-porte, des entreprises à 6h du matin,… Il faut sortir de la politique en chambre et des conciliabules pour renouer avec le peuple.

Ça ne serait pas plus simple de changer de nom ? Ca a encore du sens de s’appeler Parti « communiste » aujourd’hui ?

Vous savez, tous les partis communistes qui ont changé de nom, on les appelle les « anciens communistes » ! Ca ne change donc pas grand-chose… Le terme doit être réincarné dans une vision progressiste. Moi, je l’aime ce mot communiste parce qu’il dit que les sociétés et les êtres humains peuvent faire plus en mettant en commun plutôt qu’en se déchirant.

En vérité, tous les « ismes » - socialisme, capitalisme, libéralisme ou communisme – sont peu populaires parce que les gens ne croient plus qu’une rupture politique est possible. Or s’il n’existe pas de pensée organisée, il ne reste plus que du pragmatisme de bas étage ou la pensée marketing de Nicolas Sarkozy qui tape sur les musulmans en cherchant à obtenir l’électorat FN au second tour.

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