"Concombres tueurs" : l'enquête commence<!-- --> | Atlantico.fr
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La bactérie Escherichia coli entéropathogène.
La bactérie Escherichia coli entéropathogène.
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Crise sanitaire

Selon des analyses publiées ce mardi, la bactérie pathogène qui a déjà fait 16 victimes en Allemagne ne viendrait pas d'Espagne. Le flou entourant l'origine de cette contamination alimentaire handicape lourdement le travail des médecins allemands qui peinent à soigner les patients infectés. Comment peut-on lutter contre cette toxine d'un nouveau genre ?

François Bricaire

François Bricaire

François Bricaire est un médecin. Il est chef du service Maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière de Paris. Il est professeur à l'Université Paris VI-Pierre et Marie Curie.

 

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Atlantico : D’où peut venir cette bactérie ?

François Bricaire : Une chose m’intriguait. Tout était localisé en Allemagne du Nord et aucune contamination n’avait été détectée ailleurs. C’est pourquoi je trouvais l’origine espagnole du phénomène curieuse. Les faits nouveaux laissent supposer que cette Escherichia coli entéropathogène, vient plutôt d’Allemagne. Il reste à déterminer d’où elle vient et comment elle a fait surface. Il faut s’engager sur cette piste-là, plutôt que d’affirmer que ce sont des concombres contaminés en Espagne, transférés ailleurs et qui ont déclenché ce phénomène dans la région d’Hambourg.

Ces bactéries peuvent être présentes dans l’environnement animal et dans les flores digestives en particulier. La piste des bovins est la plus probable. Cela peut venir soit directement de l’animal, soit d’une contamination provoquée par des sels, dans des milieux hydriques par exemple. C’est ainsi qu’une bactérie crée une source de contamination à un endroit donné. Il faut impérativement que les chercheurs, et c’est ce qu’ils sont en train de faire en Allemagne, analysent tout ce qui est possible pour remonter la filière et trouver l’origine de cette  contamination.

Comment lutter contre cette bactérie ?

Toutes les bactéries ont ce qu’on appelle une virulence, un pouvoir pathogène qui peut être différent. Ces bactéries ont des caractères, elles portent en elles des génomes qui provoquent la sécrétion de la toxine. Les traitements sont donc différents. A ma connaissance nous n’avons jamais vu ce genre de colibacille. Ce germe-là est un petit peu différent dans la série des Escherichia coli. Il n’est pas très habituel de le rencontrer. Il faut donc traiter les malades autant que c’est possible, mais ce n’est pas simple. En effet, les antibiotiques ne font pas grand-chose. Ils empêchent la maladie de se multiplier mas ils ne permettent pas de lutter contre la toxine. Une fois que cette dernière est présente dans le corps du malade il n’y a malheureusement pas d’autres possibilités que de faire un traitement symptomatique, c’est-à-dire de lutter contre les différents effets constatés lors de la maladie. Mais il est très difficile de lutter contre la toxine que cette bactérie sécrète, elle est extrêmement agressive. Dans un deuxième temps, pour combattre durablement ce type de bactérie il faut lutter contre la source, c’est pour ça que l’enquête est fondamentale, afin de savoir d’où part cette contamination pour essayer de cerner la bactérie et de pouvoir la stériliser.

Les malades ne sont pas condamnés. Ils vont être pris en charge. Après, ou les malades résistent et réagissent à ces traitements et ils seront en voie de guérison, ou ce n’est pas le cas et il peut y avoir des morts. Tant qu’on ne sait pas d’où vient cette bactérie il faut impérativement respecter les règles d’hygiène, comme se laver les mains. Il faut faire attention à ne pas boire une eau qui n’est pas potable, il faut laver les fruits qu’on va manger. Mais ce ne sont pas des sécurités absolues. Hors de la zone de contamination allemande on peut largement manger des fruits et des légumes. Il ne s’agit pas de pénaliser une filière alimentaire de qualité comme celle que nous avons en France. 

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