Damas, la fin du printemps arabe<!-- --> | Atlantico.fr
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La Syrie est composée approximativement de 85% de musulmans et de 15 % de chrétiens et autres confessions.
La Syrie est composée approximativement de 85% de musulmans et de 15 % de chrétiens et autres confessions.
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Divisions

Impossible de comprendre la quasi guerre civile qui déchire la Syrie sans une petite analyse de ses divisions religieuses. La minorité alaouite n'est pas pressée de partager le pouvoir.

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani est avocat et essayiste, spécialiste du Moyen-Orient. Il tient par ailleurs un blog www.amir-aslani.com, et alimente régulièrement son compte Twitter: @a_amir_aslani.

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S’il est vrai que les différents présidents à vie héréditaires ou monarques des pays arabes ont systématiquement tendance à brandir la menace d’un retour du fanatisme islamique et d’Al-Qaïda pour faire obstacle aux désirs légitimes de changement de leur peuple, le cas syrien est à part. Quiconque veut comprendre ce qui s’y passe ne peut faire l’économie de l’analyse de la sociologie de sa démographie et de l’histoire de l’islamisme qui y a défrayé les chroniques.

Un déséquilibre religieux

La Syrie est composée approximativement de 85 % de musulmans et de 15 % de chrétiens et autres confessions. Parmi la population musulmane majoritaire, 80 % des musulmans sont sunnites alors que la minorité de 20 % est composée principalement de chiites alaouites. C’est à cette dernière communauté qu’appartient le pouvoir syrien. Les alaouites, jusqu’à l’arrivée au pouvoir en 1970 d’Hafez el-Assad étaient des exclus, faisant l’objet de l’ostracisme de la majorité sunnite. A l’instar de la communauté chiite de Bahreïn, celle de Syrie faisait non seulement l’objet de mépris du pouvoir sunnite, se voyant interdire l’accès aux hautes responsabilités de l’Etat et de l’armée mais de surcroît se trouvait globalement prisonnière dans un système d’apartheid de fait. D’ailleurs, en dépit de son existence millénaire dans le pays, elle n’a été reconnue comme une communauté à part entière que grâce au mandat français dans les années 20.

Le poids du passé

Le souvenir de l’ostracisme passé est bien présent chez cette communauté qui n’a nullement envie de revoir les jours de sa subjugation par la majorité sunnite. Le goût amer du passé est bien trop présent pour que les alaouites acceptent le jeu de la démocratie et le retour des sunnites au pouvoir. Le pouvoir alaouite sait également que pour le cas où le pouvoir lui échapperait il risque de subir le même sort que les frères musulmans, lors de  leur révolte de février 1982 qui prit fin suite à l’intervention de l’armée syrienne. En cette année, dans la ville de Hama, 25000 personnes, dont une immense majorité de civils, furent tuées dans un bain de sang.

C’est parce que la minorité au pouvoir garde précieusement le souvenir de 1000 ans d’ostracisme et la crainte d’un retour de bâton de Hama, qu’il est peu probable qu’elle laisse le pouvoir facilement. Par ailleurs, il n’est même pas certain que les pays voisins, amis ou ennemis, aient intérêt au changement. En ce qui concerne Israël, le changement en Syrie entraînera inéluctablement l’arrivée au pouvoir des Frères Musulmans, seul mouvement organisé et qui dispose de la légitimité du sang versé à Hama. Cela voudra dire qu’Israël devra vivre avec un nouveau front d’incertitude au nord qui viendrait s’ajouter à ceux du Liban du Hezbollah et de l‘Egypte en ébullition. Le silence Israélien dans cette crise syrienne est révélateur des craintes de l’Etat Hébreux. Par ailleurs, l’allié historique de la Syrie, l’Iran, ne laissera sûrement pas tomber ce régime chiite. A l’instar des saoudiens au Bahreïn qui y ont déployé leur troupes pour garantir la pérennité du régime sunnite de ce pays, les Iraniens, à leur façon, feront de même afin de soutenir le régime frère et coreligionnaire de la dynastie Assad. A Damas, le « printemps » arabe risque de s’enliser en un automne qui s’éternise.

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